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PDG de l’année 2023 – Jeune pousse | Emily Charry Tissier

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑novembre 2023

PDG de l’année 2023 – Jeune pousse | Emily Charry Tissier

L’entreprise d’Emily Charry Tissier, Whale Seeker, a été reconnue par l’UNESCO comme ayant l’un des dix meilleurs projets d’IA au monde en matière de développement durable. (Photo: Sophie Jean)

LES PDG DE L’ANNÉE 2023. Fidèle à ses convictions environnementalistes, Emily Charry Tissier a choisi de protéger les mammifères marins en lançant Whale Seeker en 2018.

Cofondée avec son mari biologiste, Bertrand Charry, et Antoine Gagné-Turcotte, cette PME qui a le vent dans les voiles utilise de l’intelligence artificielle (IA) pour détecter des baleines, des phoques, des pingouins, des morses, des ours polaires et d’autres animaux à partir d’images aériennes. 

« On a créé une solution pour traiter les photos plus rapidement qu’avec l’œil humain tout en étant plus fiable », explique la présidente en entrevue.

Ce logiciel appelé Möbius est 97% plus vite que les humains. De plus, il permet d’analyser d’autres données cruciales, comme la superficie de la glace, qui peuvent aider à mieux comprendre l’environnement dans lequel évoluent les espèces.

 

Croissance soutenue 

Whale Seeker vend ses services à l’État, comme à Pêches et Océans Canada, ainsi qu’à des entreprises de transport maritime, à des entreprises telles que des producteurs d’énergie éolienne en mer qui ont besoin d’études d’impact et à des groupes recherche ou de conservations de la nature. 

En localisant rapidement et avec précision des mammifères marins, cette PME dessert différents secteurs économiques, comme la pêche commerciale et le commerce maritime, tout en aidant les autorités gouvernementales à mieux protéger l’environnement et à surveiller les aires de conservation. « Notre technologie favorise une coexistence harmonieuse entre les activités humaines et la vie marine tout en optimisant l’efficacité des opérations dans les domaines connexes, affirme la patronne. L’augmentation du transport maritime met en danger la santé de l’océan. On veut éviter les collisions avec les mammifères, permettre d’ouvrir ou de fermer les zones de pêches de manière plus réactive et offrir plus d’outils aux industries liées aux océans. » 

Elle souligne que son entreprise a été reconnue par l’UNESCO comme ayant l’un des dix meilleurs projets d’IA au monde en matière de développement durable. 

La majorité des clients sont Canadiens, mais le quart se trouve à l’étranger. « C’est là qu’on a le plus de demandes, déclare celle qui a été choisie en 2022 parmi les 100 femmes les plus influentes dans le domaine de l’IA éthique par l’organisation Women in AI Ethics. On pense que les contrats internationaux vont beaucoup augmenter. »

 

Une entreprise engagée 

Cette PME mise sur un collectif diversifié pour progresser. « On a des scientifiques de données, des programmeurs, des chercheurs en IA et des biologistes, souligne Emily Charry Tissier. On a une belle équipe. On jumelle l’expertise technologique avec celles sur les mammifères marins pour trouver les solutions les plus performantes. » 

Sa dizaine d’employés se retrouve un peu partout au Canada, grâce au télétravail. Il y en a même un au Brésil. Sinon, ils effectuent leur tâche au siège social montréalais et au bureau de Rimouski, situé dans ceux de l’organisme Novarium. 

« Notre mission de préserver l’océan, et la faune marine nous aide à recruter des gens qui désirent contribuer à quelque chose de positif et pas juste faire des tâches techniques », note Emily Charry Tissier. 

La biologiste est aussi personnellement très impliquée dans la protection des écosystèmes. Elle est cofondatrice du Whale Research Collective, qui s’engage dans la recherche et la conservation des mammifères marins, dont le rorqual boréal, une espèce qui se maintient avec seulement quelques centaines d’individus à l’est du Canada. Elle est également à l’origine du lancement de Nets for Net Zero, qui vise à recycler les engins de pêche fantômes, comme les vieux filets qui traînent en mer.

En plus d’être certifiée B Corp, Whale Seeker a promis de verser 1% de son chiffre d’affaires à des organismes sans but non lucratif qui contribuent à la protection des océans.

 

En temps réel

Whale Seeker compte poursuivre son expansion grâce à deux solutions de repérage en temps réel. Une se base sur des drones pour observer les mammifères marins, tandis qu’une autre les détecte à partir de navires ou de la côte à l’aide de caméras infrarouges

« On désire effectuer une première ronde de financement en 2024, explique la femme d’affaires. Il y a beaucoup d’intérêt pour ces deux solutions. Pour le moment, il manque de données sur les océans, qui couvrent quand même 70% de notre planète, donc il y a des besoins. »

L’argent récolté, dont elle n’a pas souhaité estimer le montant, servira à ajouter de 10 à 20 employés et à développer son offre à l’étranger.

« Dans cinq ans, notre but est d’être la solution mondiale pour détecter visuellement les mammifères marins, soutient Emily Charry Tissier. On a prouvé qu’on a conçu des outils qui sont accessibles et qui marchent bien. On veut donc s’imposer comme le standard éthique et technique dans notre domaine. »

 


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