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BRP: des dirigeants peu encourageants

Jean Gagnon|Publié le 08 Décembre 2023

BOUSSOLE BOURSIÈRE. L'environnement économique actuel n’est pas propice aux dépenses de consommation discrétionnaire.

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Les signes de ralentissement économique au Canada sont certes palpables actuellement, mais l’incertitude subsiste quant à l’ampleur qu’il prendra. Chose certaine, la période n’est pas propice aux dépenses de consommation discrétionnaire. Bombardier Produits récréatifs, ou mieux connu aujourd’hui sous l’acronyme BRP, en subit les conséquences.

La firme a dévoilé la semaine dernière les résultats du 3e trimestre de son année financière 2024, et ceux-ci ont certes déçu les investisseurs, comme en témoigne le cours de l’action qui tomba aussitôt de 95,00$ à 81,00$.

Des revenus de 2,47 milliards de dollars (G$) au 3e trimestre montraient une diminution de 8,9% comparativement au trimestre correspondant de l’année précédente, et étaient bien inférieurs à la prévision du consensus des analystes qui tablaient sur 2,67G$, indique Sabahat Khan, analyste à RBC Marchés des capitaux. Les bénéfices avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ont été quant à eux de 444,9 millions de dollars (M$), soit une baisse de 8,8% sur l’année précédente, note également l’analyste.

Mais là où le bât blesse vraiment, ce sont les commentaires de la direction quant aux perspectives pour le prochain trimestre et surtout pour l’année suivante. «Ces commentaires étaient beaucoup plus négatifs que l’ensemble des analystes, dont nous-même, attendions», écrit Benoit Poirier, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, dans une note à sa clientèle.

La direction de BRP s’attend maintenant à ce que les bénéfices par action dilués pour l’ensemble de l’année 2024, alors qu’il ne reste qu’un trimestre à compléter, se situent entre 11,10$ et 11,35$, alors que la prévision du consensus des analystes antérieure à la divulgation des derniers résultats était de 12,57$. Cela signifie que le BAIIA du 4e trimestre ne sera que de 428M$ alors que les attentes du consensus des analystes étaient de 557M$.

À la suite des commentaires de la direction, Benoit Poirier prévoit que les bénéfices par action pour l’année financière 2025 tomberont à 9,06$. En conséquence, l’analyste charcute son cours cible qui passe de 168,00$ à 117,00$. Dans la même veine, Sabahat Khan diminue le sien qui était de 150,00$ à 115,00$.

 

Un graphique peu encourageant

 

L’image que projette le graphique des fluctuations hebdomadaires des deux dernières années n’a pour sa part rien de rassurant, explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles.

À la suite d’une poussée débutant au 4e trimestre 2022 et se terminant au milieu de l’hiver 2023, le titre passa de 80,00$ à 120,00$. Suivit une correction jusqu’à 95,00$ qui était bien justifiable compte tenu de l’ampleur et de la rapidité de la hausse, note l’analyste. Puis la remontée suivante s’arrêta à nouveau autour de 120,00$, incapable d’excéder le sommet précédent. Le titre se replia à nouveau jusqu’à 95,00$, délimitant ainsi un corridor de fluctuations (lignes pointillées) couvrant la dernière année de négociations. La sortie du corridor par le bas la semaine dernière constitue certainement un facteur négatif pour la suite des choses, craint l’analyste.

Par ailleurs, la chute précipitée des derniers jours a ramené le titre sur le niveau de résistance de 78-82$ (ligne ombragée) qui avait freiné chaque baisse du titre l’année dernière. Souhaitons qu’il puisse freiner également le recul actuel.