Les travaux de restauration de murs de brique causent une masse imposante de déchets, car le nettoyage de la brique est long et coûteux. (Photo: courtoisie)
Un entrepreneur québécois de la construction a réussi l’exploit de réduire l’empreinte écologique de ses chantiers tout en augmentant l’efficacité du travail accompli. Pour y arriver, il a fait inventer la première machine du monde qui sert à recycler la brique.
Tommy Bouillon, président de Maçonnerie Gratton, en avait assez de voir les conteneurs de ses chantiers remplis de briques alors qu’il savait très bien qu’elles étaient récupérables.
«La brique est pratiquement toujours en bon état. Le problème, c’est l’ancrage qui tient la brique à la structure de la maison qui rouille. C’est moins long de tout jeter et de recommencer à neuf», explique M. Bouillon en entretien téléphonique avec Les Affaires.
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Traditionnellement, la seule méthode de nettoyage qui existe est par impacts, une pratique fastidieuse qui entraîne des pertes. Pour aller plus vite, les briques sont généralement jetées puis remplacées par des neuves. «[Le nettoyage par impacts], ça peut fonctionner pour une réparation mineure, mais pour un mur complet, personne ne fait ça. C’est trop long et trop cher», souligne l’entrepreneur.
Le secteur de la construction constitue une part importante de l’équation en ce qui a trait à la réduction des déchets. En effet, il produit 41% de tous les déchets aux Québec.
Mû par le désir de changer les choses, Tommy Bouillon s’est entouré de partenaires pour inventer une machine qui pourrait permettre la réutilisation des briques. La machine «brique recyc» est portative, simple à utiliser et raccourcit la durée des travaux. La totalité de la brique est ainsi réutilisée.
Tommy Bouillon, président de Maçonnerie Gratton (Photo: courtoisie)
Économie circulaire
Maçonnerie Gratton estime que sa machine permet d’éviter l’émission de 5,9 tonnes de gaz carbonique par 1 000 pieds carrés de mur de briques réutilisées.
La fabrication, le transport, la construction et l’élimination des briques sont compris dans ce calcul. Aucune brique n’est fabriquée au Québec depuis 2016, car il n’y a plus d’usine qui en produit. Tous les matériaux neufs proviennent des États-Unis ou de l’Ontario.
Étant donné que l’entreprise réalise en moyenne 500 chantiers annuellement, leur invention permettra à terme d’éviter une pollution équivalant aux émissions annuelles de 750 voitures à essence.
Potentiel de croissance
Maçonnerie Gratton ne possède qu’une seule machine pour l’instant, mais l’entreprise compte en produire d’autres cet automne et en 2022 pour ses chantiers et, éventuellement, afin d’en vendre à d’autres entreprises de la construction.
«J’ai espoir que ça pourra aller très loin, dit-il. Chaque entreprise a le pouvoir de changer les choses.»
«Ça prend une énorme gang qui croit au projet [pour réussir]. Sans eux, j’aurais abandonné», confie Tommy Bouillon, remerciant au passage ses partenaires, dont ALCO, PME MTL, le Programme d’aide à la recherche industrielle du Conseil national de recherches du Canada et Recyc-Québec, entre autres.