Créer une cryptomonnaie pour financer son entreprise
Jean-François Venne|Édition de la mi‑janvier 2019Un des principaux avantages de l’émission de cryptomonnaie (ICO) est sa rapidité. Reste à convaincre les investisseurs. [Photo : Getty Images]
L’émission de cryptomonnaie (ICO) est-elle une voie d’avenir pour le financement des entreprises ? Pour l’instant, au Québec, il n’y a eu qu’une seule ICO réglementée, celle d’Impak Finance, qui a émis 1 690 626 Impak Coin (MPK) en août 2017, acquis par 2 266 investisseurs.
L’objectif d’Impak Finance est de favoriser le développement de l’économie d’impact. Il s’agit donc de financer des entreprises qui s’efforcent non seulement de réduire leurs effets négatifs sur l’environnement et la société, mais également de produire des effets positifs. Les détenteurs d’Impak Coin pourront régler des achats avec cette devise chez les entreprises participantes. Les jetons pourront aussi servir à financer du microcrédit et des prêts de pair à pair ou participatifs, à acheter des devises étrangères et à investir dans le fonds Impak.
«L’Impak Coin est à la fois une monnaie complémentaire, un jeton de récompense et une cryptomonnaie, explique François Le Bel, vice-président au développement des affaires d’Impak Finance. Elle n’est pas du tout spéculative. Elle pourra être échangée, mais sa valeur sera déterminée par un organe de gouvernance indépendant.»
Simple, mais risqué
À l’Autorité des marchés financiers, Patrick Théorêt, directeur du financement des sociétés, constate que les ICO intéressent surtout les start-up à la recherche de financement. L’AMF reçoit une vingtaine de demandes de fintechs chaque mois, allant de la simple requête d’information à la présentation d’un projet concret. La grande majorité de ces contacts concernent des ICO.
L’Autorité souhaite faire preuve d’ouverture afin de contribuer à l’essor des start-up, tout en protégeant les investisseurs. «Notre réglementation actuelle est faite pour des documents en papier et des rencontres en personnes, il faut la faire évoluer vers de nouveaux mécanismes correspondant aux réalités des fintechs, sans sacrifier la protection des investisseurs», avance M. Théorêt.
Un des principaux avantages de l’ICO est sa rapidité. Techniquement, cela peut se faire en quelques minutes. Il est possible d’éliminer plusieurs intermédiaires tels les agents de transferts ou même les courtiers, puisque les investisseurs sont sollicités par l’entremise des médias sociaux, d’un site Web ou du courriel. Les entreprises peuvent aussi miser sur des «bounty programs», dans lesquels des sites Web font la promotion d’une ICO en échange d’une certaine quantité de jetons gratuits. Il faut s’assurer de respecter la Loi sur les valeurs mobilières et d’obtenir les dispenses nécessaires, mais le tout reste plus simple et moins coûteux qu’un premier appel public à l’épargne.
Reste à convaincre les investisseurs. Pour eux, une ICO comporte bien des risques. Non seulement la valeur d’un jeton est difficile à évaluer, mais son existence même n’est pas toujours claire. Est-ce qu’une entrée dans une chaîne de blocs suffit à prouver que le jeton existe bel et bien ? Quel est le plan d’affaires ? Qui sont les gens derrière l’ICO ? Est-ce que le projet de l’entreprise existe ou sa réalisation dépend-elle de la réussite de l’ICO ?
Plusieurs projets d’ICO sont en cours d’analyse et ce phénomène pourrait prendre de l’expansion au Québec. Les investisseurs se laisseront-ils tenter ?
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