Même des établissements comme JP Morgan ont permis de s’exposer au BTC. (Photo: 123RF)
LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.
Tendance lourde cette année face aux actifs numériques, l’angoisse de rater un événement important (Fear Of Missing Out) a rongé les institutions bancaires, des divisions de gestion de fortune aux services des clients de détail. D’avis d’experts, la plupart devraient dès lors adopter plus largement les cryptomonnaies en 2022.
La nature et la structure de nos systèmes monétaires n’avaient jamais été aussi largement remises en question. L’argent était émis par les gouvernements et tranquillement géré par les banques, fin de l’histoire. Puis vint Bitcoin, une nouvelle façon de concevoir notre rapport à l’argent, désormais transférable numériquement sans intermédiaire de confiance. Mais décideurs monétaires et politiques crurent bon de simplement l’ignorer. Jusqu’à il y a peu.
« En 2021, cette ignorance béate est soudainement devenue impossible », affirme dans sa tribune rétrospective Michael J. Casey, vétéran du Wall Street Journal et actuel directeur du contenu pour le site spécialisé CoinDesk.
Il s’agissait d’un phénomène particulièrement attendu pour cette année, car de nombreuses grandes enseignes bancaires avaient commencé en 2020 à rendre publiques leurs stratégies en matière de cryptomonnaies. Naturellement, les banques d’investissement avaient jusqu’alors été les acteurs les plus dynamiques.
Peur du désavantage concurrentiel
En 2021, sous la pression de clientèles fortunées attirées par la surperformance des cryptos, des banques privées ont offert des moyens d’accéder à cette classe d’actifs émergente. Même des établissements comme JP Morgan, pourtant dirigée par le détracteur du bitcoin notoire Jamie Dimon, ont permis de s’exposer au BTC. (Permettant au passage de capter des frais élevés et des marges importantes dans un environnement où la compression des frais devient la norme.)
Tout ceci a marqué une étape dans l’adoption des bitcoin, altcoin et autres jetons numériques. Progressivement, ce n’était plus le fait de disposer de tels produits crypto qui constituait un avantage concurrentiel pour les banques, mais le fait de ne pas s’investir dans la crypto qui constituait un désavantage.
« Nous voulons participer à (l’expansion de cette industrie). Nous avons conscience des risques que cela impose, mais nous estimons que le plus gros risque est de ne pas y participer », a récemment avoué le CEO de la Commonwealth Bank of Australia. L’institution a entre autres noué un partenariat avec Gemini, le géant américain de la conservation de monnaies numériques, afin que ses clients puissent gérer des crypto-actifs directement à partir de leur app bancaire.
Car une idée a fait son chemin : les cryptomonnaies forment les piliers d’une économie numérique dans laquelle les consommateurs peuvent participer à une nouvelle création de valeur.
La logique de l’adoption
Des millions de clients peuvent ou pourront très bientôt accéder aux cryptomonnaies en passant directement par leur banque. Encore dernièrement, une banque communautaire américaine a lancé un programme crypto-intégré à son environnement, en collaboration avec la plateforme new-yorkaise de gestion d’actifs numériques Bakkt.
«Déployer de nouveaux accès innovants à cette économie en plein essor, en permettant d’acheter, de vendre et de détenir des cryptos, est le prolongement de la relation du consommateur avec sa banque de confiance» s’est félicité par voie de communiqué Sheela Zemlin, directrice des revenus de Bakkt.
Justement, au terme d’une année 2021 historique pour l’écosystème du bitcoin, Henri Arslanian, directeur crypto pour le groupe de consultance PwC, livre ses prédictions de saison pour la nouvelle année qui suit et s’annonce tout aussi mouvementée.
«De nombreuses grandes banques (privées) ont méprisé le bitcoin comme n’étant pas un actif sérieux. Le fait de ne pas avoir à vendre de produits liés aux cryptomonnaies n’a probablement pas aidé. Mais nous devrions nous attendre à ce que la plupart d’entre elles fassent un virage à 180° et lancent des offres crypto en 2022» prévoit Henri Arslanian.
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