Alors que l’importation à meilleur coût auprès de fournisseurs étrangers était souvent la norme par les années passées, voilà que certains facteurs — le différend commercial entre les États-Unis et la Chine, les enjeux liés à la pandémie actuelle et le désir du consommateur d’acheter de façon responsable, notamment — militent pour que les entreprises d’ici achètent auprès de… fournisseurs d’ici. Karine Thibert et Hugues Nantel, de la Banque Nationale, font le point sur l’une des tendances émergentes de l’approvisionnement en entreprise : l’achat local.
L’idée fait son chemin
Il est encore tôt pour tirer des conclusions sur l’essor de l’achat local entre les organisations. Les grandes entreprises n’ont ainsi pas nécessairement renoncé à faire affaire avec leurs fournisseurs habituels, établis à l’étranger. Par contre, de plus petites sociétés n’hésitent déjà plus à faire du commerce entre elles, en mode « B2B » — de l’anglais, business to business — pour favoriser l’achat local. Ce besoin de proximité fait d’ailleurs bien souvent partie de leur culture organisationnelle.
Certaines PME n’ont pas eu le choix de multiplier les sources d’approvisionnement dans les derniers mois en raison du contexte de la pandémie. « Un manufacturier qui ne comptabilise pourtant aucune vente au pays s’approvisionne néanmoins en matières premières dans la région pour mettre la main sur les intrants nécessaires à sa production », explique fièrement Karine Thibert, directrice principale, services aux entreprises, pour illustrer le phénomène.
Un autre client se démarque également à ce chapitre. « Leurs achats de matières premières s’effectuent localement, dans un certain rayon de leur lieu de production. S’ils ne trouvent pas ce qu’ils cherchent dans leur ville, ils élargissent le cercle géographique des fournisseurs disponibles dans la grande région de Montréal », précise-t-elle.
Bien que la notion d’achat local fasse bien souvent référence à l’achat d’un produit par le consommateur final, n’en demeure pas moins que le phénomène prend aussi de l’ampleur au sein de la communauté d’entrepreneurs. « Actuellement, nous n’avons pas nécessairement toute la capacité de production requise au Québec. Le cycle de transition vers l’achat local risque d’être plus long qu’anticipé. Mais la tendance est là pour rester », nuance ainsi Hugues Nantel.
En mode « agile »
Mais qu’est-ce qui poussent ces entrepreneurs à embrasser la tendance « locale » ? « Les acheteurs sont désormais sensibilisés aux possibilités d’une pénurie d’intrants. Les responsables de la chaîne d’approvisionnement doivent donc réduire leur dépendance aux fournisseurs étrangers et regarder un peu plus dans leur propre cour », explique Hugues Nantel.
Dans l’éventualité d’une fermeture des frontières ou d’un pépin dans l’acheminement de la marchandise, l’achat local pourrait ainsi permettre à l’entreprise de bénéficier d’un cycle de production et de vente ininterrompu. La fonction des achats peut donc devenir un élément-clé à l’atteinte d’un avantage concurrentiel !
Karine Thibert constate de son côté que le désir d’entraide prend de l’ampleur. « Un jour, c’est une PME qui en épaule une autre et le lendemain, on assiste au retour de l’ascenseur », ajoute-t-elle. Et si l’on assistait ainsi à une véritable création de richesse locale ? « Tant qu’à réviser votre processus d’approvisionnement, assurez-vous de contribuer à l’essor des entreprises d’ici ! », suggère-t-elle.
Mieux vaut peut-être tisser une relation privilégiée avec les producteurs locaux pour palier la distance géographique qui vous sépare d’un fournisseur établi à l’étranger. « Idéalement, tentez de signer une entente avec plus d’un fournisseur pour un même produit. Dénichez-en un aux États-Unis, un second au Canada et un plus local, dans votre région s’il le faut. Ces derniers pourront prendre le relais en cas d’interruption éventuelle », expliquait d’ailleurs précédemment Bruno Trudel, dans le texte intitulé « 5 commandements pour renforcer votre chaîne d’approvisionnement ».
L’importance du rôle-conseil
Quels que soit votre stratégie d’approvisionnement ou les défis que vous rencontrez à cet égard, rappelez-vous que votre banquier de confiance est un partenaire d’affaires à consulter beau temps, mauvais temps ! Et puisqu’on parle de la notion de « B2B », sachez que votre conseiller de la Banque Nationale est en mesure de faciliter le réseautage au sein de sa propre clientèle. Un client pourrait ainsi aider un autre entrepreneur, au profit de l’économie d’ici !
Votre banquier n’est donc pas qu’un simple fournisseur de produits. « C’est la qualité du rôle-conseil qui nous définit », dit Hugues Nantel. Pour sa collègue, c’est l’importance de l’écoute qui caractérise l’approche de la Banque Nationale. « À chaque cas, une solution personnalisée », conclut-elle.