Au Québec, comme ailleurs dans le monde, le commerce en ligne prend de plus en plus d’importance. Selon les plus récentes données de l’enquête NETendances du CEFRIO sur le sujet, 64 % des adultes québécois ont réalisé personnellement au moins un achat par Internet en 2018 et 47 % des adultes ont fait au moins un achat en ligne par mois. La valeur moyenne provinciale du panier d’achats mensuel était de 293 $. Au total, le CEFRIO estime que l’achat en ligne a représenté 10,5 milliards de dollars au Québec en 2018, en hausse de près de 27 % par rapport à 2017.
Les cybermarchands sont encore peu nombreux au Québec, même si la demande en matière de commerce électronique y est en plein essor. Selon bon nombre d’observateurs de l’industrie, les entreprises québécoises ne semblent pas vouloir suivre cette croissance et demeurent réticentes à vendre en ligne leurs biens ou leurs services aux consommateurs.
Les chiffres du CEFRIO confirment cette réticence. Dans le cadre d’une enquête réalisée en 2017 auprès de fabricants, de grossistes et de détaillants du Québec, seulement 14 % des entreprises ont mentionné vendre en ligne des produits physiques, nécessitant une livraison ou une cueillette en magasin.
Un déséquilibre entre l’offre et la demande qui n’est pas étranger à celui noté en 2015 par l’Institut du Québec alors que les chiffres indiquent que seulement 2,4 % du total de produits et services vendus aux cyberconsommateurs québécois l’était par des cybercommerçants québécois dans le secteur du commerce de détail. Et aujourd’hui, le volume de leurs expéditions liées au commerce électronique demeure faible puisqu’une sur deux entreprises actives en ligne fait moins de cinq expéditions par semaine.
Selon la récente enquête Portrait de la logistique en commerce électronique au Québec, les ventes réalisées en ligne représentent en moyenne 20 % des ventes totales annuelles des entreprises au Québec, un pourcentage qui pourrait passer à 26 % d’ici la fin de l’année. Par le biais de leur propre site Web ou une application mobile, la grande majorité (91 %) de ces entreprises s’adressent surtout, par la vente en ligne, à une clientèle de type « particuliers et ménages », et 72 % des expéditions se font d’ailleurs au Québec.
En comparaison, déjà en 2017, une étude du Crédit Suisse effectuée aux États-Unis prévoyait que la proportion du commerce électronique passerait de 15-20 % à 35-40 % des ventes au détail d’ici dix ans dans ce pays. Aujourd’hui, on annonce que dès 2025, les ventes au détail en ligne devraient y atteindre les 1 000 milliards de dollars. Du même souffle, les experts estiment que 25 % des centres commerciaux américains fermeront boutique.
Au Québec, la proportion du volume de consommation en ligne n’a pas encore atteint celui de nos voisins du Sud, mais les prévisions permettent d’anticiper les mêmes conséquences sur l’armature commerciale québécoise. Ici comme ailleurs, on constate que les lieux du commerce glissent graduellement des zones commerciales vers Internet, et que les entrepôts situés dans les zones industrielles se rapprochent graduellement du domicile du consommateur. Une situation qui illustre l’importance pour l’économie du Québec d’avoir en place les infrastructures nécessaires pour assurer le plein potentiel des entreprises qui miseront sur le cybercommerce pour assurer leur développement.
C’est dans ce contexte que le ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec (MEI) a mandaté le CEFRIO pour identifier les facteurs clés de succès pour améliorer l’efficacité et l’efficience logistique des entreprises québécoises en matière de commerce électronique, et faciliter ainsi leur accès aux marchés étrangers.
Cette composante du commerce électronique est d’autant plus critique dans un environnement d’affaires où l’omniprésence des géants du Web tels qu’Amazon a imposé, ici comme ailleurs dans le monde, de nouveaux standards logistiques. Au Québec, Amazon demeure la première destination des cyberconsommateurs, avec environ 38 % des adultes québécois qui réalisent mensuellement au moins un achat sur ce site.
Pour certaines entreprises québécoises, cette place de marché est devenue un canal de vente mondial important, voire la pierre d’assise d’une stratégie de croissance en ligne. Interrogées par le CEFRIO, 27 % des entreprises répondantes ont mentionné utiliser des sites tiers comme principale plateforme de vente en ligne de leurs produits, et c’est la moitié d’entre elles (49 %), qui le font sur Amazon.
Par ailleurs, Amazon est souvent aussi le principal concurrent des commerçants québécois qui désirent vendre en ligne. Donc, ces entreprises doivent répondre à des normes d’excellence élevées en matière de logistique établies par la multinationale, notamment, pour ce qui est du temps de livraison des expéditions qui ressort nettement comme étant l’enjeu logistique numéro un des entreprises interrogées (88 %), qu’elles soient des détaillants, des grossistes ou des fabricants.
Le dossier que nous vous présentons est le fruit d’observations, de rencontres et de réflexions réalisées avec des joueurs clés du cybercommerce québécois. Nous croyons qu’il aidera les entrepreneurs d’ici à mieux comprendre les enjeux logistiques et commerciaux du commerce en ligne au Québec, et à trouver des solutions efficaces et efficientes lorsqu’ils décideront de franchir le pas vers le marché en ligne.
Le ministère de l’Économie et de l’Innovation, dans le cadre du projet Pôle logistique en commerce électronique, a mandaté le CEFRIO pour identifier les facteurs clés de succès améliorant l’efficacité et l’efficience logistique des entreprises québécoises en matière de commerce électronique, facilitant ainsi leur accès aux marchés étrangers.
Organisme de recherche et d'innovation à but non lucratif, le CEFRIO travaille à l'adoption des usages numériques au Québec depuis plus de 30 ans. Membre de QuébecInnove, le CEFRIO est mandaté par le gouvernement du Québec afin d’agir comme accélérateur de la culture numérique dans les organisations.