D’une pierre deux coups pour l’usine d’insectes d’Entosystem
Emmanuel Martinez|Publié le 26 avril 2022Le président d’Entosystem Cédric Provost a annoncé mardi la création d’une usine d’insectes servant à produire de la nourriture animale et des engrais biologiques à Drummondville. (Photo: courtoisie)
Une usine d’insectes servant à produire de la nourriture animale et des engrais biologiques verra le jour à Drummondville, grâce à un projet d’économie circulaire de 66 millions de dollars d’Entosystem.
La PME de Sherbrooke marque ainsi un grand coup pour commercialiser ses larves de mouches soldats noires. Dans cette installation automatisée de plus de 100 000 pieds carrés qui emploiera 70 personnes, elle estime qu’elle revalorisera 90 000 tonnes de matières organiques annuellement afin de produire 5 000 tonnes de larves protéinées ainsi que 15 000 tonnes d’engrais pour la culture biologique.
«La nourriture de ces mouches provient d’invendus en épicerie comme de fruits, des légumes et des produits de boulangerie, mentionne le président-cofondateur Cédric Provost en entrevue téléphonique. L’avantage de ces insectes, c’est qu’ils mangent des matières organiques humides pour lesquelles il y a peu de débouchés lorsqu’elles commencent à se dégrader.»
Le dirigeant explique qu’une mouche soldat noire pond environ 1000 larves en six jours avant de mourir. Un pour cent des larves sont mis de côté pour créer la prochaine génération qui produira des larves. Très protéinées, ces dernières seront séchées et transformées en farine pour des moulées pour des animaux domestiques et d’élevage. Quant à elles, les déjections des insectes qui consomment 250 tonnes de nourriture en six jours serviront d’engrais biologiques. Entosystem fait donc d’une pierre deux coups. En plus de revaloriser des fruits et des légumes qui étaient destinés à la poubelle, elle crée une protéine à faible impact sur les gaz à effet de serre qui requiert peu d’eau et d’espace, et qui ne génère aucun déchet.
«Pour la nourriture, on vise le créneau des animaux domestiques, il s’agit d’un produit hypoallergène qui est très intéressant pour leurs propriétaires, précise le patron. Et comme fertilisant, avec la pénurie d’engrais biologiques et l’arrêt des importations d’engrais azotés venant de Russie, il y a une forte demande.»
Expansion en vue
Bref, Entosystem, dont un des actionnaires est Sanimax qui se spécialise dans la transformation de restes agroalimentaire, ne manquera pas de débouchés pour ses protéines et ses fertilisants ni de matière première pour en produire compte tenu du gaspillage alimentaire qui prévaut au pays.
«Ce projet, c’est une percée, déclare Cédric Provost. On sera un des leaders mondiaux en matière d’élevages d’insectes. C’est une première usine de plusieurs.»
C’est pour cela que la construction d’une deuxième installation d’ici deux ans est déjà sur la planche à dessin. L’endroit n’est pas encore arrêté, mais «on vise l’international».
La PME compte privilégier un lieu comme Drummondville où l’approvisionnement en matière organique et les ventes du produit fini se font à proximité. Un coup de circuit pour le circuit court!