Élaborer un registre des risques éthiques adapté à son organisation
Praxie|Mis à jour le 03 septembre 2024Les pressions de la société, la croissance des exigences des organismes de régulation et surtout l’importance stratégique de bâtir une bonne réputation en matière d’intégrité ont amené plusieurs entreprises à intégrer la dimension éthique dans leur démarche de gestion des risques. Pour ce faire, elles doivent dans un premier temps déterminer quels risques éthiques feront partie de leur registre.
On définit un risque éthique comme le fait qu’un·e représentant·e de l’entreprise (employé·e, membre de la direction et du conseil d’administration) prenne une décision ou pose une action qui est incompatible avec les principes éthiques de l’entreprise. Il n’existe pas « un » risque éthique, mais « des » risques éthiques puisque plusieurs types de situations sont susceptibles de contrevenir à ces principes. La première erreur à éviter est donc de traiter les risques éthiques comme un tout. À titre d’exemple, le conflit d’intérêts est un risque éthique très différent du harcèlement et, donc, ces deux risques doivent être évalués de façon distincte. Face à la multitude de situations incompatibles à l’éthique, comment procéder à un premier tri afin de ne pas se retrouver avec un registre trop volumineux ?
La première étape consiste à confirmer les principes éthiques de l’entreprise. Pour ce faire, il faut bien comprendre le rôle que joue cette dimension dans son succès. Partant du principe que ce succès est dépendant de plusieurs parties prenantes (consommateurs, fournisseurs, travailleurs et plus encore), le principal rôle de l’éthique est d’établir une relation de confiance entre ces acteurs et l’entreprise. C’est dans cet esprit qu’à la suite de l’exercice de planification stratégique, la direction doit déterminer quelles parties prenantes sont particulièrement importantes à la réalisation des objectifs et, surtout, quels sont les principes éthiques auxquels ces acteurs adhèrent. Plus on agira en conformité avec ces principes, plus on développera une relation de confiance entre ces parties prenantes et l’entreprise. On suscitera alors leur essentielle collaboration. L’idée est de s’assurer que les principes éthiques de l’entreprise sont partagés par les parties prenantes stratégiques.
Une fois que les principes sont confirmés, on peut maintenant établir quels risques éthiques seront intégrés au registre des risques de l’entreprise, soit, rappelons-le, les situations qui sont incompatibles avec ces principes. On remarquera que cette démarche priorise l’établissement de la relation de confiance avec les parties prenantes stratégiques de l’entreprise. Cela permet ainsi d’effectuer un premier tri parmi les nombreux risques éthiques qui peuvent survenir en contexte d’entreprise.
On aura vite fait de constater que malgré ce premier effet d’entonnoir, le nombre de risques demeure tout de même considérable. C’est là qu’entre en jeu l’analyse de leur inhérence. C’est en estimant la probabilité que ces risques se réalisent et, le cas échant, en évaluant leurs conséquences qu’on pourra leur accorder une cote d’importance et, ainsi, prioriser leur gestion en fonction du niveau de tolérance au risque de l’entreprise.