D’ici 2030, le Québec devra avoir réduit de 37,5 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Au Canada, on vise une diminution de 40 à 45 % des émissions par rapport au bilan de 2005. Pour les entreprises québécoises du secteur de l’aéronautique, cela signifie d’implanter dès aujourd’hui des changements durables qui leur permettront de consolider leur expertise et de demeurer concurrentielles dans l’écosystème d’affaires de demain.
Ajoutons à cela une gestion axée sur des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG), privilégiée par de nombreux investisseurs et donneurs d’ordre, de même qu’une société plus sensible au sort de la planète, et voilà qu’un défi colossal attend ces entreprises.
Heureusement, elles ne sont pas laissées à elles-mêmes dans cette quête de durabilité : elles peuvent souscrire à l’initiative Éco-Responsabilité, mise en place par Aéro Montréal.
Effet d’entraînement
« L’industrie souhaite être carboneutre d’ici 2050, explique Mélanie Lussier, présidente-directrice générale d’Aéro Montréal. Avec la relance postpandémique, on sent vraiment que les entreprises ont souhaité repartir du bon pied et prendre le virage dès maintenant. »
L’initiative Éco-Responsabilité est soutenue financièrement par Développement économique Canada pour les régions du Québec (DEC). Elle consiste en un accompagnement menant à un diagnostic personnalisé, qui inclut un bilan environnemental et une feuille de route pour atteindre les objectifs identifiés.
Depuis son lancement, en septembre 2022, 14 entreprises l’ont mise en œuvre (initiative écoresponsabilité), indique Mélanie Lussier, et 31 se sont engagées à l’implanter d’ici la fin du mois de mars 2024. Elle espère en recruter 9 autres d’ici la fin de l’année.
« Le fait de voir leurs voisines donner l’exemple, ça motive des entreprises à leur emboîter le pas, constate-t-elle. Au Québec, comme on est un petit milieu, on a intérêt à travailler ensemble. On est vraiment bien positionnés pour prendre les devants et devenir un modèle mondial. »
Certaines entreprises participantes étaient au stade de validation de leur modèle d’affaires avant d’entreprendre la démarche, souligne Mélanie Lussier. « De jeunes pousses sont entrées dans le programme avant d’avoir construit leur usine. Elles ont intégré dès le départ les meilleures pratiques, souligne-t-elle. C’est une manière d’éviter plusieurs risques. »
Enfin, avance la présidente-directrice générale, les entreprises ayant l’environnement à cœur sont plus attrayantes pour les travailleurs. « La main-d’œuvre verbalise ce désir d’être plus consciencieux envers la planète, relève Mélanie Lussier. En contexte de pénurie, les talents vont choisir d’aller là où des efforts sont faits. »
Un diagnostic précis
Tecnickrome Aéronautique est la première entreprise à avoir complété le cycle de qualification de l’initiative Éco-Responsabilité.
L’entreprise montréalaise avait levé la main avec enthousiasme, souligne son directeur général, Marc Montreuil.
« C’était d’abord une initiative personnelle, mais plusieurs membres de l’entreprise y ont rapidement adhéré. Il y a beaucoup à faire : il suffisait d’avoir la volonté de se lancer, même si on ne savait pas par où commencer », relate-t-il.
Le diagnostic réalisé a permis à l’entreprise de réaliser que 97 % de ses émissions de GES (scope 1 et 2) étaient attribuables au chauffage de ses bâtiments, qui se fait au gaz naturel, à raison de 200 000 mètres cubes annuellement. Les 3 % restants touchaient le gaz propane utilisé pour faire fonctionner certains chariots élévateurs. Une partie de la flotte a été remplacée par des modèles électriques.
Des gains insoupçonnés
Le rapport tiré du diagnostic comprenait par ailleurs 48 recommandations, dont plusieurs ont été implantées depuis, générant des gains insoupçonnés pour l’entreprise.
« Ce n’était pas tant pour économiser de l’argent que pour contribuer à aider la planète, mais on a réalisé qu’en remplaçant certains produits par d’autres, moins nocifs pour l’environnement, on diminuait nos coûts », illustre Marc Montreuil.
Le remplacement du système de traitement des eaux de l’entreprise par un autre, plus performant, a aussi amené des gains qui pourront rentabiliser cet investissement en moins d’un an, témoigne le directeur, qui ne saurait assez recommander la démarche à d’autres entreprises.
« L’initiative a été pour nous un succès sur toute la ligne, ajoute Marc Montreuil. Être bien accompagné a fait toute la différence. »
D’autres outils
Si l’initiative Éco-Responsabilité se focalise sur les PME en aérospatiale pour entreprendre ou poursuivre leur virage, il existe aussi d’autres ressources.
On pense notamment à l’initiative Compétivert d’Investissement Québec qui soutient les entreprises dans l’adoption des pratiques écoresponsables et l’intégration des technologies propres. Parmi ses solutions de financement et d’accompagnement, le diagnostic de performance environnemental industrielle – GES permet également une analyse des procédés et processus dans l’objectif de réduire l’empreinte environnementale des entreprises.