Frank Coggins (Photo: Martin Flamand)
INVESTIR POUR CHANGER LE MONDE. L’investissement d’impact va au-delà des critères ESG (environnement, société et gouvernance) en vue d’investir dans des entreprises qui visent des retombées concrètes positives. C’est du capital dopé à l’action.
Propulser les énergies renouvelables, construire des logements sociaux, mousser l’essor de technologies vertes… L’investissement d’impact se distingue de l’investissement ESG par son intention : miser sur des entreprises dont la mission première est d’accélérer la transition vers une économie plus verte et plus solidaire. Au contraire des entreprises traditionnelles, les entreprises d’impact voient les défis sociaux et environnementaux comme des opportunités.
Nouvelle coqueluche de la finance responsable, l’investissement d’impact connaît un boom sans précédent depuis trois ans. De la fin de 2015 à la fin de 2018, les actifs sous gestion sous cette thématique ont grimpé de 81 % au Canada, passant de 8,15 milliards de dollars à 14,75 milliards de dollars, selon un rapport de l’Association pour l’investissement responsable, qui regroupe les acteurs du milieu.
L’investissement d’impact se décline sous plusieurs formes. À ses débuts, il était l’apanage des obligations et du capital-investissement acquis sur le marché privé, mais depuis peu, il s’invite sur les marchés publics, avec l’apparition récente de fonds communs et de fonds négociés en bourse ayant une approche impact, ce qui démocratise son accès aux particuliers.
Ses adeptes vont au-delà des stratégies de l’investissement responsable, qui mettent en avant le principe du «premier de classe» et de l’analyse des risques, pour mettre l’accent sur les retombées réelles. Autrement dit : c’est de l’investissement responsable en mode action. Pour entrer dans cette catégorie, le changement positif doit faire partie de l’ADN de l’entreprise. «L’adoption d’une thématique, comme le traitement de l’eau ou l’égalité hommes-femmes, donne un sens à ce type d’investissement, ce qui explique l’engouement», dit Frank Coggins, professeur titulaire de la Chaire de recherche Desjardins en finance responsable à l’Université de Sherbrooke.
L’investissement d’impact comporte généralement une notion d’addition : plus il y a d’argent dans la cagnotte, plus les retombées s’accroissent. Par exemple, Fondaction peut investir davantage dans la transition énergétique avec de nouvelles entrées d’argent.
Dans ce créneau, on pourrait penser que les investisseurs peuvent accepter une baisse en rendement financier en échange de résultats tangibles, mais ce n’est pas de la philanthropie. Le profit fait partie de l’équation. «Sans rendement financier, je ne vais pas attirer de capital. Je ne pourrais accomplir mes objectifs de développement durable», explique Stephan Morency, chef de l’investissement à Fondaction.
L’investissement d’impact met beaucoup d’emphase sur la mesure des retombées, ceci afin de répondre aux attentes plus élevées des investisseurs, qui exigent des résultats. «Les données augmentent la transparence et réduisent les craintes d’écoblanchiment», fait valoir Stephan Morency.
Soutenir le changement comporte plus de risques. Pas garanti que la nouvelle génération de batterie de voitures conçue par une start-up de Winnipeg tiendra ses promesses. «Dès qu’il s’agit de nouvelles technologies, il s’agit de capital de risque. Les échecs sont fréquents. Il faut en être conscient», prévient Tim Nash, fondateur de la firme Good Investing, qui conseille les particuliers sur l’investissement durable.
Où investir ? Le site canadien OpenImpact répertorie les produits qui sont autodéclarés comme investissement d’impact. Au moment d’écrire cet article, ce répertoire virtuel contenait plus de 100 propositions, dont 42 accessibles aux petits investisseurs. Sinon, la base de données ImpactBase, du réseau GIIN, recense les fonds et les produits d’investissement d’impact à l’échelle de la planète. Êtes-vous prêt à devenir un financier de la finance responsable ?