Explorer de nouvelles pistes à l’international
Investissement Québec et Aéro Montréal|Mis à jour le 28 juin 2024L’industrie aérospatiale mondiale se remet graduellement des soubresauts entraînés par la pandémie de COVID-19. Dans un tel contexte, se diversifier à l’international, aussi bien en ce qui concerne sa clientèle que son offre de services, est synonyme d’essor, mais aussi de survie dans ce secteur ultra-mondialisé.
Plus de clients pour plus de stabilité
Il est risqué de ne compter que sur un ou deux clients régionaux pour remplir son carnet de commandes, souligne Marie-Ève Jean, vice-présidente, Exportations chez Investissement Québec.
« La capacité de négociation des contrats avec un client est réduite quand il sait qu’une grande partie de votre production lui est destinée », rappelle-t-elle.
Cette dépendance à une poignée de clients peut aussi être néfaste si l’un ou plusieurs d’entre eux sont confrontés à des enjeux financiers, des délais de production ou d’autres aléas cycliques. « Les répercussions se font sentir rapidement dans les autres maillons de la chaîne de production », renchérit Marie-Ève Jean.
Diversifier son bassin de clientèle réduit considérablement ces risques et assure une plus grande stabilité des affaires.
« Si vous dépendez d’un seul client, vous êtes mort, résume pour sa part Guillaume Gasparri, vice-président exécutif au développement des affaires chez Groupe DCM. Si votre principal acheteur vend un de ses programmes à une entreprise qui a déjà ses fournisseurs, vous êtes mort. »
La multinationale établie dans le Grand Montréal compte près de 450 clients à travers le monde, aussi bien de grands fabricants d’avion que des intégrateurs, des sous-traitants ou des compagnies aériennes.
L’union fait la force
L’arrivée de nouveaux fabricants, notamment en Asie du Sud-Est, est une occasion à saisir.
Pour atteindre ces nouveaux marchés, il n’est pas toujours nécessaire d’avoir un pied-à-terre, nuance Marie-Ève Jean, qui propose des alliances avec d’autres entreprises pour augmenter sa force de frappe à l’international.
« Ce n’est pas nécessairement facile de pénétrer un marché en croissance, comme l’Inde, mais c’est possible de trouver un partenaire là-bas pour lequel nos produits sont complémentaires », suggère la vice-présidente.
Les grands constructeurs ont d’ailleurs tout intérêt à soutenir la croissance de leurs petits fournisseurs, estime Guillaume Gasparri, parce qu’ils ne peuvent pas se permettre de ralentir leur imposante chaîne de production. « Ça reste de petites sociétés stratégiques, mais très fragiles, dit-il. Les géants comme Airbus et Boeing l’ont compris : ils les font acheter ou les obligent à fusionner avec d’autres sociétés. Ils alimentent même des fonds pour soutenir [ces opérations]. »
Être polyvalent, c’est gagnant
Le succès de Groupe DCM repose en partie sur la diversification de ses activités. En plus de fabriquer des pièces d’avion et d’offrir un service de réparation et de soudure, la multinationale opère un centre de maintenance à Toulouse, fabrique divers articles d’outillage et conçoit des outils électroniques.
Cette polyvalence fait de l’entreprise un fournisseur de choix pour les géants de l’aéronautique qui souhaitent limiter le nombre de sous-traitants par souci d’efficacité.
« En augmentant la taille critique de l’entreprise, on peut transformer la situation en opportunité, estime Marie-Ève Jean. Plusieurs grands agrégateurs ont décidé de s’installer au Mexique, par exemple. Pour les sous-traitants québécois habitués de leur fournir des pièces, il y a une possibilité de suivre ces clients dans ces nouveaux marchés. »
Il est aussi recommandé de miser sur de nouvelles technologies pour répondre aux besoins spécifiques de clients potentiels.
« Si vous avez développé une technologie que vous êtes le seul au monde à avoir ou si vous êtes aussi le seul à pouvoir la réparer, les clients n’ont pas d’autre choix que de passer par vous », résume Guillaume Gasparri.
C’est sans compter les innovations et les marchés qui ne sont pas développés ou qui n’existent pas encore et pour lesquels le Québec pourra devenir un chef de file, relève Marie-Ève Jean.
« On a un secteur manufacturier qui travaille depuis longtemps avec les grands joueurs [de l’industrie]. On sait construire un avion du début à la toute fin. On a toutes les technologies avec l’intelligence artificielle, et on sait travailler avec de nouveaux matériaux [comme le composite]. Je ne suis pas inquiète qu’on ait notre place sur la scène internationale dans les années à venir. »