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1,4G$ pour les régions, la part belle au secteur alimentaire

Denis Lalonde|Publié le 21 mars 2023

1,4G$ pour les régions, la part belle au secteur alimentaire

Le montant de 813,1 millions sur cinq ans permettra financer des projets d’investissement en transformation alimentaire et en infrastructure. (Photo: 123RF)

BUDGET DU QUÉBEC. Le cinquième budget du ministre des Finances, Eric Girard, alloue 1,4 milliard de dollars sur cinq ans pour le développement économique des régions du Québec.

La part du lion de l’enveloppe sera allouée à l’essor du secteur bioalimentaire de la province, qui obtient un montant de 813,1 millions de dollars (M$). L’actuelle politique alimentaire du Québec se termine en 2025, mais le budget prévoit déjà des sommes totalisant 615,1M$ pour les trois années suivantes.

Le programme permet entre autres de financer des projets d’investissement en transformation alimentaire et en infrastructure, de soutenir le développement durable du secteur, de même que d’appuyer des projets de recherche et d’innovation et le secteur des pêches et de l’aquaculture.

Le nouveau budget consacre aussi 175M$ de plus à l’accroissement de l’autonomie alimentaire du Québec, notamment en finançant des programmes du ministère de l’Agriculture des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Le Programme Investissement Croissance Durable, dont la mission est d’aider les entreprises à adopter des mesures agroenvironnementales, recevra quant à lui 15M$ sur deux ans. Québec souhaite aussi embaucher plus d’inspecteurs pour accroître les efforts pour s’assurer du bien-être animal dans l’industrie.

 

Poursuivre le développement du Plan Nord

Le premier budget du second mandat de la CAQ prévoit aussi 217,3M$ pour «stimuler la vitalité économique régionale» de la province, dont 90M$ sur cinq ans qui serviront à poursuivre le développement du territoire du Plan Nord, entre autres en améliorant l’accès au territoire nordique et en protégeant les écosystèmes et la diversité.

Cette portion du budget alloue aussi 85,8M$ sur trois ans pour apporter un soutien supplémentaire aux Fonds locaux d’investissement (FLI), à la Fiducie du Chantier de l’économie sociale et aux créneaux et pôles d’excellence.

Les projets économiques seront aussi encouragés à adopter des combustibles propres grâce à une enveloppe de 32 M$ sur trois ans pour favoriser les projets de construction de biogaz et la migration de produits pétroliers vers le gaz naturel liquéfié.

 

153,1M$ pour l’industrie touristique

Eric Girard réserve aussi un montant de 153,1M$ pour soutenir l’industrie touristique, entre autres en allouant de nouveaux montants pour divers programmes et organismes, dont le Programme d’appui au développement des attraits touristiques (PADAT), le Programme d’aide à la relance de l’industrie touristique (PARIT) et l’Alliance de l’industrie touristique du Québec (AITQ).

Québec consacre aussi 15M$ sur trois ans à la mise en place d’une stratégie pour que le Québec attire davantage de tourisme d’affaires.

 

Le secteur forestier récolte 128M$

Estimant que l’industrie forestière constitue un moteur économique important pour plusieurs régions du Québec, Eric Girard accorde 128M$ à son développement, dont la vaste majorité, soit 98M$, sera dédiée à la réalisation de travaux sylvicoles sensés aider à la préservation du patrimoine forestier de la province. Le plan prévoit le renforcement du réseau de production de plants forestiers par les pépinières publiques de la province.

La Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies reçoit quant à elle une enveloppe de 20 M$ sur deux ans pour intensifier la lutte contre la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

 

L’industrie minière reçoit 10M$

Le budget prévoit aussi un budget de 10 M$ sur deux ans pour mettre en valeur les minéraux critiques du sous-sol québécois. Les montants doivent servir à «assurer un développement harmonieux et responsable» de la filière des minéraux critiques et stratégiques et à renouveler le mandat de la Société d’investissement dans la diversification de l’exploration.

Le budget ne contient aucun montant pour favoriser la création de projets de première, deuxième ou troisième transformation de ces minéraux critiques au Québec. «C’est un point pertinent. Le budget vise à couvrir l’ensemble des activités du gouvernement. Le développement dans la filière des minéraux critiques et stratégiques, c’est aussi un travail du ministère des Ressources naturelles et le ministère de l’Économie. On a trois outils, le fiscal, l’aide directe et les fonds d’investissement. Les trois outils sont dans notre coffre à outils pour attirer des projets», a expliqué Eric Girard, pour expliquer sa décision.

Le PDG de la Fédération des chambres de commerce du Québec, Charles Milliard, soutient que l’industrie minière pourra toutefois se rabattre sur le congé fiscal pour grands projets d’investissements, qui représentera un soutien financier de 373 M$ sur cinq ans pour appuyer une centaine de projets de plus de 100M$, ce qui devrait générer des retombées économiques de 24 milliards de dollars pour la province d’ici la fin de 2029.

 

La pénurie de logements et la pénurie de main-d’œuvre demeurent

«Il y a beaucoup d’argent, surtout pour le bioalimentaire, l’industrie forestière et le tourisme. Par contre, on a beau avoir plein de programmes, si personne n’est incité à aller vivre dans les régions, ça ne donnera pas grand-chose», ajoute Charles Milliard.

«Quand on regarde la proposition de valeur d’une région en ce moment, on ne pense pas juste aux emplois et aux salaires, on regarde le taux d’occupation des urgences dans les hôpitaux, est-ce qu’il y a des places dans les services de garde, est-ce qu’il y a des cours de français pour les personnes immigrantes, est-ce qu’il y a des logements? Sur ce dernier point, le ministre a beau dire qu’il investit un milliard de dollars, c’est un recyclage d’annonces. Même après le budget, ça va rester difficile pour une région d’attirer des travailleurs. Si un immigrant entend parler de Rimouski, mais que la ville est aux prises avec un taux d’inoccupation de logements de 0,1%, elle n’ira pas », ajoute-t-il.

François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI, soutient que les régions ont besoin de plus de 18 000 travailleurs. «Les éléments du budget pour favoriser le développement économique des régions sont des pas dans la bonne direction, mais ça ne va qu’accentuer les problèmes de pénurie de main-d’œuvre chez les PME», dit-il.

Même discours du côté de Véronique Proulx, PDG de Manufacturiers et exportateurs du Québec (MEQ). «Nos clients doivent souvent bâtir des maisons pour pouvoir accueillir des travailleurs. Des membres à travers tout le Québec nous en parlent», dit-elle.