Un nombre croissant de grandes organisations montréalaises recrutent des administratrices et administrateurs d’origines ethnoculturelles diverses dans leur CA. Elles profitent ainsi d’avantages significatifs sur les plans de l’innovation, de la gestion des risques et de la responsabilité sociale. Cathy Wong, présidente du conseil municipal de la Ville de Montréal, et Danielle Fournier, vice-présidente de l’Office municipal d’habitation de Montréal, racontent cette évolution en marche.
Aujourd’hui l’une des représentantes les plus en vue de la diversité ethnoculturelle à Montréal, Cathy Wong est entre autres responsable au conseil municipal de la diversité, de l’inclusion en emploi, de la langue française et de la lutte au racisme et à la discrimination. Née à Montréal de parents vietnamiens, l’élue répète qu’elle est « une enfant de la loi 101 » et que cette intégration en français au Québec lui a été salutaire. Pour elle, s’impliquer dans la société qui a accueilli ses parents a été tout naturel. Mais ce n’est pas une évidence pour tous.
Des efforts nécessaires
« Dans ma jeunesse, je ne connaissais pas une seule personne d’origine asiatique active dans un conseil d’administration ou une grande organisation, raconte-t-elle. J’ai moi-même eu accès à ces expériences quand ont émergé des programmes favorisant spécifiquement la diversité, par exemple à CIBL. Voilà pourquoi ces programmes sont importants ! »
Ses expériences professionnelles le lui confirment : la diversité au sein d’un conseil d’administration (CA) permet de refléter les points de vue d’un maximum de Montréalaises et Montréalais et d’envisager chaque question selon des angles variés, souvent novateurs. « On a besoin de toutes les formes de diversité, mais j’ose affirmer qu’en 2020, il y a une urgence du côté des minorités visibles, qui ont été sous-représentées », mentionne celle qui siège aussi au CA de Concertation Montréal.
Attention : il ne faut pas sélectionner ces candidats seulement pour l’image. « Il m’est souvent arrivé d’être cantonnée au rôle de représentante de la diversité et de ne pas être considérée pour tout ce que je suis, raconte Cathy Wong. Mais aujourd’hui, ce comportement est heureusement en voie de disparition. »
Un succès à l’OMHM
À l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM), les administratrices et administrateurs ont redoublé d’efforts pour diversifier leur CA depuis que la Ville de Montréal, sous Valérie Plante, a décidé en 2017 de faire appel à la banque de candidatures de Concertation Montréal. C’est en explorant ce réseau de leaders que l’organisme a pu ajouter à son équipe d’administrateurs messieurs Hubert M. Makwanda et M’Baye Diagne. « En plus de leur sensibilité et de leur implication au sein des communautés racisées, ils ont des compétences professionnelles complémentaires à celles des autres membres et nous aident à être innovants », selon la vice-présidente de l’OMHM, Danielle Fournier.
Il y avait urgence, reconnaît-elle : « Notre CA était formé majoritairement de personnes blanches d’une même génération. » Pour mieux refléter les locataires habitant les immeubles, qui sont d’origines et d’âges variés, l’OMHM devait agir.
« Notre défi est maintenant d’attirer des femmes, ajoute Danielle Fournier. Notre clientèle est entre autres constituée de mères cheffes de familles monoparentales, un profil qui est peu représenté dans nos instances. Nous voulons en recruter. »
La diversité partout
La Ville de Montréal développe elle aussi le réflexe de recourir à cette banque de candidatures de Concertation Montréal lorsqu’un poste se libère dans une organisation paramunicipale, comme la Société de transport de Montréal ou la Société du parc Jean-Drapeau. « La diversité n’est pas un luxe au sein de ces organismes, elle doit en constituer l’ADN, tranche Cathy Wong. Heureusement, on a développé une expérience permettant de bien intégrer cette diversité. Ce n’était pas le cas dans l’organisation du 375e anniversaire de Montréal, un événement critiqué pour l’image non inclusive de ses premières campagnes promotionnelles. Il y avait pourtant de la diversité au sein du CA, dont je faisais partie. Heureusement, il y a eu amélioration par la suite. »
La morale de l’histoire ? Il faut du temps, de la patience et de l’humilité pour que les effets positifs de la diversité dans les CA se déploient pleinement, mais ceux-ci sont bien réels. On aurait tort de s’en priver.