Le Canard Goulu : le secret est dans… la conciliation famille-travail!
l’Observatoire des tout-petits|Mis à jour le 12 juin 2024Pour contrer la pénurie de main-d’œuvre et améliorer sa productivité, Le Canard Goulu mise sur le bonheur au boulot. Et la conciliation famille-travail est un ingrédient important pour rendre ses troupes heureuses, estime Sébastien Lesage, président-directeur général du producteur alimentaire de Saint-Apollinaire et lui-même papa de quatre enfants. Regard sur une recette qui fonctionne !
Vous avez participé récemment à une table ronde sur la conciliation famille-travail, tenue par l’Observatoire des tout-petits en partenariat avec Premières en affaires, pour parler de votre vision de la conciliation famille-travail. Comment cette vision se traduit-elle chez Canard Goulu ?
Quand j’ai lancé l’entreprise, en 1997, nous n’étions que deux têtes et quatre bras. Aujourd’hui, nous sommes une quarantaine de personnes, et le rôle de chacun est très important. Tous nos gens ont été formés ici, à la ferme ou à l’usine. Ce sont de véritables artisans, car la plupart des étapes se font à la main. Une majorité de nos employés font partie de l’équipe depuis plus de 10 ans, parfois depuis 15 ou plus. J’ai un grand respect pour eux et ce qu’ils accomplissent, et je veux leur redonner en retour. Aussi, pour conserver leur expertise, l’entreprise doit reconnaître le fait qu’ils ont une vie en dehors du boulot.
Si les employés ont moins de soucis dans leur vie personnelle, ils seront plus positifs et plus performants. D’où l’importance de se montrer accommodant. C’est également pour moi un investissement à long terme, car je veux que mon entreprise perdure. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre, il est difficile de recruter de nouveaux employés. Ces mesures permettent donc de garder nos troupes. Et ça fonctionne ! La preuve en est que certains employés, qui avaient quitté Le Canard Goulu pour de meilleurs salaires, sont ensuite revenus chez nous, à cause de nos bonnes conditions de travail .
Concrètement, comment cela se traduit-il chez Canard Goulu ?
Dans le secteur de l’agroalimentaire, il y a toujours une pression à la baisse sur les prix, de sorte que je ne peux pas offrir les salaires les plus compétitifs au monde. Alors, j’essaie de compenser autrement, en offrant une bonne qualité de vie au travail. Par exemple, plusieurs parents trouvent notre horaire de 7 h 30 à 16 h 30 trop serré. Plutôt que d’arriver avec un peu de retard tous les matins, de se sentir malheureux et de bousculer l’organisation de la journée, on leur propose un horaire allégé, de 8 h à 16 h. Ainsi, ils se sentent moins stressés et, quand ils sont au boulot, ils mettent du cœur à l’ouvrage !
Comme nous travaillons avec des animaux, nous avons des impératifs de production. Il faut donc trouver un équilibre en cherchant des solutions qui sont gagnantes pour tous. Je maintiens un dialogue ouvert avec les employés, peu importe le type de problèmes qu’ils ont, sans jugement.
Comment pouvons-nous agir, collectivement, pour que l’équilibre famille-travail devienne la norme pour les travailleurs, les employeurs et les élus ?
Les modèles d’affaires qu’on met habituellement de l’avant se basent sur des bénéfices toujours plus élevés. Il serait intéressant de plutôt valoriser l’échelle du bonheur. Les mesures favorisant la vie de famille contribuent au bonheur. Encore faudrait-il éduquer nos jeunes et nos futurs entrepreneurs pour les aider à identifier leurs vrais besoins, au lieu de chercher uniquement à être performants. C’est le cas chez nous : on veut que nos employés, nos animaux et nos clients soient respectés et heureux. Par exemple, nous avons revu nos objectifs à la baisse pour éviter de mettre trop de pression sur nos travailleurs. Nous visons plutôt une productivité à long terme, car notre main-d’œuvre est plus importante que la croissance !
Les entreprises ont un rôle important à jouer dans ce changement social, car plus elles seront nombreuses à favoriser la conciliation famille-travail, plus cela deviendra la norme. Il faut donc créer un cercle vertueux, surtout en contexte de pénurie de main-d’œuvre ! Cela devrait être une priorité.
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L’Observatoire des tout-petits souhaite contribuer à placer le développement et le bien-être des enfants au cœur des priorités de la société québécoise. Il regroupe les données les plus rigoureuses concernant les enfants de 0 à 5 ans et suscite le dialogue autour des actions collectives nécessaires.