Le concept de Cano est simple: offrir gratuitement aux consommateurs des contenants réutilisables dans les cafétérias, les foires alimentaires et les restaurants, à retourner dans des bacs de collecte. (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DE L’EMBALLAGE. Depuis le 28 mars, les emballages en plastique à usage unique ont été bannis de Montréal. C’est le cas également des assiettes, contenants, couvercles, barquettes et ustensiles en plastique, en polystyrène ou compostables. Alors, comment transporter un repas ou une boisson pris sur le pouce ? L’entreprise Cano a trouvé une solution en proposant des contenants réutilisables à rapporter à la cafétéria en échange de points de fidélité.
Tout le monde, ou presque, achète régulièrement une boisson ou un repas à emporter, contenu dans un emballage jetable. Après l’avoir bu ou mangé, on le jette à la poubelle. Combien de temps ce contenant nous aura-t-il servi ? Quelques minutes à peine, ou bien le temps de se rendre au bureau ou de rentrer chez soi et hop, poubelle !
Les chiffres sont éloquents : 50 % des déchets collectés en ville sont des emballages à usage unique, indique le dirigeant de Cano, Marco Gartenhaus, qui cite des données de la fondation Ellen MacArthur. La statistique grimpe jusqu’à 66 % pour Montréal. De plus, 32 % de ces emballages vont finir en déchets sauvages, polluant nos parcs ou flottant dans nos cours d’eau.
C’est d’ailleurs en mangeant fréquemment son lunch au parc de Square Victoria, souvent jonché d’emballages virevoltant au gré du vent, que l’idée de Cano a germé dans l’esprit de Marco Gartenhaus en 2017. À 28 ans, se rendant au travail à vélo et devenu végétarien, le diplômé en finances de HEC Montréal a décidé de concevoir une solution viable et efficace aux emballages jetables liés à la restauration.
Emprunter un gobelet réutilisable
Le concept de Cano est simple : offrir gratuitement aux consommateurs des contenants réutilisables dans les cafétérias, les foires alimentaires et les restaurants, à retourner dans des bacs de collecte. « Un peu à la manière d’un livre qu’on emprunte à la bibliothèque ou d’un vélo à une borne Bixi », explique Marco Gartenhaus.
Deux types de contenants sont d’ores et déjà offerts sous forme d’un gobelet à la forme géométrique et d’une boîte-repas compacte et facile à emporter. « Le défi a été de concevoir des contenants en plastique hautement résistants, » poursuit le fondateur de Cano. « Nous avons réussi à atteindre un nombre d’utilisations allant jusqu’à 1000 fois. C’est dix fois plus qu’il ne faut pour que la production d’un objet réutilisable soit meilleure pour l’environnement que celle d’un objet jetable. »
Cano est pionnière en Amérique du Nord dans ce domaine spécifique des éco-emballages à destination des cafétérias. Ses partenaires d’affaires sont principalement des institutions collégiales et universitaires, mais aussi de grandes entreprises comme Desjardins et Sodexo. Dans le courant des prochains mois, on devrait pouvoir emprunter les contenants réutilisables Cano dans plusieurs foires alimentaires de Montréal. Marco Gartenhaus est aussi en discussion avec des hôpitaux ainsi que des chaînes de restauration au Québec. « Le future sera 100 % réutilisable », declare-t-il.
Les nouvelles interdictions imposées par la Ville de Montréal accélèrent la demande des entreprises et des institutions en solutions écoresponsables. Marco Gartenhaus voit trois raisons d’utiliser des contenants réutilisables : le geste écologique évidemment, le côté pratique, car le carton a tendance à perdre la chaleur des boissons et des aliments trop rapidement, et finalement, l’incitatif financier. Cano fidélise ainsi le consommateur et récompense ses bonnes habitudes en lui offrant une boisson ou un repas gratuit en fonction de points qu’il a accumulés en retournant son contenant rapidement.
Le défi des emballages de restaurants
Est-il toutefois imaginable de penser que « le futur sera 100 % réutilisable » comme le déclare le fondateur de Cano ? « C’est une utopie de penser que tous les produits pourraient être vendus en vrac ou être distribués dans des contenants réutilisables », affirme Geneviève Dionne, directrice écoconception et économie circulaire chez Éco Entreprises Québec.
Selon elle, « le concept de Cano est pertinent puisqu’il s’adresse à un circuit fermé. Les risques d’altérer le produit dans d’éventuels déplacements sont réduits. » Ce système pourrait toutefois plus difficilement s’implanter dans le milieu de la restauration rapide ou le service à l’auto – responsables d’une quantité astronomique de déchets —, car les gens se déplacent et ne peuvent pas forcément retourner leurs contenants au même endroit.
« Il faut accepter qu’il y ait toujours un emballage à usage unique de courte vie dans certains secteurs alimentaires. Mais dans ce cas, il est nécessaire de le concevoir de manière optimale à partir de matières recyclées par exemple. »
On comprend donc que si le réutilisable est porteur de solutions, il reste complémentaire à d’autres formes d’écoconception. En attendant, c’est tout de même 1250 déchets sauvés par jour grâce aux boîtes et aux tasses de Cano depuis cinq ans.