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De fil en aiguille, tisser la relève

Benoîte Labrosse|Édition de la mi‑octobre 2022

De fil en aiguille, tisser la relève

Régitex, Filature Lemieux, Duvaltex et Tapis Venture ont formé un partenariat afin d'assurer une relève dans leur industrie. (Photo: courtoisie)

FOCUS RÉGIONAUX. Contrairement à la croyance populaire, l’industrie textile n’a pas été totalement délocalisée hors de nos frontières. À elle seule, Chaudière-Appalaches compte une trentaine d’entreprises actives dans ce secteur. Elles ont toutefois de la difficulté à recruter, surtout depuis qu’il n’existe plus aucun programme de formation spécialisée. Quatre entreprises ont décidé de s’unir pour pallier ce manque.

« Comment aller chercher notre relève si le secteur n’est pas reconnu à sa juste valeur et, surtout, si ses métiers ne sont pas enseignés ? se questionne Kathrine Mathieu, propriétaire et présidente de Régitex, une filature située à Saint-Joseph-de-Beauce. Nous avons une expertise à conserver au Québec, alors mettre sur pied une formation est une bonne manière de faire découvrir le domaine à ceux que ce choix de carrière pourrait intéresser. »

Quand la PME a présenté son idée au Comité sectoriel de l’industrie textile du Québec (CSMO Textile), ce dernier s’est impliqué avec enthousiasme. « Depuis une douzaine d’années, il n’y a plus de programme en milieu scolaire qui concerne le textile, précise Étienne Marquis, coordonnateur de la formation de l’organisme. Aujourd’hui, il n’y a plus d’infrastructure ou d’équipement offert dans les centres de formation professionnelle. » Un partenariat avec l’industrie tombait donc à point. 

De fil en aiguille, trois autres entreprises beauceronnes ont été intégrées au projet : Filature Lemieux, Duvaltex et Tapis Venture. « On se connaît bien et on vit les mêmes réalités, donc la collaboration s’est faite de manière naturelle et fluide », note Kathrine Mathieu. « Leur participation nous donne une belle représentativité des très nombreuses possibilités d’emplois dans le secteur, se réjouit pour sa part Étienne Marquis. Le textile est vraiment partout dans notre quotidien, et les différentes étapes de production nécessitent de travailler avec plusieurs machines de haute technologie. »

Le Centre intégré de mécanique industrielle de la Chaudière a ensuite accepté la proposition des cinq partenaires d’adapter le programme menant au diplôme d’études professionnelles (DEP) Opération d’équipements de production aux particularités du secteur textile et d’offrir la portion théorique de la formation dans ses locaux de Saint-Georges.

Quant à la portion pratique du programme de 870 heures, elle se déroulera en milieu de travail. « Les étudiants choisiront dans laquelle des quatre entreprises ils veulent travailler, souligne la propriétaire de Régitex. Ils pourront visiter chacune d’elles, mais ils ne seront intégrés que dans une seule, dans laquelle ils seront employés et où ils travailleront aussi [en dehors des heures de cours]. »

 

Redevenir une option

Le DEP devait commencer à la fin du mois d’août, mais ses instigateurs ont préféré en retarder le démarrage en raison du nombre insuffisant d’inscriptions. Rappelons que les élèves seront considérés comme des employés dès leur premier cours ; ils seront donc payés tout au long de leur formation, qui sera lancée plus tard cet automne ou à l’hiver. 

Ce qui n’empêche pas les quatre usines d’embaucher dès maintenant de futurs étudiants. « Ils intègrent tranquillement leur entreprise comme employés et pourront poursuivre leur apprentissage une fois que le DEP commencera, explique Étienne Marquis. Bien former quelqu’un, c’est long ! » 

« Nous visons les personnes âgées de 20 à 40 ans qui ont le goût d’apprendre en faisant des choses concrètes et pour qui l’école traditionnelle n’est pas attirante », résume Kathrine Mathieu. 

« Les entreprises textiles sont très modernes et technologiques, poursuit Étienne Marquis. En plus du fait que les gens ne sont plus attitrés à une seule machine toute leur carrière, les conditions de travail sont meilleures qu’elles étaient. » Sans compter que « tout est fait pour faciliter le travail physique, donc ça ouvre des portes à des gens qui pourraient avoir certaines limitations ». 

Le coordonnateur espère que la mise en place d’un programme de formation permettra à cette industrie « de redevenir une option dans la tête des orienteurs qui conseillent les jeunes du secondaire ainsi que les gens en recherche d’emploi ». 

À terme, le CSMO Textile aimerait « exporter » sa nouvelle formule de formation dans d’autres régions telles l’Estrie et la Montérégie. D’ici là, la propriétaire de Régitex insiste sur les avantages de s’expatrier en Chaudière-Appalaches. « La Beauce est vraiment dynamique : il y a beaucoup de possibilités d’emplois, mais aussi d’entraide et de collaboration entre les entreprises, fait-elle valoir. Aussi, nous avons une belle qualité de vie et les paysages sont magnifiques ! »

 

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L’industrie textile en Chaudière-Appalaches

31 entreprises

Un peu plus de 1 200 emplois

Source : CSMO Textile