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Une facture de 600 M$ pour l’aide prolongée aux entreprises

La Presse Canadienne|Publié le 08 juillet 2021

Une facture de 600 M$ pour l’aide prolongée aux entreprises

(Photo: Getty Images)

Le directeur parlementaire du budget affirme que la prolongation d’une mesure pandémique conçue pour éviter les mises à pied temporaires dans les entreprises coûtera au Trésor fédéral près de 600 millions $ sur trois ans.

Les deux tiers de ces dépenses supplémentaires, soit environ 404 millions $, seront faits au cours de l’exercice actuel, selon l’estimation publiée jeudi par le bureau du Directeur parlementaire du budget (DPB). Pour les deux exercices suivants, le DPB prévoit des dépenses de 174 millions $ et 15 millions $.

Dès le début de la pandémie, en mars 2020, le gouvernement fédéral avait apporté des améliorations temporaires au programme de Travail partagé, qui offre un complément d’assurance-emploi aux travailleurs qui réduisent leurs heures pour éviter les mises à pied dans leur entreprise. Ces améliorations temporaires, d’abord en vigueur jusqu’au 26 septembre 2021, ont été prolongées d’une autre année depuis.

Les dépenses supplémentaires de près de 600 millions $ couvriront cette prolongation d’un an des dispositions visant à faciliter l’accès au programme de Travail partagé.

Les améliorations signifient que les ententes de partage du travail dans les entreprises, qui pouvaient s’étendre jusqu’à 38 semaines avant la pandémie, peuvent durer maintenant jusqu’à 76 semaines.

Les améliorations temporaires éliminent aussi la période de « réflexion » obligatoire pour les entreprises qui se sont déjà prévalues du programme de Travail partagé. Les critères d’admissibilité au programme fédéral sont aussi élargis.

Le rapport du directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, indique que la prolongation de ces améliorations temporaires fera passer le coût des prestations cette année de 512 millions $ à 882 millions $. Sur une période de trois ans, cette enveloppe passera de 643 millions $ à près de 1,2 milliard $.

Mais le bureau du DPB souligne que ces chiffres pourraient changer en fonction du temps qu’il faudra au marché du travail canadien pour se remettre de la chute historique de l’emploi l’année dernière.

En règle générale, le programme de Travail partagé suit les aléas de l’économie, ce qui signifie qu’une reprise plus prolongée du marché du travail augmenterait le nombre de travailleurs et d’entreprises qui demandent cette aide fédérale.

 

Au-delà du secteur manufacturier

Dans des documents budgétaires d’avril, on notait comment l’utilisation de ce programme de Travail partagé avait été populaire au cours de la dernière année bien au-delà du secteur manufacturier, pour s’étendre à des secteurs comme les services professionnels, scientifiques et techniques, qui incluent des professions telles que les comptables, les ingénieurs et les chercheurs.

Statistique Canada publiera vendredi les chiffres de l’emploi pour juin, après deux mois de pertes d’emplois en avril et mai, alors que les entreprises licenciaient du personnel lors des reconfinements de la troisième vague.

Le Canada comptait en mai environ 571 100 emplois de moins qu’avant la pandémie en février 2020, soit 3 %, mais Statistique Canada a estimé que l’écart réel pourrait être plus important lorsqu’on tiendra compte de la croissance démographique pendant la pandémie : cet « écart pandémique » serait plutôt de 763 000 emplois, ou 3,9 %.

Le budget fédéral d’avril a estimé que le Canada comblerait ce premier écart d’ici l’été, mais le deuxième, plus important, ne serait comblé que d’ici le début de l’année prochaine.

Des économistes s’attendent à ce que le rapport sur l’emploi de juin montre une augmentation, alors que les déconfinements se poursuivent à l’échelle du pays. Pendant que les taux de vaccination augmentent et que davantage de secteurs de l’économie rouvrent, on envisage même une certaine vague d’embauches pendant l’été.

Alors que les conditions s’améliorent, Ottawa a commencé à réduire le montant des subventions aux salaires et aux loyers pour les entreprises, ainsi que les prestations aux travailleurs les plus durement touchés par la pandémie. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), qui représente des milliers de PME, demande toutefois au gouvernement de continuer à aider les entreprises jusqu’à ce que l’économie et la frontière soient complètement rouvertes.

« Des dizaines de milliers de PME sont toujours partiellement ou complètement fermées en raison des mesures de confinement, et le niveau des ventes demeure modeste », souligne dans un communiqué Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI. Il est trop tôt pour supprimer les aides gouvernementales parce que cela risque d’entraver la relance des PME. »