Les multiples défis du nouveau complexe hospitalier de Québec
Claudine Hébert|Édition de la mi‑octobre 2019(Photo : courtoisie)
INFRASTRUCTURES ET GRANDS PROJETS. La ville de Québec aura un tout nouvel hôpital d’ici décembre 2025. Ce mégachantier évalué à deux milliards de dollars permettra de regrouper sous un même toit les activités cliniques, d’enseignement et de recherche de L’Hôtel-Dieu de Québec et de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. Moins médiatisé que les projets du CUSM ou du CHUM, celui du nouveau complexe hospitalier (NCH) n’en demeure pas moins un défi colossal sur tous les plans.
À commencer par l’ensemble des travaux, qui incluent des étapes de construction, de démolition et de réaménagement d’une toute nouvelle infrastructure sur le site actuel de l’Hôpital de l’Enfant-Jésus… alors que celui-ci est toujours fonctionnel. «C’est comme changer le réacteur d’un avion en plein vol», soutient Robert Topping, directeur général du bureau de projet NCH à la Société québécoise des infrastructures (SQI). En partenariat avec le Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec-Université Laval, la SQI dirige les travaux du nouveau mégahôpital.
Le projet a d’abord été divisé en deux phases distinctes. «Lors des premières analyses, en 2014, il a été démontré que le réseau de la santé de Québec faisait face à un problème : les appareils de radiothérapie arrivaient en fin de vie. Il fallait donc trouver un moyen de construire en priorité le centre de cancérologie», mentionne M. Topping. Ce qui explique que les travaux de la première phase incluent notamment le nouveau Centre intégré de cancérologie du CHU. Ces travaux doivent prendre fin au début de l’année 2020, ce qui permettra le déménagement des équipements dès mars prochain. Les premiers patients pourront quant à eux recevoir leur traitement au futur Centre intégré dans un peu plus d’un an, en décembre 2020.
Cette première phase a également permis de construire une toute nouvelle centrale d’énergie, dont les premiers raccordements doivent s’effectuer dès janvier, ajoute le directeur général. «Il faudra intercepter plus de 1 000 conduits d’eau et d’électricité, dont certains datent de plus de 90 ans, et ce, sans perturber les activités de l’hôpital», signale-t-il.
La seconde phase, dont les travaux doivent commencer dès janvier 2020, prévoit la construction du coeur du NCH. Elle inclura les soins critiques, les blocs opératoires, le centre ambulatoire ainsi que le réaménagement de l’actuel Hôpital de l’Enfant-Jésus. Ces nouvelles infrastructures, dont la livraison est prévue pour décembre 2025, permettront de réaliser annuellement plus de 5 000 chirurgies d’un jour et chirurgies hospitalisées, d’offrir plus de 40 000 consultations externes, plus de 39 000 consultations en oncologie et plus de 6 000 traitements d’hémato-oncologie.
Tout roule
Jusqu’à maintenant, les budgets et échéanciers sont respectés. «Tout va bien parce que les deux principales parties prenantes du projet, la SQI et le CHU, travaillent main dans la main», soutient M. Topping.
Près de 200 personnes sont rattachées au bureau de projet du NCH, dont une quarantaine proviennent du CHU de Québec. «Il s’agit d’un projet où l’humain a été placé au coeur de la conception», souligne Martin Beaumont, PDG du CHU de Québec.
«Depuis déjà 2013 que se succèdent réunions et ateliers pour s’assurer de la conception idéale du nouveau centre hospitalier», dit-il. «Plus d’une quarantaine de patients participent d’ailleurs à ces consultations afin de réaliser « le meilleur hôpital qui soit »».
C’est sans compter les centaines de membres du personnel et les médecins qui ajoutent leurs voix. Des maquettes géantes ont aussi été aménagées dans un entrepôt afin de reproduire une salle de soins intensifs, une salle de consultation ainsi qu’un bloc opératoire. «Cet environnement permet de recréer les lieux afin de mieux les configurer lors de la construction réelle», explique M. Beaumont.
Nouveautés technologiques
À la demande des médecins, et plus particulièrement des patients, le futur hôpital comprendra 700 lits, dont 500 en chambres individuelles afin de mieux prévenir les infections et d’assurer un plus grand confort à la clientèle. L’hôpital aura aussi 30 salles d’opération, soit huit de plus que ce que comptent actuellement l’Hôtel-Dieu et l’Enfant-Jésus réunis, note M. Beaumont.
«Ce projet se traduit aussi par l’acquisition d’un accélérateur IRM, le tout premier du genre au Québec. Un appareil qui permettra d’offrir des traitements radio-oncologiques par résonnance magnétique», souligne-t-il. Le NCH sera également doté d’un cyclotron, destiné à produire des médicaments radioactifs pour tous les traitements de médecine nucléaire offerts dans l’est de la province.
Autre élément majeur du projet du NCH : la création d’une nouvelle plateforme clinico-logistique, dont les travaux suivent actuellement leur cours à Beauport. «Construite au coût de 70 millions de dollars, cette toute nouvelle unité hautement technologique qui n’existe nulle part ailleurs au Canada va servir à alimenter l’ensemble des hôpitaux du CHU en médicaments, en nourriture et en fournitures. Elle sera équipée de plusieurs chaînes robotisées, détaille M. Beaumont. Ce qui n’est pas négligeable dans un contexte où le taux de chômage de la région se maintient sous la barre des 3 %.»
Finalement, l’un des plus grands défis qui attendent l’équipe de ce projet sera de gérer le transfert des activités entre les deux sites, ainsi que la période de transition durant laquelle des soins seront prodigués aux deux endroits. «Nous travaillons actuellement à concevoir un plan de transformation, de transition et de transfert pour les activités ambulatoires et d’hospitalisation entre les équipes des deux hôpitaux concernés. Une salle de pilotage permettant d’avoir un regard complet sur l’évolution de ces projets a même été créée afin d’assurer une cohérence et un suivi particulier durant cette période stratégique qui va toucher près de 6 000 employés», conclut le PDG du CHU de Québec.