Les entrepreneurs peuvent également se tourner vers la Banque de développement du Canada (BDC), qui offre du financement à long terme et généralement complémentaire à celui offert par les grandes banques. (Photo: 123RF)
FINANCEMENT. De nombreuses solutions s’offrent aux entrepreneurs pour qui les banques à charte ne sont pas une option et qui cherchent du financement. Chacune d’entre elles représente potentiellement une occasion… mais aussi un risque. Voici comment s’y retrouver.
En cas de doute, l’entrepreneur dans le besoin peut d’abord cogner à la porte d’une entreprise offrant des services d’accompagnement en matière de financement privé. Il peut s’agir d’un cabinet comptable ou encore d’une firme spécialisée, comme Expansion Capital.
« Quand un client tombe entre deux chaises, nous sommes capables de l’aider, explique son président-directeur général, Patrick Castonguay. On fait un pont. On trouve un financement privé pour répondre aux besoins immédiats de l’entreprise et, de six à huit mois plus tard, on la redirige vers les banques. » Les entreprises qui font appel à lui proviennent surtout des secteurs du transport ou de la construction.
Les démarches débutent par une première rencontre, lors de laquelle l’entrepreneur fait état de ses besoins financiers et ouvre ses livres. Il doit donner l’heure juste concernant notamment les revenus, la dette ou encore la masse salariale de son entreprise. « On passe tous ces éléments-là au peigne fin pour être en mesure de produire un rapport qu’on va présenter à un créancier », explique Patrick Castonguay.
Lorsque les astres s’alignent, l’un des quelque 30 créanciers avec lesquels Expansion Capital fait affaire accorde un financement à court ou moyen terme — avec des taux d’intérêt élevés, généralement au-delà de 12 % par année —, l’entreprise qui emprunte profite des liquidités pour se remettre sur pied ou croître, et son dossier est ensuite accepté par une banque.
Mais ça ne se déroule pas toujours de cette façon. Patrick Castonguay dit que des dix dossiers qu’il reçoit en moyenne chaque jour, il en refuse neuf. Il accepte les entreprises qui montrent un potentiel intéressant. « La question que l’entreprise à la recherche de financement doit se poser, c’est : “Est-ce que le levier financier que je viens chercher va me permettre de générer des revenus ?” Si la réponse est non, il ne faut pas aller de l’avant, dit-il. Mais si l’entreprise fait quatre dollars sur chaque dollar prêté, même si les intérêts sont très élevés, où est le problème ? »
Conditions plus « flexibles »
Les entrepreneurs peuvent également se tourner vers la Banque de développement du Canada (BDC), qui offre du financement à long terme et généralement complémentaire à celui offert par les grandes banques. Elle n’accorde pas de marge de crédit pour financer les opérations, mais propose notamment des prêts pour l’achat d’un immeuble ou d’équipement, l’acquisition d’une entreprise ou encore du financement de fonds de roulement.
Les taux d’intérêt offerts par la BDC ne sont pas plus avantageux qu’au sein des grandes banques. Ils sont souvent plus élevés, parce que la prise de risque est plus grande, mais les conditions de financement sont plus « flexibles », soutient la directrice des comptes majeurs Audrey Beauchemin.
Les entrepreneurs peuvent par exemple bénéficier de prêts ayant une période d’amortissement plus longue ou de congé de paiement de capital — et non d’intérêts — à un certain moment au cours du terme. « Nous sommes capables de dire à l’entreprise : “Pour les six prochains mois, nous allons interrompre tes paiements de capitaux, donc ça va te donner des liquidités supplémentaires” », explique-t-elle.
La BDC offre aussi la possibilité de financer certains actifs, comme un immeuble, à 100 %, ou même plus. « Nous sommes capables d’être un peu plus agressifs que certaines institutions financières », souligne Audrey Beauchemin.
Chercher en ligne
En matière de prêts commerciaux, il est également possible de trouver chaussure à son pied en ligne. Le financement peut être accordé rapidement — parfois en 24 h —, mais attention aux intérêts. La plateforme de comparaison Prêts Québec redirige les entrepreneurs vers des prêteurs qui offrent du financement à court ou à moyen terme, dont les intérêts varient entre 2,99 % et 46,96 %, selon l’évaluation du dossier de crédit.
L’entreprise Driven, elle, accorde des prêts sous la forme d’une marge de crédit dont la limite peut varier dans le temps. « Nous ajustons le montant de crédit maximal chaque mois, selon l’évolution de la situation du client, explique son président et chef de la direction, Stéphane Marceau. Le montant des nouveaux prêts et les termes du prêt sont aussi déterminés spécifiquement pour chaque client, en fonction de notre algorithme de risque. »
Les emprunts pouvant s’échelonner sur un maximum de deux ans varient entre 500 $ et 300 000 $ et les remboursements peuvent être faits chaque jour, chaque semaine ou de manière anticipée pour économiser des intérêts.
////
Faire le bon choix
Peu importe la voie empruntée pour obtenir du financement, il faut savoir distinguer les différentes options offertes. En voici quelques-unes.
Marge de crédit
Permet d’accéder librement aux fonds accordés et de rembourser l’argent emprunté au moment jugé opportun. Idéale pour les opérations quotidiennes.
Financement d’équipement
Utile pour acquérir de la machinerie, des véhicules ou encore du matériel informatique. Le prêteur peut décider d’utiliser l’équipement en garantie. Dans ce cas, il peut saisir l’équipement financé en cas de défaut de paiement.
Financement de fonds de roulement
Utilisé pour répondre à des besoins immédiats, comme le versement des salaires et le paiement des fournisseurs. À la différence de la marge de crédit, un calendrier de remboursement est convenu avec le prêteur.
Financement de comptes clients
Transforme des paiements en retard en liquidité. L’entreprise reçoit à l’avance un certain pourcentage des factures qu’elle a produites, mais qui ne lui ont pas encore été payées.