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Repreneuriat : un criant besoin de relève

Desjardins Entreprises|Mis à jour le 23 octobre 2024

L’économie québécoise est actuellement confrontée à un défi majeur qui ne fera que prendre de l’ampleur au cours des prochaines années. Le Québec est en effet au cœur d’une vague massive de transferts d’entreprises qui, faute de repreneurs, en fait un enjeu de premier plan pour son économie.

« On a un besoin criant de relève entrepreneuriale. Des milliers de propriétaires d’entreprises vont prendre leur retraite au cours des prochaines années et devront alors passer le flambeau. Mais le manque de repreneurs aurait un impact important et risquerait même d’entraîner la fermeture d’entreprises », indique Florence Jean-Jacobs, économiste principale chez Desjardins.
Le manque potentiel d’entrepreneurs prêts à assurer la relève devrait ainsi inciter les dirigeants d’entreprises à préparer cette transition le plus tôt possible.

Des dirigeants vieillissants

Vieillissement de la population oblige, plus du tiers (37 %) des propriétaires-dirigeants ont 55 ans et plus et se rapprochent donc du moment où ils devront céder les rênes de leurs entreprises, estime le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ). Les intentions de transfert s’élevaient déjà à quelque 34 000 entreprises entre 2020 et 2025[1].

En 2021, le Québec a enregistré plus de 8 600 transferts d’entreprises, marquant une hausse significative de 32,1 % par rapport à 2015, indique une étude réalisée en 2024 par l’Observatoire du repreneuriat et du transfert d’entreprise du Québec (ORTEQ)[2]. Or, pour la première fois, le transfert et le rachat d’entreprises dépassaient la création de nouvelles entreprises, marquant un tournant historique pour l’économie québécoise.

Fermetures dentreprises ?

Ce mouvement va s’accélérer, prévient Florence Jean-Jacobs en soulignant que « 6 propriétaires d’entreprises sur 10 au Québec disent avoir l’intention de vendre ou céder leur entreprise dans un horizon de 10 ans, selon l’Indice entrepreneurial québécois »[3].

D’autant que la pandémie, jumelée à la pénurie de main-d’œuvre et aux taux d’intérêts élevés qui ont frappé un grand nombre d’entreprises ces dernières années, ont déjà amené plusieurs propriétaires à vouloir lancer la serviette. Ces facteurs ont du même coup « ralenti l’ardeur de nombreuses personnes qui souhaitaient se lancer en affaires, notamment en faisant l’acquisition d’une entreprise », constate Florence Jean-Jacobs.

Elle constate par ailleurs qu’un certain nombre de jeunes entrepreneurs se regroupent pour acquérir une entreprise, ce qui est une bonne nouvelle en soi, mais qui réduit du même coup le bassin potentiel de repreneurs.

La situation est telle que, faute de relève, la pérennité des entreprises pourrait être en jeu.

Des secteurs plus à risque

Certains secteurs d’activité sont jugés plus à risque, indiquent l’ORTEQ et Statistique Canada. C’est le cas notamment des industries de la construction, du transport et de l’entreposage, de même que du secteur manufacturier, dont un nombre important d’entreprises sont la propriété de dirigeants dont l’âge moyen est élevé.

Quand on sait que le secteur névralgique de la construction est déjà sous haute tension, alors qu’il peine à suffire à la demande pour de nouvelles habitations, « le problème de manque de logements risque donc de s’accentuer si la relève n’est pas au rendez-vous », prévient Florence Jean-Jacobs.

On s’attend aussi à ce que la vente d’entreprises et le manque de repreneurs frappent d’autres domaines d’activité, comme le commerce de gros et de détail, l’hébergement et la restauration ainsi que l’agriculture.

Des régions dévitalisées

Il importe d’autant plus de préserver le bassin d’entreprises au Québec que leur fermeture aurait un impact important sur l’emploi et le développement régional.

« Bon nombre d’entreprises qui risquent de fermer leurs portes sont situées dans des régions qui seront alors confrontées à des enjeux de dévitalisation. La fermeture d’entreprises entraîne aussi des pertes d’emplois et de savoir-faire », souligne Florence Jean-Jacobs.

Si la vente de PME à des entreprises étrangères s’avère une solution de rechange, il peut toutefois en résulter des pertes d’emploi ou un déménagement du siège social.

L’apport des jeunes, des femmes et des immigrants

Desjardins croit d’ailleurs qu’il faut mettre en place des initiatives qui pourraient permettre à davantage de jeunes, de femmes et de nouveaux arrivants au Québec de se lancer en affaires et ce, par l’entremise du repreneuriat.

« Ces groupes seraient sous-représentés dans l’ensemble de la population entrepreneuriale par rapport à leur poids. Il faut donc s’assurer qu’ils ne soient pas mis de côté quand vient le temps de trouver des personnes qui seraient prêtes à prendre la relève », pense Florence Jean-Jacobs.

Desjardins, qui est membre fondateur de l’ORTEQ dont il soutient également financièrement les activités, souhaite ainsi mettre à profit son expertise en matière de transfert d’entreprise. La coopérative financière entend en effet accentuer son accompagnement, tant auprès des cédants que des repreneurs, afin de mieux répondre aux besoins grandissants des entreprises dans la planification d’une relève entrepreneuriale.  


[1] https://ctequebec.com/communiques/creation-de-la-table-nationale-du-repreneuriat/

[2] https://ctequebec.com/wp-content/uploads/2024/05/Etude-nationale-du-repreneuriat-Sommaire-executif.pdf

[3] https://indiceentrepreneurialqc.com/wp-content/uploads/2023/05/IEQ22_vFINAL.pdf

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