Refus de se faire vacciner: Dubé parle d’un bris de services
La Presse Canadienne|Publié le 26 août 2021Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a annoncé que la passeport vaccinal entrera en vigueur comme prévu le 1er septembre. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Le refus d’une partie du personnel soignant de se faire vacciner pourrait entraîner un bris de services dans le réseau de la santé, selon le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui dit vouloir tout mettre en œuvre pour éviter ce scénario.
D’où la décision du gouvernement d’imposer la vaccination contre le virus de la COVID-19 au personnel soignant, une position que le ministre a justifiée jeudi en commission parlementaire, en rappelant que plusieurs dizaines de milliers de travailleurs appelés à côtoyer quotidiennement des personnes vulnérables, dans le réseau public et le secteur privé, n’étaient toujours pas vaccinés, rendant chaque jour plus fragile le réseau de la santé.
Une commission parlementaire fait le point jeudi et vendredi sur la décision du gouvernement d’imposer la vaccination, d’ici le 15 octobre, à tout le personnel soignant en contact avec des patients plus de 15 minutes. Elle doit aussi évaluer la pertinence d’élargir cette obligation à d’autres catégories de travailleurs, éventuellement les enseignants et les éducatrices en garderie. Au total, 17 intervenants et experts doivent se prononcer.
Les récalcitrants, qui refuseront le vaccin malgré le décret de Québec, ne pourront plus exercer leurs fonctions, se faisant offrir un congé sans solde d’une durée indéterminée. Et si jamais les récalcitrants demeurent nombreux, l’impact sur le réseau, surtout sur les patients en attente d’une chirurgie, ne tardera pas à se faire sentir, a prévenu le ministre Dubé, adoptant un ton alarmiste.
« La pire nouvelle qu’on pourrait annoncer aux Québécois, c’est que s’il y a beaucoup de personnes du réseau qui s’en vont, c’est qu’on va être obligés de baisser, encore une fois, les chirurgies. C’est ça qui va être notre choix, puis ce n’est pas notre premier choix, et c’est pour ça qu’on donne jusqu’au 15 octobre à nos employés pour le faire », a commenté le ministre Dubé, en réponse aux questions du député solidaire Vincent Marissal.
Au printemps, on comptait pas moins de 140 000 chirurgies ayant dû être reportées en raison de la trop grande pression sur le réseau causée par les patients atteints de COVID-19. Lors des premières vagues de la pandémie, le réseau avait dû à certains moments délester jusqu’à 40 % des chirurgies prévues. « On ne veut pas aller là », a commenté le ministre en mêlée de presse, après son témoignage en commission.
« On l’a vu dans les vagues précédentes, quand on manque de personnel, qu’est-ce qu’on fait? Malheureusement, on coupe dans les chirurgies, on coupe dans des services qui sont essentiels. C’est sûr que s’il y a beaucoup de personnes qui partent, il va y avoir un impact », a-t-il reconnu, accentuant la pression sur les récalcitrants.
Seulement dans le réseau de santé public, on estime que quelque 30 000 travailleurs n’ont toujours pas reçu leurs deux doses de vaccin. Si on ajoute ceux du secteur privé, c’est peut-être 50 000 travailleurs de la santé qui ne sont pas vaccinés. Et un soignant contaminé « peut faire des ravages très importants », rappelle le ministre.
Depuis que le variant Delta s’est installé au Québec, le nombre quotidien d’infections ne cesse d’augmenter, de même que celui des hospitalisations, un phénomène qui risque fort de s’aggraver dès la rentrée scolaire, dans les jours qui viennent, a dit craindre le ministre. « On sait que le mois de septembre va être excessivement difficile » pour le réseau, selon Christian Dubé, qui a qualifié la situation actuelle de « très préoccupante ».
Au plus fort de la pandémie, l’an dernier, le réseau de la santé avait dû certains jours se passer de 12 000 employés, qui manquaient à l’appel, pour toutes sortes de raisons. Actuellement, la situation est moins dramatique, mais on évalue que plus de 2500 employés sont absents du travail en lien avec la COVID-19, dont plus de 130 parce qu’ils ont contracté le virus et plus de 1500 placés en retrait préventif.
Arruda: au tour des enfants
De son côté, le directeur national de la santé publique, le Dr Horacio Arruda, s’est montré sûr de pouvoir vacciner les enfants de 0 à 12 ans à court terme. Il n’existe pas de vaccin homologué et conçu pour eux actuellement. Le vaccin actuel est réservé aux 12 ans et plus.
Questionné en commission à savoir comment il espérait faire en sorte que 95 % de la population soit vaccinée, seuil qu’il a fixé pour atteindre une immunité collective, le Dr Arruda a dit miser sur les enfants.
Selon lui, ce n’est plus qu’une question de mois avant que le vaccin contre la COVID-19 soit adapté aux tout-petits et aux 5-11 ans.
« La vaccination des tout-petits, des 5 à 11 ans, et éventuellement des plus petits, va nous amener à ce moment-là à des niveaux d’immunité collective qui vont probablement empêcher le virus » de se propager, a fait valoir le médecin, en réponse aux questions de la députée libérale Marie Montpetit.
Il a ajouté que selon ses informations un vaccin homologué pour les enfants de 5 à 11 ans devrait être disponible dès le mois d’octobre et celui pour les tout-petits (0 à 4 ans) en janvier.
La santé publique est d’ailleurs déjà en contact avec le réseau scolaire pour planifier la vaccination des enfants, a-t-il précisé.
Au sujet de la pertinence d’imposer la vaccination aux enseignants et au personnel du réseau scolaire, le Dr Arruda a affirmé qu’on « n’est pas rendus là ».