Les services d’Uni-Recycle sont gratuits, tant pour les entreprises que pour les citoyens. (Photo: 123RF)
DÉVELOPPEMENT DURABLE. Uni-Recycle veille au recyclage et à la revalorisation de matériel informatique à Trois-Rivières. Six ans après son ouverture, en 2016, l’entreprise a multiplié par cinq son nombre d’employés, en plus d’intégrer plusieurs pratiques de développement durable à sa culture d’entreprise. Le tout lui permet aujourd’hui d’être plus compétitif.
Alors qu’il était directeur dans une compagnie informatique, Philippe Gignac a constaté que ce milieu faisait face à un problème de recyclage. Avec un associé, Mikee Gervais, il a alors eu l’idée de créer Uni-Recycle. «On a commencé dans un simple conteneur maritime, sans électricité», se rappelle celui qui occupe le poste de directeur général. L’entreprise récupère manettes de jeux, télécommandes, photocopieurs, ordinateurs… Tant qu’il s’agit d’un appareil «qui se branche dans le mur ou qui est alimenté par des batteries». «On ne veut pas mettre trop de restrictions sur ce qu’on reprend, précise-t-il. On veut que ce soit simple pour la personne qui veut recycler.»
Uni-Recycle vise notamment les entreprises qui produisent beaucoup de déchets informatiques. Toutefois, désireux d’inciter toujours plus de gens à recycler, il a toujours laissé la porte ouverte aux citoyens. «Ils peuvent venir déposer leurs objets directement dans notre entrepôt, explique-t-il. On a aussi des partenaires qui acceptent pour nous à Montréal, par exemple».
Les services d’Uni-Recycle sont gratuits, tant pour les entreprises que pour les citoyens. Leur popularité est telle que l’entreprise est passée de 5 employés à bientôt 27 et que son bureau-entrepôt atteint aujourd’hui 20 000 pieds carrés.
Évoluer plus vert
En mettant sur pied Uni-Recycle, messieurs Gignac et Gervais souhaitaient «avoir un grand impact sur l’environnement».
«D’emblée, on a pensé au développement durable pour notre entreprise, assure Philippe Gignac. Pour nous, c’est un devoir de chaque humain de faire attention à l’environnement. On doit être responsable et avoir un impact positif, c’est primordial.» Depuis 2016, les deux cofondateurs ont notamment planté des arbres chez divers clients, sur leur propre terrain et sur ceux de l’Université du Québec à Trois-Rivières. À date, un millier ont été mis en terre, mais leur objectif pour 2022 est d’atteindre les 10 000 végétaux plantés.
L’année dernière, la PME a engagé un responsable de la qualité et de l’environnement, Gabriel Hubert, notamment chargé de conformer Uni-Reycle au système ISO, des normes reconnues internationalement qui intègrent notamment le développement durable. «ISO 14001 certifie que la société réduit au maximum son impact sur l’environnement», souligne Gabriel Hubert. En collaboration avec l’équipe, il a couché sur papier toutes les pratiques de l’entreprise. Ensuite, ils ont décidé ce qui pouvait être amélioré. «Mon but est de m’assurer que les normes ISO soient respectées», ajoute le responsable. Concrètement, cela a donné lieu à davantage de sensibilisation du personnel.
La norme ISO 14001 exige aussi des démarches écoresponsables lors d’événements exceptionnels. «Si un de nos camions a un accident sur la route et qu’il y a déversement d’huile, on a des kits pour conserver cette huile afin qu’elle ne finisse pas dans l’eau», détaille-t-il.
L’acquisition d’une presse à carton s’est aussi avérée un atout. «On récupère beaucoup de cartons et auparavant, on l’envoyait directement au recyclage, mais on s’est rendu compte que ce n’était finalement pas vraiment recyclé, explique responsable de la qualité et de l’environnement. Maintenant, on presse nous-mêmes nos cartons, on en fait des gros ballots et comme ça, on est sûr que ça se sera recyclé.»
Uni-Recycle vient également tout juste de se doter du logiciel Blanco, qui s’ajoute à Salesforce. «Ces logiciels nous permettent d’être plus efficaces et rapides autant pour les collectes que pour la revalorisation des équipements ou l’effacement des données», explique Philippe Gignac. En effet, Uni-Recycle valorise désormais davantage la revalorisation et la réutilisation du matériel, plutôt que son recyclage. «En redonnant une deuxième vie, ou en faisant des efforts pour y arriver, on reporte la fin de vie de l’appareil, ainsi que la pollution liée à l’achat d’un neuf», souligne-t-il.
Retombées et reconnaissances
En 2021, la Ville de Trois-Rivières a souligné les efforts déployés par Uni-Recycle en lui octroyant sa certification en développement durable. «Notre objectif est de souligner les bons coups et d’encourager les entreprises à intégrer des pratiques durables», précise Cindy Provencher, directrice générale de la Fondation Trois-Rivières durable, qui gère cette certification.
«Si on pense à l’argent on premier, l’environnement n’est pas toujours un choix qui a du sens ; pourtant, c’est payant avec le temps», assure Philippe Gignac. Uni-Recycle affiche d’ailleurs une croissance exponentielle. «L’an dernier, on a fait 250% de notre chiffre d’affaires de l’année précédente. Chaque année, on multiplie notre croissance par deux ou par trois!»
L’objectif de la PME est de recycler 1% des déchets électroniques de l’Amérique du Nord d’ici 2030, soit 83 000 tonnes de matériel. Financièrement autonome depuis les débuts, Uni-Recycle a d’ailleurs récemment reçu un financement destiné à l’acquisition d’équipements leur permettant d’offrir des services de calibre mondial. «Avant, on n’avait que des fins de non-recevoir, mais maintenant les institutions financières s’intéressent à nous, constate le directeur général. Être écoresponsable, ça paye!»