Les avantages d’un conseil d’administration diversifié
Concertation Montréal|Mis à jour le 12 juin 2024Montréal se veut une ville accueillante et inclusive, mais cette réalité ethnoculturelle n’est pas reflétée dans les conseils d’administration des organisations de la métropole. Pourtant, les entreprises gagneraient à attirer des talents issus de la diversité. Voici pourquoi.
Une étude de la firme McKinsey (2018) révèle que les organisations qui comptent des membres des minorités ethnoculturelles au sein de leur conseil d’administration ou de leur haute direction sont jusqu’à 30 % plus profitables que celles qui n’en ont pas. Même son de cloche du côté des CA et des hautes directions paritaires, qui enregistrent un gain de 20 %.
Les études avancent que ces gains sont obtenus grâce à un meilleur reflet de la société, à la présence d’une multitude de points de vue, à une diversification des talents et à une complémentarité des compétences. En fait, ces CA feraient preuve d’une plus grande créativité, sauraient attirer les investisseurs et s’ouvrir à de nouveaux marchés en plus de prévenir d’éventuels problèmes liés à l’image et à la réputation.
Malgré tous ces bénéfices, les CA montréalais sont loin du compte. Par exemple, alors que les minorités racisées composent plus de 20 % de la population du Grand Montréal, elles ne représentent que 6 % des membres de CA montréalais, selon une étude de l’Université Ryerson. « Heureusement, c’est en train de changer », affirme Oumar Diallo, cadre financier et administrateur à Concertation Montréal et au Port de Montréal. « Il faut faire comprendre aux organisations qu’il est payant d’avoir des cercles décisionnels diversifiés et qu’ils ont des outils pour les aider à bien choisir leurs administratrices et administrateurs », ajoute-t-il.
Des bassins aux mille talents
Des organisations comme Concertation Montréal ou le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec ont créé des banques d’administratrices et d’administrateurs prêts à s’investir dans des activités de gouvernance. « Ces personnes qui veulent faire partie d’un CA ont des expériences professionnelles riches et sont parfaitement capables d’apporter de nouvelles perspectives à une organisation, une entreprise ou une société d’État », croit Oumar Diallo.
Concertation Montréal met de l’avant des modèles de réussite, notamment avec le Groupe des Trente, un regroupement de leaders issus des communautés ethnoculturelles qui a pour but d’en inspirer d’autres. « Le travail de sensibilisation est double : il doit se faire auprès des organisations, qu’elles soient publiques ou privées, et auprès des personnes compétentes qui pourraient vouloir s’engager, explique le président de Concertation Montréal, Richard Deschamps. On organise des activités de réseautage, des ateliers de sensibilisation et de formation. On crée aussi des banques de candidatures dans lesquelles les organisations peuvent puiser. »
La diversité pour le développement
L’impact réel d’une plus grande diversité dans les instances des organisations dépasse largement les murs de la salle d’un CA. « C’est un enjeu de développement régional et de développement économique pour l’ensemble de la ville », affirme Richard Deschamps. « Lorsqu’une diversité des idées est en place, qu’elle favorise des réflexions riches et de meilleures réponses grâce à un éventail plus large de points de vue, les décisions ont des impacts positifs pour toute la communauté montréalaise », précise-t-il.
Avec ses bassins de candidatures compétentes et ses activités de réseautage, le Québec pourrait bien devenir une référence dans la francophonie, selon Oumar Diallo. « Quand on se compare à la France ou à la Belgique, on fait très bonne figure, affirme-t-il. C’est pourquoi organisations et personnes candidates doivent faire connaître leurs besoins, pour les premiers, et leurs talents et compétences, pour les deuxièmes… Le momentum est là, il faut en profiter ! »