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La remontée sera ardue pour Banque Scotia

Jean Gagnon|Publié le 01 Décembre 2023

La remontée sera ardue pour Banque Scotia

(Photo: 123RF)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Tous s’y attendaient. Les résultats des banques à charte canadiennes allaient être mauvais pour le trimestre et pour l’année financière se terminant le 31 octobre. Les raisons étaient nombreuses. Inflation, taux d’intérêt, fin de l’aide gouvernementale dans biens des secteurs… tout pointait vers un ralentissement économique qui réduirait la croissance des prêts et affecterait la qualité du crédit du portefeuille des banques.

La Banque Scotia était la première à divulguer ses résultats le mardi 28 novembre avant l’ouverture des marchés boursiers, et ils furent bien sûr mauvais. Le titre écopa de près de 4,5% dès l’ouverture pour tomber à près de 57 $, lui qui valait encore plus de 70 $ en février dernier.

Après avoir touché près de 55,00 $ à la fin du mois d’octobre, le titre amorçait une belle reprise, aidée bien sûr par un solide rallye de l’ensemble des marchés bousiers nord-américains en novembre, qui le mena jusqu’à 61 $. Mais après avoir plier les genoux avec les résultats, il récupéra jusqu’à 60 $ durant les deux séances suivantes.

Que faut-il surveiller pour les prochains mois? Le graphique des fluctuations du titre depuis deux ans montre de façon non-équivoque qu’il est aux prises avec une forte tendance baissière (flèche bleue). De plus, depuis le début de l’automne, le titre a enfoncé un niveau de support (ligne ombragée rose) se situant entre 62$ et 64$ qui avait su freiner sa baisse pendant un an, souligne Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles. «Pour espérer que la tendance à la baisse du titre soit terminée, il faudra que le titre repasse au-dessus de ce niveau qui constituera dès à présent une résistance qui pourrait s’avérer difficile à franchir», dit-elle.

Mais un point intéressant est que le rebond des deux derniers jours a permis au titre de refermer l’écart qui s’était créé entre le niveau d’ouverture de mardi et la fermeture de la veille (après avoir fermé à 60 $ lundi, le titre amorça les négociations à 56 $ le lendemain matin). «Le fait d’avoir pu refermer rapidement l’écart est certes un fait intéressant qui ranime quelque peu l’espoir», estime l’analyste.

Les résultats incitent à la prudence

Une remontée du titre serait certes intéressante pour tous les investisseurs à travers le Canada. Pour eux, les banques canadiennes sont une composante presque inévitable de leurs portefeuilles comme tenu de leur pondération dans l’ensemble du marché boursier au pays.

Sur la base des profits, les résultats de la Banque Scotia semblent troublants. Les bénéfices par action au dernier trimestre ont totalisé 1,26$ alors que Doug Young, analyste à Valeurs mobilières Desjardins, prévoyait 1,61$, et que le consensus des tablait même sur 1,66$. Il note que les opérations avec les particuliers et les entreprises ont excédé quelque peu les attentes, mais que toutes les autres divisions ont raté les cibles. L’analyste ne suggère pas d’acheter le titre, il recommande simplement de le conserver à ceux qui en détiennent. Il réduit son cours cible sur un an de 64$ à 62$.

Gabriel Dechaine, analyste à la Financière Banque Nationale, semble reconnaître lui aussi que la reprise sera ardue. Le ratio de paiement du dividende est de 60%, et il devrait demeurer à ce niveau pendant un bon moment, souligne-t-il. Les dirigeants de la Scotia vont jusqu’à dire qu’il faudra quelques années avant que ce ratio ne revienne dans la fourchette visée de 40% à 50%. Les hausses de dividende durant cette période seront probablement inexistantes, souligne l’analyste. Il réduit son cours cible, qui passe de 65$ à 60$.

Comme quoi le niveau de résistance cité précédemment pourrait effectivement être bien difficile à franchir.