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Le CN et le CPKC ont commencé à interrompre leurs livraisons en prévision d’une grève

La Presse Canadienne|Mis à jour il y a 58 minutes

Le CN et le CPKC ont commencé à interrompre leurs livraisons en prévision d’une grève

Le CN a déclaré qu’il prévoyait d’interdire davantage de marchandises cette semaine si aucune entente n’est conclue avec les travailleurs. (Photo: Nathan Denette La Presse Canadienne)

Les deux principales compagnies de chemins de fer du pays commencent à interrompre les livraisons en prévision d’une grève ou d’un lock-out possible la semaine prochaine.

La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) indique dans une note interne obtenue par La Presse Canadienne que la société a commencé à imposer un embargo sur certaines marchandises dangereuses en provenance des États-Unis en prévision d’un arrêt de travail.

Ces marchandises comprennent du chlore pour désinfecter l’eau potable et de l’ammoniac pour les engrais, ainsi que d’autres substances toxiques ou vénéneuses et des matières explosives.

«En l’absence d’une entente de principe en temps opportun ou de renvoi de toutes les questions en suspens à un arbitrage exécutoire avant la menace d’une interruption de travail, des marchandises supplémentaires seront soumises à un embargo», a affirmé mardi l’équipe de négociation du CN dans son message.

Vendredi, la compagnie Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) a déclaré qu’elle interdirait temporairement le trafic de matières dangereuses pour s’assurer qu’aucune d’entre elles ne se retrouve bloquée sur les voies en cas de grève.

Lundi, la société a mis sous embargo tout le fret classé comme toxique ou «présentant des risques d’inhalation» sur son réseau nord-américain, selon un avis aux clients.

«L’objectif opérationnel de CPKC est d’assurer un arrêt sécuritaire et structuré de toutes nos opérations ferroviaires canadiennes», indique la mise à jour, ajoutant que les dirigeants «restent disponibles» pour négocier.

Le CN et le CPKC ont prévenu la semaine dernière qu’ils allaient mettre quelque 9300 ingénieurs, conducteurs et travailleurs de gare de triage et contrôleurs de la circulation ferroviaire en lock-out le 22 août à moins qu’ils ne trouvent un terrain d’entente après l’impasse des négociations sur les horaires et les salaires.

Les expéditeurs affirment qu’un arrêt de travail pourrait paralyser la chaîne d’approvisionnement du pays, interrompre le trafic de marchandises et perturber les industries.

Les biens essentiels à la santé publique ainsi qu’à l’agriculture, aux mines et à la foresterie font généralement partie des produits soumis aux embargos initiaux, a déclaré Bob Masterson, président et chef de la direction de l’Association canadienne de l’industrie de la chimie.

«Lorsqu’on parle de sécurité publique, ce sont les volumes qui vont disparaître en premier», a-t-il affirmé, donnant l’exemple du chlore pour l’eau potable municipale.

«Habituellement, ils ont un approvisionnement d’une semaine et il est renouvelé en permanence. Si nous n’y parvenons pas pendant une semaine et qu’il y a ensuite l’arrêt de travail (…) vous allez commencer à ressentir des effets négatifs.»

Les membres de ce groupe industriel, composé de producteurs de plastiques et de produits chimiques, dépendent du transport ferroviaire pour 80% des 100 milliards $ d’expéditions annuelles du secteur.
La plupart des engrais fabriqués au Canada étant également transportés par train, Fertilisants Canada affirme que la perception de la fiabilité commerciale du pays est incertaine.

«La réputation du Canada a été ternie par les nombreuses perturbations de la chaîne d’approvisionnement au cours de l’histoire récente, a déclaré la présidente de l’association, Karen Proud, dans un communiqué. Cette incertitude donne un avantage à nos concurrents internationaux, comme la Russie et la Chine.»

Les embargos entamés mardi ont un impact sur les produits d’engrais à base d’ammoniac. Le service pour tous les produits commencera également à ralentir trois à cinq jours avant un arrêt de travail et cela prendra trois à cinq jours pour revenir au service normal une fois celui-ci terminé.

Les avertissements de lock-out adressés par les chemins de fer à la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada vendredi dernier sont survenus quelques heures après que le Conseil national du travail a statué qu’un arrêt de travail ne poserait aucun «danger sérieux» pour la santé ou la sécurité publiques, ouvrant la porte à une grève ou à un lock-out à part entière. Si l’un ou l’autre se produit, les employés du CN ou de la CPKC ne seraient pas obligés de continuer à transporter des marchandises.

Le tribunal du travail a ordonné une période de réflexion de 13 jours dans le cadre des deux décisions de vendredi matin, laissant le 22 août comme date la plus proche possible pour une grève ou un lock-out.
Le Business Council of Alberta a exigé mardi une intervention fédérale, faisant écho à un appel lancé la semaine dernière par plus de 70 groupes industriels et 40 chambres de commerce locales.

«Si un arrêt de travail prolongé devait se produire, les répercussions négatives seraient profondes pour tous les Canadiens et durables, et les plus importantes seraient ressenties par les agriculteurs de l’Ouest canadien», a écrit Adam Legge, président du conseil d’affaires de l’Alberta.

«Nous exhortons le gouvernement à prendre immédiatement toutes les mesures nécessaires pour parvenir à une résolution rapide.»

Le ministre du Travail fédéral, Steven MacKinnon, qui a rencontré les représentants des chemins de fer et des syndicats la semaine dernière, a exhorté les deux parties à conclure une entente.

Par Christopher Reynolds