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Singh veut séduire l’électorat québécois en début de campagne

La Presse Canadienne|Publié le 16 août 2021

Singh veut séduire l’électorat québécois en début de campagne

(Photo : La Presse Canadienne)

Le chef néo−démocrate Jagmeet Singh a lancé dimanche sa campagne électorale au Québec cherchant à séduire un électorat qui lui avait presque complètement échappé en 2019.

De passage à Montréal où il a participé au défilé de la Fierté, M. Singh dit vouloir montrer aux Québécois jusqu’à quel point le NPD s’est battu pour eux pendant la pandémie.

«Beaucoup de gens posent d’excellentes questions. Nous pouvons y répondre et fournir plus d’informations. Je suis convaincu que les Canadiens et les Québécois, tous peuvent faire leur part [si le gouvernement était] plus transparent», a-t-il lancé aux journalistes.

La veille, des milliers de Québécois ont défilé samedi dans les rues de Montréal pour dénoncer le projet du gouvernement Legault d’imposer un passeport vaccinal COVID−19. Ils ont exprimé leur méfiance, non seulement envers M. Legault, mais aussi envers le gouvernement fédéral et Justin Trudeau.

Selon M. Singh, il est important que les gens aient confiance aux décisions du gouvernement fédéral. Son objectif, a-t-il souligné, est de rétablir cette confiance.

«Une des choses les plus importantes que nous puissions faire est d’être transparents, de donner des preuves claires, des raisons claires pour nos décisions», a-t-il dit avant de présenter l’une de ses candidates, Nimâ Machouf.

Mme Machouf, qui se présente dans Laurier−Sainte−Marie, juge que la décision de mener une campagne électorale en pleine pandémie est «irresponsable». En entrevue à La Presse Canadienne, elle a souligné que pour améliorer la confiance de la population envers le gouvernement, l’éducation et la transparence étaient des éléments clés.

«Nous devons expliquer aux gens pourquoi nous avons besoin de la vaccination, pourquoi nous avons besoin de mesures pour sortir de la pandémie. Quand les mesures ne sont pas claires et logiques, les gens arrêtent de les suivre.»

Des élections «égoïstes»

Jagmeet Singh a reproché à Justin Trudeau d’avoir déclenché des élections anticipées «égoïstes», tout en réitérant son habituel engagement à se battre pour les travailleurs et à taxer les ultra−riches.

Selon lui, la décision du chef libéral d’opter pour une campagne en pleine pandémie démontre qu’il ne veut pas tenir ses promesses. Ce sont les Canadiens qui vont en payer le prix, dit M. Singh.

«Même si la situation est en train de s’aggraver, Justin Trudeau choisit de se concentrer sur des élections, a déclaré M. Singh. Nous sommes toujours dans une pandémie et cela nous inquiète. Certains disent que nous sommes tous dans le même bateau, mais ce n’est pas vrai. Nous avons affronté la même tempête, mais certains ont pu naviguer dans des yachts de luxe et d’autres sur des canots de sauvetage.»

M. Singh croit que M. Trudeau aurait dû se concentrer plutôt sur des sujets plus urgents, comme le retour probable au pouvoir des talibans en Afghanistan, la quatrième vague de COVID−19 et la crise climatique.

Il a lancé sa campagne dans le parc Lafontaine. Il était accompagné par sa femme, le chef adjoint Alexandre Boulerice, d’autres candidats néo−démocrates et des membres de l’aile jeunesse québécoise du parti.

M. Singh s’est engagé à se battre pour les travailleurs, soulignant qu’il ferait payer «leur juste part» aux grandes corporations. Il veut que la reprise post−pandémie soit juste pour tout le monde.

Il a rappelé que les Canadiens n’ont jamais fait face à de plus grands défis, énumérant le réchauffement climatique, un marché immobilier en folie, les soins de santé pour les aînés, les difficultés à trouver un emploi pour nourrir sa famille.

Selon M. Boulerice, la décision de Singh de lancer la campagne à Montréal démontre à quel point le Québec est important pour le parti. Le député de Rosemont−La−Petite−Patrie juge que ces élections n’étaient pas souhaitées par l’ensemble des Québécois.

«Profitons du sentiment de frustration et de colère et faisons en sorte que les libéraux en paient le prix, a-t-il lancé. Nous devons empêcher les libéraux d’avoir la majorité et nous devons envoyer le message suivant : nous allons élire des gens qui vont se battre pour tout le monde.»

Le politologue de l’Université McGill Daniel Béland a souligné l’importance de réélire Alexandre Boulerice pour le parti, soulignant que le NPD ne peut se permettre de perdre son seul siège dans la province.

«Au Québec, pour le NPD, il s’agit vraiment de reconstruire le parti», a déclaré Daniel Béland, directeur de l’Institut d’études canadiennes de McGill. «Le plus important est de s’assurer qu’Alexandre Boulerice soit réélu.»

«Boulerice a de bonnes chances d’être réélu et c’est un aspect clé. Il a beaucoup de soutien. Au−delà de cela, gagner de nouveaux sièges au Québec est une bataille difficile.»

M. Béland a expliqué que le NPD avait perdu un bon nombre de sièges lors des élections de 2019 après avoir refusé de prendre une position forte et claire quant à son intervention dans le projet de loi 21.

«Cela pourrait faire un retour dans la campagne électorale s’il y a quelque chose qui déclenche la conversation», a déclaré le professeur Béland. «Si ce n’est pas le cas, c’est bon pour les libéraux et le NPD qui ne veulent pas parler de la question. Cela crée beaucoup de divisions.»

La popularité de Jagmeet Singh auprès des jeunes pourrait l’aider à attirer l’attention au Québec, où il n’y a autrement pas beaucoup de place pour son parti, a déclaré Daniel Béland.

«Le NPD espère stimuler une plus grande participation électorale au Québec et si les jeunes vont voter, c’est mieux pour le NPD que pour les conservateurs dont la base est plus âgée», a-t-il déclaré.

Daniel Béland a déclaré que l’accent mis par le NPD sur l’environnement est quelque chose qui pourrait aider au Québec.

«Le Québec est une province où il y a un intérêt pour les politiques environnementales en matière de changement climatique», a déclaré le professeur Béland, ajoutant qu’il y avait des électeurs mécontents de la politique libérale sur les pipelines.