L'annonce par Merck des résultats des essais cliniques début octobre avait été saluée comme une étape majeure vers cet objectif. (Photo: 123RF)
Londres — Les premiers comprimés contre la COVID arrivent sur le marché: le Royaume-Uni est devenu jeudi le premier pays à autoriser le molnupiravir, traitement du laboratoire américain Merck considéré comme un outil crucial dans la lutte contre la pandémie.
Alors que l’Europe connaît une vague massive de contaminations, ces pilules qui peuvent être prises avec un simple verre d’eau, en cours d’évaluation dans l’Union européenne, apportent un espoir considérable pour soulager les services hospitaliers pendant l’hiver.
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«C’est un jour historique pour notre pays, car le Royaume-Uni est désormais le premier pays au monde à approuver un antiviral qui peut être pris à la maison contre la COVID-19», a déclaré le ministre de la Santé, Sajid Javid, dans un communiqué. «Cela changera la donne pour les plus vulnérables et les immunodéprimés, qui pourront bientôt recevoir le traitement révolutionnaire».
Commercialisé sous le nom Lagevrio, le molnupiravir a été autorisé par l’agence du médicament britannique, la MHRA, pour une utilisation chez les personnes souffrant de la COVID légère à modérer et présentant au moins un facteur de risque de développer une maladie grave (obésité, plus de 60 ans, diabète, maladies cardiaques).
Les autorités sanitaires recommandent qu’il soit pris «dès que possible après un test positif», a précisé le ministère de la Santé.
Les antiviraux comme le molnupiravir agissent en diminuant la capacité d’un virus à se répliquer, freinant ainsi la maladie.
Leur application peut être double: à la fois, permettre aux personnes déjà atteintes de ne pas souffrir de symptômes graves, mais aussi à celles ayant été en contact rapproché de ne pas développer la maladie.
Administré aux patients dans les jours qui suivent un test positif, le traitement réduit de moitié le risque d’hospitalisation, selon un essai clinique réalisé par Merck, également appelé MSD en dehors des États-Unis.
Pression sur les hôpitaux
Le gouvernement britannique, confronté à des taux de contaminations à la COVID-19 parmi les plus élevés au monde, a annoncé le 20 octobre avoir commandé 480 000 traitements de molnupiravir. Il a aussi signé un contrat pour 250 000 traitements de ritonavir, un autre antiviral du laboratoire américain Pfizer déjà utilisé contre le VIH, dont l’efficacité contre le coronavirus fait l’objet d’essais cliniques.
Ces traitements sont destinés aux patients jugés les plus à risques, afin de réduire la pression sur les hôpitaux qui s’accentue au Royaume-Uni, qui déplore plus de 140 000 morts.
Le pays enregistre un millier d’hospitalisations par jour et plus de 9 000 patients sont actuellement hospitalisés avec la COVID-19. Même si cela reste loin des pics des dernières vagues, cela fait craindre une situation difficile cet hiver.
Approuvé, le molnupiravir représente une avancée majeure en permettant de réduire assez facilement les formes graves de la maladie. Ce type de traitement est recherché depuis le début de la pandémie.
L’annonce par Merck des résultats des essais cliniques début octobre avait été saluée comme une étape majeure vers cet objectif.
Mais les experts ont averti que ce traitement ne constituait pas un remède miracle et qu’il devrait compléter les vaccins, pas les remplacer.
Les autorités de réglementation des médicaments des États-Unis et de l’Union européenne ont entamé une évaluation de ce médicament.
Merck a déjà commencé la production de molnupiravir à grande échelle et prévoit de fabriquer les doses nécessaires pour 10 millions de traitements d’ici la fin de l’année. Et le groupe a déjà passé des accords avec certains gouvernements, dont les États-Unis (1,7 million de traitements) et la France (50 000 doses).
Son prix est élevé, la commande passée par les Etats-Uni représentant 700 dollars par dose.
Merck est également en train de mener un essai clinique distinct pour une deuxième utilisation du traitement, à titre préventif pour les personnes ayant été en contact rapproché avec le virus pour ne pas le développer.
La biotech Atea Pharmaceuticals et le laboratoire Roche évaluent l’efficacité d’un traitement comparable. Enfin, Pfizer met au point un médicament combinant deux molécules, dont le ritonavir.