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Marie Saint Pierre, entrepreneuse de cœur et d’action

SDC DISTRICT CENTRAL|Mis à jour le 12 juin 2024

Parler du District Central, c’est aussi parler des entrepreneurs qui nourrissent et font avancer ce quartier en plein renouveau. Nous nous sommes entretenus avec Marie Saint Pierre, fondatrice de la célèbre marque de vêtements qui porte son nom. Une femme au cœur de la mode et de l’action.

Vous avez débuté dans la mode il y a plus de 30 ans. Comment expliquez-vous cette longévité dans un univers aussi difficile et compétitif ?

Il est important d’avoir un message précis à faire passer, un point de vue malgré tout. Dans le monde de la mode, les changements rapides, le côté éphémère et saisonnier des tendances, sont souvent interprétés de façon négative. Cela me pousse à être toujours dans la réflexion, à aller de l’avant et à ne pas rester dans le statu quo dans cet univers très concurrentiel. C’est un monde qui demande beaucoup de moyens financiers et humains, où les cycles de la création sont rapides, un peu comme des Olympiques de la création.

J’ai aussi l’avantage d’être à cheval sur deux cultures, européenne et nord-américaine. La première est riche de traditions et de produits de luxe. La seconde apporte un style de vie plus relax, elle a besoin de bouger et de vêtements plus confortables et fonctionnels.

D’où vient votre attirance pour cet univers ?

J’éprouve une véritable passion pour la matière première, qui me stimule. J’aime aussi l’idée de revisiter le luxe, de redéfinir la notion de luxe, de faire évoluer ses codes, et le défi que cela représente. La mode nécessite une remise en question permanente, elle est liée au mode de vie, avec tout ce que cela implique de mouvements et de changements. La notion de respect est également très importante si l’on veut perdurer. Avoir des pratiques respectueuses de l’environnement et du savoir-faire, respecter son client, mais également les différentes chaînes d’approvisionnement, qui sont à la source de notre métier.

Comment êtes-vous devenue une dirigeante ?

Un peu par obligation. J’étais dans un processus d’apprentissage, en quête de savoir. Devenir entrepreneuse m’a permis d’avoir une vision globale de la mode, de son fonctionnement et de ses enjeux, avec une place importante accordée à la communication. On ne communique pas uniquement avec le produit, mais aussi avec les images, une industrie, une clientèle.

Quelles qualités vous ont permis de réussir en tant qu’entrepreneuse ?

J’ai toujours été curieuse, et j’aborde chaque défi comme un apprentissage. J’ajouterai ma curiosité, c’est la base dans ce métier si l’on veut réussir et s’améliorer.

Le succès de la Maison Marie Saint Pierre est aussi une affaire collective. Quel type d’entrepreneuse êtes-vous avec vos collaborateurs et collaboratrices ?

Je suis capable de m’adapter et interagir avec autrui. Pour moi, une entrepreneuse, c’est quelqu’un qui comprend les autres, et surtout ses équipes.

Le 7 septembre dernier, Bianca Andreescu devenait la première joueuse de tennis canadienne à remporter un titre du Grand Chelem. Elle a célébré sa victoire à New York avec une robe de votre marque. Que vous inspire cette victoire en tant que femme et en tant que dirigeante d’une grande entreprise ?

J’ai la chance de travailler avec des femmes qui sont en train de changer le monde, à leur façon, dans leur domaine et à travers leurs activités. Mes vêtements privilégient des femmes d’action, de mouvement. Quand tu portes du Marie Saint Pierre, c’est supposé t’aider à foncer dans la journée, à suivre ton mode de vie. Je conçois des vêtements qui vivent avec la personne. C’est le corps qui donne la forme aux vêtements. Et ce vêtement devient presque une armure.

Avez-vous eu des sources d’inspiration au cours de votre vie ou de votre carrière ?

J’ai envie de citer Madeleine Vionnet, qui a tout changé dans le milieu de la mode. C’est elle qui a inventé la coupe en biais, et donc le mouvement et le confort pour les femmes. J’ai aussi vu défiler beaucoup d’artistes chez mes parents, qui étaient collectionneurs d’art. J’ai passé ma jeunesse à visiter des musées, des galeries. Je le faisais de bon cœur, et aujourd’hui, c’est quelque chose qui continue de me nourrir énormément. J’ai voyagé dans l’univers à travers des yeux d’artistes. Les Japonais ont également apporté une nouvelle vision de la mode dans les années 80. Ils ont défait les codes, l’esthétique et la fonction du vêtement.

Si vous deviez citer un moment marquant pour la Maison Marie Saint Pierre ?

Le prix international Woolmark, obtenu en 1990, a été un élément déclencheur. Je gérais un petit atelier underground et je me suis retrouvée à faire la première page de tous les magazines et journaux à travers le Canada. Cet événement a littéralement marqué le début de la Maison Marie Saint Pierre.

Vous êtes une styliste engagée puisque la Maison Marie Saint Pierre se distingue par sa production 100% locale et éthique. Quels sont les autres combats qui vous touchent ?

Celui des femmes bien entendu, à commencer par l’équité. Mais aussi l’Opération Sous Zéro, que nous avons lancée en 2004, qui procure des vêtements à de nombreux enfants dans le besoin.

Les années 2010 ont été particulièrement riches pour vous, avec notamment l’ouverture en 2015 d’une boutique aux États-Unis et le lancement d’une première collection pour hommes en 2016. Avez-vous d’autres projets pour le futur ?

On est en train de travailler sur nos premiers bureaux à l’étranger. On veut aussi bonifier notre adresse à Miami, avec un showroom et une équipe capable de faire rayonner la marque aux États-Unis, où nous comptons plusieurs points de vente. On veut toucher la clientèle qui nous intéresse en mettant l’accent sur les pop-ups. L’agrandissement de notre usine est un autre de nos projets.

Votre entreprise est basée au District Central. En quoi vous implanter dans ce lieu historique de la mode et du textile à Montréal a-t-il été si important ?

Ça me permet d’être proche de certains fournisseurs, et en même temps de perpétuer la tradition du vêtement liée à la rue Chabanel. C’était aussi une façon de prouver que l’on peut apporter une nouvelle vision à un quartier qui avait mauvaise presse. Je suis ravie d’être à la fois une entrepreneuse et une résidente de ce secteur auquel je crois fermement.

Avec les transformations profondes que le secteur de la mode et du textile a vécues depuis 20 ans, cer-taines entreprises ont disparu, d’autres sont en difficulté et certaines ont réussi à s’adapter et même à croître. Selon vous, quel est l’avenir du textile et de la mode au District Central ?

Je pense que l’industrie de la mode souffre énormément de sa solitude dans l’univers du monde des affaires montréalais. Le District a un potentiel incroyable. Il a la capacité de créer de nouvelles vocations dans le secteur de la mode et contribuer ainsi activement à bâtir des infrastructures dans le milieu de la mode haut de gamme.

Le District Central peut jouer un rôle de rassembleur autour de projets, avec pour fil conducteur le bien-être des gens qui y vivent et y travaillent. J’aime cette vision d’agrégation de milieux différents pour le bien commun.

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La Société de développement commercial District Central est le catalyseur et le porte-voix du monde des affaires d’un quartier universel, underground et urbain. Elle représente la force d’action de 1 800 chefs d’entreprise regroupées pour développer un secteur à haut potentiel économique et humain.