L’activité boursière des dernières semaines a créé une situation d’où un rallye du père Noël classique peut s’enclencher, selon Ron Meisels, président de Phases & Cycles. (Photo: 123RF)
La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
Souvent, la fin d’année est marquée par un rallye boursier, surtout lors des deux dernières semaines du mois de décembre. Qu’en sera-t-il cette année ? Depuis un mois, les indices boursiers canadiens et américains ont été malmenés dans plusieurs séances de négociations. Qu’est-ce qui cause une telle volatilité ? D’abord, le variant Omicron. Son arrivée laisse craindre que la pandémie soit toujours présente. Le recul des Bourses s’est accéléré dès l’annonce de la découverte des premiers cas. L’importance des mesures aussitôt décrétées par l’Organisation mondiale de la santé, entre autres l’isolement total de l’Afrique australe du reste du monde, montre à quel point l’affaire semble sérieuse.
Ensuite, il y a l’inflation et le changement d’attitude de la Réserve fédérale américaine (Fed) quant à sa recrudescence. La hausse de l’indice des prix à la consommation qui vacille maintenant autour de 5 % ne devait être que temporaire, prétendaient les responsables de la politique monétaire américaine, eux qui anticipaient un retour à la cible de 2 % dans un proche avenir.
Cependant, lors d’un témoignage récent devant le Sénat américain, Jerome Powell, président de la Fed, a admis que l’excédent d’inflation ne s’estompera pas aussi rapidement que prévu.
Il a alors laissé entendre que la Fed pourrait accélérer la diminution de ses rachats mensuels d’obligations. Elle pourrait en avoir terminé avec ces mesures d’assouplissement monétaire dès le printemps plutôt qu’à l’été. Ce qui laissera toute la place à des hausses de taux d’intérêt si l’inflation persiste.
Le variant Omicron et le resserrement monétaire vont-ils compromettre le rallye du père Noël ?
La table est mise
L’activité boursière des dernières semaines a créé une situation d’où un rallye du père Noël classique peut s’enclencher, croit Ron Meisels, président de Phases & Cycles (voir graphiques). La forte poussée du mois d’octobre, qui a culminé au début du mois de novembre, a placé les indices boursiers dans une situation de surachat où ils pouvaient alors devenir facilement la proie d’une correction à la moindre mauvaise nouvelle. «Les craintes inflationnistes et l’arrivée du variant Omicron étaient plus qu’il n’en fallait pour ébranler la confiance des investisseurs», soutient Ron Meisels.
Le mouvement à la baisse qui a suivi a été sérieux, mais il devrait se terminer aux environs de 4500 points pour le S&P 500 et de 20 500 points pour le S&P/TSX, soit une correction d’environ 4,5 % à 5 %, et ce, probablement vers le milieu de décembre selon lui. «À partir de ce moment, les conditions seront favorables à l’arrivée du rallye de fin d’année qui se poursuivra jusqu’au 4 janvier», dit Ron Meisels. De plus, une année comme celle que nous venons de connaître avec des hausses des indices boursiers de plus de 20 % laisse souvent bien des gestionnaires avec des liquidités importantes qu’ils n’ont pas osé déployer, jugeant que les marchés devenaient trop chers. Ils devront à présent faire des modifications à leurs portefeuilles pour présenter une belle image à leur bilan de fin d’année en étant bien investis, explique Ron Meisels. Eux aussi alimenteront le rallye de fin d’année.
Au-delà des problèmes actuels
Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale, demeure confiant que nous connaîtrons une bonne fin d’année. Même qu’un repli des Bourses durant la première moitié du mois de décembre pourrait créer de bonnes occasions d’achat et permettre une fois de plus une reprise intéressante pour le temps des fêtes, selon lui.
Nous n’en sommes pas au premier variant de la COVID-19, note-t-il. «Bien que le variant Omicron soit inquiétant, on verra rapidement la lumière au bout du tunnel, explique-t-il. Déjà, les dirigeants de Pfizer disent pouvoir produire un vaccin d’ici 100 jours si cela s’avère nécessaire.»
Quant à l’inflation, la situation à court terme n’est pas très encourageante, mais il ne faut pas oublier que les Bourses sont des marchés d’anticipation. Dès que les investisseurs reconnaîtront que l’inflation reviendra éventuellement autour de 2 % à 2,5 %, l’effet des premières mesures restrictives de la Fed sur les marchés boursiers devrait se résorber, selon lui. En diminuant plus rapidement ses achats mensuels d’obligations, la Fed se donne plus de marge de manoeuvre. Et rien ne l’empêchera de faire marche arrière si l’impact du nouveau variant devenait plus virulent, croit-il.
L’attitude de Jerome Powell tient aussi du fait qu’il vient d’être reconduit dans ses fonctions pour un nouveau mandat par le président Joe Biden, explique Eric Rosenbaum, éditeur principal à CNBC. Le Congrès aura donc à le confirmer dans ses fonctions. Avant de leur faire face, Powell voulait peut-être se montrer prêt à utiliser la méthode forte pour combattre l’inflation, sachant qu’il pourra toujours revenir à des mesures plus accommodantes si la situation économique se détériorait.