Quand l’employeur s’occupe des fournitures scolaires
l’Observatoire des tout-petits|Mis à jour le 12 juin 2024Produits de construction Derby, à Saint-Augustin-de-Desmaures, est une entreprise qui a résolument innové en matière de conciliation travail-famille. Elle a lancé une initiative unique en son genre pour les achats de fournitures scolaires des employés, permettant ainsi à ses employés et à leur famille de réaliser des économies d’échelle.
Mélanie Dubé, directrice des ressources humaines de l’entreprise, explique qu’en matière de conciliation travail-famille, chaque petit geste compte.
Selon votre expérience, quelles sont les avancées en matière de conciliation travail-famille au Québec ?
Depuis quelques années, on voit que les entreprises font de plus en plus d’efforts. Les employeurs sont plus ouverts aux accommodements et c’est très bien. Même que le contexte de pénurie de main-d’œuvre pousse les entreprises plus récalcitrantes à s’y mettre pour garder leurs employés. La pénurie, c’est une occasion de s’améliorer et de faire preuve de créativité pour mettre en place des mesures de conciliation. De notre côté, nous n’avons pas attendu la pénurie pour en instaurer quelques-unes, en offrant par exemple des horaires flexibles ou des possibilités de télétravail à nos employés de bureau.
Produits de construction Derby est avant tout une entreprise manufacturière. Certaines mesures, dont le télétravail, ne peuvent pas être offertes aux employés de la production. Quel genre d’accommodements leur proposez-vous ?
Évidemment, pour nos opérateurs de presse à injection ou nos manœuvres qui travaillent sur la ligne de production, le télétravail est impossible. Cela dit, nos horaires rotatifs leur permettent de bénéficier de journées de congé durant la semaine. Nous nous assurons aussi d’établir les horaires jusqu’à un an à l’avance pour leur permettre de s’organiser. De plus, nous autorisons les employés qui le souhaitent à prolonger leurs vacances à leurs frais. Comme beaucoup de nos salariés sont issus de l’immigration, c’est une mesure très appréciée, surtout quand ils vont visiter leur famille dans leur pays d’origine.
Juste avant la rentrée, vous avez proposé à vos employés de combiner les achats des fournitures scolaires, une mesure unique en son genre. En quoi cette initiative consistait-elle exactement ?
Il s’agissait d’une suggestion d’une de nos employées membre du comité social, qui a proposé de rassembler les listes scolaires pour faire des achats groupés. Comme nous avons accès à des prix de gros sur les fournitures de bureau, on a pu économiser temps et argent. Onze familles en ont profité cette année, et nous nous attendons à ce qu’encore plus de gens participent l’année prochaine.
Selon un sondage mené par le Réseau pour un Québec Famille sur la conciliation famille-travail chez les parents québécois, 64 % des parents utilisent des mesures de conciliation seulement quelques fois par année, voire moins. Comment les employeurs peuvent-ils changer les perceptions à cet égard et inciter les parents à se prévaloir des accommodements auxquels ils ont droit ?
Je pense que ça doit venir des gestionnaires et des superviseurs. Pour oser se prévaloir de ces mesures, les parents ne doivent pas sentir de jugement. C’est plus facile quand ils savent que leur superviseur comprend qu’ils n’ont pas le choix, par exemple, d’aller chercher leur petit à la garderie parce qu’il est malade. Mais je dois dire que les choses changent si je compare avec ma propre expérience. Il y a 10 ans, alors que je travaillais pour une autre entreprise, mon supérieur avait noté dans mon évaluation que je m’absentais trop souvent pour mes enfants. Je suis peut-être optimiste, mais j’ai l’impression que les mentalités ont évolué ; je ne verrais pas un superviseur faire un commentaire du genre aujourd’hui.
Ce même sondage révèle que plus de la moitié des parents (62 %) considèrent que la conciliation travail-famille est stressante. Qu’est-ce que les entreprises devraient faire pour diminuer le stress de leurs employés ?
Ce n’est pas toujours possible, mais aménager des horaires flexibles aide beaucoup à réduire le stress. Quand notre enfant a rendez-vous chez le dentiste et qu’on sait qu’on va arriver 2 heures en retard au bureau, c’est rassurant de savoir que notre patron comprend et nous permet de reprendre nos heures comme bon nous semble, que ce soit sur l’heure du lunch ou en finissant de travailler un peu plus tard ce jour-là. C’est une sorte d’entente donnant-donnant qui enlève beaucoup de stress, surtout quand on a des enfants en bas âge. Pour ma part, j’observe une belle évolution. Il faut cesser de faire de la microgestion et de comptabiliser les heures de nos employés. Dans la mesure où le travail est fait, pourquoi surveiller tout le monde ?
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