«Tous les secteurs de l'économie affichent une bonne performance», selon Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopole. Sur notre photo, le centre-ville de Sherbrooke. (Photo: Philip Bastarache / CC)
FOCUS RÉGIONAL ESTRIE. Le dynamisme économique ne se dément pas en Estrie, comme en témoignent notamment la croissance importante des investissements et la forte progression de l’emploi ces dernières années.
«Il y a beaucoup d’effervescence», note Josée Fortin, directrice générale de Sherbrooke Innopole, l’organisme de développement économique de la ville. Jean Hogue, directeur du développement économique de la MRC de Memphrémagog, acquies-ce. «On est béni des dieux. Tous les secteurs de l’économie affichent une bonne performance .»
À preuve : le taux de chômage est en diminution constante et devrait encore descendre à 3,5 % en 2020, comparativement à 4,2 % l’an dernier et à 6,1 % en 2016, indique l’Étude économique régionale sur l’Estrie du Mouvement Desjardins publiée en novembre. Il s’agira du plus faible taux de chômage en plus de deux décennies dans la région.
Il résulte entre autres d’une forte poussée des investissements, qui devraient atteindre 1,3 milliard de dollars en 2019 selon l’Étude. Il s’agirait d’une croissance de 9,1 % par rapport à 2018, et d’une troisième hausse d’affilée des sommes investies par les secteurs privés et publics dans l’économie estrienne. Sans compter un record de croissance depuis 2010.
Cet élan est entre autres attribuable à l’injection de 575 millions de dollars par Kruger pour la construction d’une usine de papier hygiénique et de papier essuie-tout haut de gamme dans l’arrondissement sherbrookois de Brompton. Plus de 180 travailleurs seront embauchés à son ouverture, prévue au printemps 2021. Kruger a aussi annoncé un investissement de 16,4 M $ à l’actuelle usine de Brompton – voisine de la nouvelle – afin de produire le premier papier 100 % recyclé et biodégradable destiné à l’emballage de produits alimentaires. Le tout permettra d’y ajouter 30 emplois, en plus de consolider les quelque 240 existants.
De nombreux secteurs «mis à contribution»
Le fabricant de produits de soins corporels et d’entretien ménager écologiques Attitude (15 M $), le trans- formateur agroalimentaire Smucker Foods (11,7 M $), le fabricant de bottes et de chaussures de travail Royer (10 M $), les fabricants de meubles de bureau Bestar (7,4 M $) et Artopex (4 M $) ont récemment réalisé des investissements importants à Sherbrooke. Quant à l’Abbaye de Saint-Benoît- du-Lac, elle a injecté 7,5 M $ dans la modernisation de sa fromagerie.
«Tous les secteurs ont été mis à contribution, ce qui témoigne de la grande diversification de l’économie de la région», fait valoir Yves Lavoie, directeur régional du bureau des Cantons-de-l’Est de Développement économique Canada. Il cite en exemple le développement d’entreprises dans de nouveaux créneaux en émergence, tel le fabricant de végépâtés BioBon à Coaticook et Flavora, de Compton, qui se spécialise dans la fabrication de yogourt grec de brebis.
M. Lavoie fait aussi valoir que «la région a l’avantage d’être la seule du Québec, à l’exception de Montréal, où on peut faire des études collégiales et universitaires en français ou en anglais».
Notons également que les cinq filières clés établies par Sherbrooke Innopole – industrie manufacturière et fabrication de pointe, technologies propres, technologies de l’information, sciences de la vie et micronanotechnologies – ont généré en 2018 des investissements records de plus de 223 M $ dans cette ville, qui ont mené à la création de 1 128 emplois. Et «2020 sera aussi excellente», prévoit Mme Fortin.
De 2010 à 2018, ces cinq secteurs ont généré à eux seuls un gain net de 169 entreprises, la création nette de 6 801 postes et des investissements de plus de 1,4 G $ en machinerie, équipement, terrains, bâtiments ainsi que R-D. Résultat : «la Ville envisage l’ouverture d’un nouveau parc industriel pour accueillir de nouvelles entreprises ou pour permettre à celles déjà présentes de prendre de l’expansion», dit Mme Fortin.
L’actuel Parc industriel régional de Sherbrooke – situé au carrefour des autoroutes 10, 55 et 410 – offre depuis 2016 de nouveaux terrains, où se sont récemment installées les entreprises Royer et Attitude. Sauf que «les terrains se font à nouveau rares et le Parc risque d’afficher complet dans un horizon de trois à cinq ans», souligne Mme Fortin.
Un secteur touristique fort
L’industrie touristique, qui englobe plus de 2 000 entreprises et 20 000 emplois, est un autre moteur de l’économie estrienne qui a le vent dans les voiles. Elle a engendré des dépenses de plus de 900 M $, selon les plus récentes données de Tourisme Cantons-de-l’Est, publiées en 2017. Sans compter que la Ville de Magog poursuit la revitalisation de son centre-ville fort achalandé – grâce au Mont-Orford et au lac Memphrémagog, entre autres – amorcée en 2013.
Des investissements de plusieurs dizaines de millions de dollars seront aussi effectués au cours des prochaines années aux stations de ski Owl’s Head et Mont-Orford pour l’achat d’équipement et l’amélioration des infrastructures.