Le CDCQ travaille entre autres avec Bombardier Aéronautique et Bombardier Transport dans le but de valider l'utilisation de fibres de carbone recyclées dans des pièces composites. (Photo: courtoisie)
FOCUS RÉGIONAL: LAURENTIDES. Qu’ont en commun l’Airbus A220 – l’ancien CSeries de Bombardier -, les nouvelles voitures de métro Azur, une éolienne, un vélo et une motomarine ? Ils sont tous fabriqués en partie avec des matériaux composites, dont l’utilisation ne cesse de croître dans plusieurs industries.
L’emploi grandissant de ces matériaux sied parfaitement au Centre de développement des composites du Québec (CDCQ). Les activités de R-D de ce Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) affilié au Cégep de Saint-Jérôme visent justement à soutenir les entreprises dans le développement et la mise en marché de nouveaux produits dans ce type de matière.
Les matériaux composites sont fabriqués à partir de deux matériaux, soit des résines (polyester, époxy, acrylique) et des fibres (verre, carbone, kevlar), dont l’assemblage offre notamment l’avantage d’être plus léger et moins corrosif que d’autres matériaux traditionnels. L’utilisation des composites à la place de l’acier peut ainsi réduire la masse d’une pièce de 30 %, par exemple.
«On reçoit de plus en plus de demandes et nos revenus sont en croissance», constate Janic Lauzon, qui dirige le CDCQ. Lancé en 2000, celui-ci dessert aujourd’hui des entreprises dans des secteurs aussi variés que le transport terrestre, l’aéronautique, les produits récréatifs, l’industrie chimique, la construction, l’industrie maritime, le génie civil et l’énergie.
Le Centre a notamment participé au développement du premier autobus scolaire électrique – et de sa carrosserie en composite – de La Compagnie électrique Lion, de Saint-Jérôme. Le concepteur de canots et de kayaks Abitibi & co, de Rouyn-Noranda, a aussi fait appel à l’expertise du CDCQ pour rendre ses embarcations faites à la main encore plus légères et robustes. Le Centre collabore également avec le fabricant montréalais de vélos Argon 18 dans le cadre d’un projet de recherche visant l’amélioration et l’optimisation de ses produits de haute performance.
«Les utilisations de matériaux composites sont multiples et nos travaux de recherche, de prototypage et de caractérisation visent à faire avancer encore plus cette industrie», souligne Mme Lauzon.
À l’ère des changements climatiques
Apparus dans les années 1960, les matériaux composites ont connu un essor important ces dernières années. L’industrie aéronautique les a rapidement adoptés afin de construire des avions plus légers qui consomment donc moins de carburant.
Aujourd’hui, ils font aussi leur chemin dans la construction d’automobiles, de camions et d’autres véhicules de transport afin, encore, d’en réduire la masse.
Les matériaux composites, qui s’imposent comme un véritable incontournable à l’ère des changements climatiques, tardent toutefois à faire leur place dans les domaines de la construction et des infrastructures, du moins au Québec. Pourtant, grâce entre autres à ses propriétés isolantes et thermiques, ils seraient d’une grande utilité, notamment dans la réhabilitation de structures en béton armé telles les conduites municipales d’eau potable et d’égout.
«Nos systèmes de canalisation fuient de partout, on le sait, explique Mme Lauzon. Au lieu de remplacer les systèmes de canalisation, particulièrement en ville et sur des rues commerciales, on pourrait recouvrir leur paroi intérieure d’une gaine composite. Ça coûterait plus cher, mais ça éviterait d’avoir à faire des tranchées, et les travaux seraient beaucoup moins longs.»
En mode recyclage
Le CDCQ travaille aussi avec Bell Helicopter, Bombardier Aéronautique et Bombardier Transport dans le but de valider l’utilisation de fibres de carbone recyclées dans des pièces composites. Ces entreprises utilisent en effet des fibres de carbone dans leurs pièces dont la fabrication génère des déchets, qu’elles souhaitent ainsi pouvoir recycler.
Le Centre a aussi obtenu une subvention de Transports Canada afin de trouver des solutions de recyclage pour les bateaux de plaisance faits en fibre de verre, qui se retrouvent trop souvent abandonnés sur des terrains ou des cours d’eau, ou encore dans des sites d’enfouissement.
Cependant, le développement de l’industrie des matériaux composites se bute lui aussi à la pénurie de main-d’oeuvre. «Même si c’est un domaine en croissance, on manque d’élèves, et donc de travailleurs spécialisés qui pourraient aider les entreprises dans le développement technologique et de produits en matériaux composites», déplore Mme Lauzon.
Le Cégep de Saint-Jérôme est le seul au Québec à offrir le programme collégial de Techniques de transformation des matériaux composites, et ce, depuis 1986. Son service de formation continue offre également une attestation d’études collégiales dans le domaine. «On a une quinzaine d’élèves par année, mais on pourrait en accueillir 45, et ils auraient un emploi assuré à la fin de leurs études», fait valoir la directrice du CDCQ.