Armés pour investir: la recette de Luiz Sauerbronn
Dominique Beauchamp|Édition de la mi‑février 2019N.D.L.R. Dans un marché turbulent et plein d’incertitudes, les fonds ayant une encaisse élevée sont particulièrement bien placés pour acheter des aubaines. Morningstar Canada a recensé pour nous huit fonds d’actions canadiennes dont le trésor de guerre dépasse 14 % du portefeuille. Quatre de leurs gestionnaires ont accepté de partager leurs motivations et leur stratégie.
Pratiquant l’achat systématique de titres sous-évalués, le gestionnaire mondial Brandes laisse parfois l’encaisse augmenter lorsqu’il ne trouve pas chaussure à son pied.
La Bourse canadienne n’est pas particulièrement bon marché, si l’on tient compte du risque que les Canadiens endettés arrivent au bout du rouleau financier et que les prix résidentiels sont encore surévalués, croit Luiz Sauerbronn.
« Le Canada n’a pas encore ressenti l’impact qu’aura immanquablement le resserrement du crédit sur les consommateurs. Aux États-Unis, les ménages ont déjà assaini leur bilan », ajoute-t-il.
Dans ce contexte fragile, le gestionnaire à contrecourant a hâte d’avoir l’occasion d’investir ses liquidités, mais il n’est pas pressé non plus.
Sa démarche exige qu’un titre soit au moins 33 % moins cher que sa valeur intrinsèque, déterminée par plusieurs variables.
Le fonds contient donc plusieurs titres dans l’ombre tels que le fournisseur de spiritueux Corby Spiritueux et vins (CSW.A,18,95 $), l’assureur E-L Financial (ELF, 790,00 $), le spécialiste de la surveillance de réseaux Exfo (EXF, 4,32 $) ou encore le fabricant d’équipements sans fil Sierra Wireless (SW, 20,23 $).
« Au Canada, les aubaines se retrouvent souvent dans les titres à faible capitalisation méconnus ou nichés », soutient le gestionnaire.
Le hic est le peu d’actions en circulation libre, ce qui exige du doigté et de la patience.
Corby est bien gérée et peut offrir une croissance annuelle de plus de 10 % des bénéfices, en plus de dividendes croissants.
« À notre avis, l’évaluation du titre ne reflète pas sa stabilité ni la capacité que lui procurent ses flux de trésorerie excédentaires », explique M. Sauerbronn.
De son côté, E-L Financial, propriété de la famille Jackman, est en quelque sorte devenue une société d’investissement.
« Son titre s’échange à fort rabais par rapport à la valeur de ses placements dans les actions internationales et les fonds à capital fermé », indique le financier.
Le gestionnaire de San Diego a récemment ajouté au placement dans Sierra Wireless, un titre volatil qu’il a transigé fréquemment depuis 2004.
Au cours actuel, le titre est un bon pari sur l’avenir des solutions sans fil pour l’Internet des objets, dans le secteur automobile notamment, estime-t-il.
« C’est un secteur plus risqué, mais son évaluation de 12,5 fois les bénéfices prévus justifie une place en portefeuille », ajoute-t-il.
L’entreprise déplace déjà la production de modems et de routeurs de la Chine au Vietnam pour esquiver les tarifs douaniers.
Exfo croît peu, mais son titre est le moins cher de son industrie. « Il se négocie au rabais par rapport à la valeur de remplacement de ses actifs », fait valoir le financier.
La société contrôlée par Germain Lamonde devra soit gagner en envergure, soit se mettre éventuellement en vente, croit-il.
Le fabricant d’articles pour enfants, de vélos et de meubles Industries Dorel (DII.B, 16,12 $) est un autre titre en portefeuille pour sa valeur cachée.
« L’entreprise familiale n’est pas particulièrement bien gérée et la compétition est féroce, mais ses multiples marques auraient beaucoup plus de valeur dans les mains d’autres gestionnaires », croit-il.
HUIT FONDS D’ACTIONS ARMÉS POUR SAISIR DES OCCASIONS —