Pour une personne issue de la diversité, il peut être intimidant de se joindre à un conseil d’administration, souvent très homogène sur le plan ethnoculturel. Mais autant pour ces leaders que pour l’organisation qui les recrute, l’expérience comporte de nombreux bienfaits. Deux jeunes administrateurs en témoignent.
Doctorante en sciences humaines appliquées à l’Université de Montréal, Carole Boulebsol s’implique au sein d’organisations communautaires depuis qu’elle a 14 ans. Elle siège aujourd’hui aux conseils d’administration (CA) de Relais-femmes et des Maisons de l’Ancre pour femmes en difficulté, où elle exerce la fonction de présidente.
Cette Française d’origine, installée au Québec depuis une dizaine d’années, suit les traces des modèles inspirants qu’elle a vus à l’œuvre dans les groupes féministes et les groupes de défense des droits. C’est pourquoi elle est heureuse de faire connaître cette expérience en tant qu’ambassadrice au sein du Groupe des Trente.
Créé par Concertation Montréal, le groupe rassemble des leaders issus de la diversité ethnoculturelle qui font partie de CA d’organismes et d’entreprises. Son objectif : diffuser ces expériences afin d’inspirer d’autres personnes d’origines ethnoculturelles variées à s’impliquer dans des CA.
L’ingénieur d’origine iranienne Omid Danesh Shahraki, venu au Québec pour ses études à la maîtrise en génie à l’Université Concordia, fait lui aussi partie du groupe. Dès son arrivée à Montréal, le jeune homme s’est impliqué au sein du Centre d’innovation et d’entrepreneuriat District 3, à Concordia. De 2016 à 2019, il a siégé au Conseil jeunesse de Montréal. Il poursuit depuis son implication auprès des jeunes d’une école secondaire du Plateau comme mentor pour Robotique FIRST Québec.
Il se rappelle son « premier tour de table » à un CA : plus que ses difficultés à s’exprimer en français, il garde surtout en mémoire l’invitation du président à discuter après la séance. « C’était un geste d’une grande générosité qui m’a incité à perfectionner mon français », dit-il.
Pourquoi recruter des personnes de la diversité ?
Bien sûr, il s’agit à la base de refléter notre société plurielle. Mais plus encore, selon les deux ambassadeurs, les immigrants ne craignent ni le changement ni l’innovation. Cette capacité d’adaptation est une compétence clé dans un monde qui change à grande vitesse. « C’est une richesse sociale dont les organisations ne peuvent pas faire l’économie », dit Carole Boulebsol.
Omid Danesh Shahraki ajoute que les candidats issus de la diversité sont motivés par la dimension démocratique des CA. « Plusieurs immigrants quittent leur pays pour avoir accès à des institutions démocratiques plus fortes et ils souhaitent y participer », affirme-t-il.
Selon l’ingénieur, les gens d’affaires soucieux de développer des marchés à l’international gagneraient à s’adjoindre des gens issus de la diversité. « Pour une PME québécoise qui souhaite exporter, c’est un plus d’avoir des gens qui connaissent la culture et parlent la langue des marchés qu’elle cible », dit-il.
La plus-value des activités de gouvernance
Les avantages pour les candidates et candidats sont eux aussi nombreux : occasion d’exercer son leadership et d’accéder à des lieux décisionnels, développement de nouvelles compétences, réseautage et sentiment d’agir pour la communauté, notamment.
« C’est un levier d’intégration pour un immigrant, dit Carole Boulebsol; une bonne manière de comprendre les différentes institutions et la culture professionnelle québécoise. »
« Siéger à un CA est une façon d’accéder et de participer au pouvoir décisionnel », ajoute Omid Danesh Shahraki.
C’est aussi une manière d’oser prendre une place dans la société d’accueil et d’y contribuer. « Ce n’est pas pour les timides ou les égocentriques, prévient toutefois l’ingénieur. Il faut avoir des idées, des compétences, une vision… et vouloir les mettre en œuvre. »