Trois risques menacent l'ALÉNA, selon l'ex-ambassadeur américain au Canada

Publié le 06/06/2017 à 12:02

Trois risques menacent l'ALÉNA, selon l'ex-ambassadeur américain au Canada

Publié le 06/06/2017 à 12:02

Par François Normand

L'ex-ambassadeur américain au Canada Bruce Heyman

Le Canada doit conclure la renégociation l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) d’ici la fin de l’année, car une entente sera beaucoup plus difficile à obtenir en 2018 en raison des élections au Mexique et aux États-Unis, affirme l’ex-ambassadeur américain à Ottawa.

En entrevue à Les Affaires ce mardi à Montréal, Bruce Heyman a indiqué que renégocier un accord commercial sur une si courte période de temps est un grand défi, mais qu’il est possible d’y arriver si les trois pays mettent l’accent sur l’essentiel.

«Si on s’appuie sur le noyau de l’ALÉNA, qu’on l’utilise comme une fondation et qu’on fasse des changements sur des points qui ont déjà été négociés dans le Partenariat transpacifique [que l'administration Trump a rejeté], je pense qu’on peut arriver à un accord très rapidement dans la mesure où les parties comprennent bien la nature du give and take», dit-il.

Par contre, si le Canada, les États-Unis et le Mexique n’y arrivent pas, trois risques pourraient faire dérailler la négociation en 2018, voire même menacer l’existence de l’ALÉNA, prévient l’ex-ambassadeur américain.

Le premier risque est l’élection présidentielle au Mexique en juin 2018.

Selon Bruce Heyman, il serait préférable de conclure la négociation avant le début de la campagne présidentielle mexicaine, car cela politisera au plus haut point les pourparlers sur l’ALÉNA, un sujet très sensible au Mexique.

Le deuxième risque est aux États-Unis, où auront lieu les élections de mi-mandat à l’automne 2018, avec des primaires débutant au printemps. À cette occasion, tous les représentants seront en élection ainsi que le tiers des sénateurs.

Il va sans dire que la renégociation de l’ALÉNA serait encore plus compliquée si elle devenait un enjeu des élections de mi-mandat. Par exemple, les groupes de pression sont très actifs au Congrès afin de protéger leurs industries.

«Si le Congrès ajoute beaucoup plus de contraintes sur le département du Commerce et le représentant américain du commerce (USTR), cela peut complexifier davantage le processus pour renégocier l’ALÉNA», prévient Bruce Heyman.

Le troisième risque à la renégociation de l’ALÉNA est le manque d’une certaine confidentialité. «Historiquement, les accords ayant été des succès ont été négociés derrière des portes closes, car c’est essentiel pour arriver à des compromis», dit-il.

Or, sa plus grande crainte, c’est que la présente négociation sur l’ALÉNA se fasse au grand jour et que le débat s’envenime, forçant les leaders politiques à adopter une ligne dure afin de sauver la face auprès de leurs électeurs.

«Le risque, c’est que le président Trump amène ce débat sur la place publique, via twitter ou tout autre moyen de communication, en faisant des accusations. Ce qui forcerait une réplique et une réplique aux répliques, de sorte de rendre encore plus difficile la conclusion d’une entente», affirme l’ex-ambassadeur américain.

 

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