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L’histoire à succès d’Adfast

François Normand|29 mai 2024

L’histoire à succès d’Adfast

Cindy Dandurand, coprésidente de la PME familiale fondée en 1978 (Photo: courtoisie)

MANUFACTURIER. Une entreprise manufacturière peut faire bondir rapidement sa productivité (la quantité d’un produit fabriqué dans une heure travaillée) grâce à de nouvelles technologies. Mais elle peut aussi y arriver à moyen terme, en s’assurant d’accroître sa productivité à toutes les étapes de ses procédés et en éliminant les pratiques inefficaces, dont celle de la production de déchets.

C’est notamment ce qu’a réussi à faire Adfast, une entreprise de Montréal qui fabrique une gamme d’adhésifs, de scellants, de mousses et de membranes isolantes, et ce, pour les secteurs manufacturier, de la construction et de l’architecture.

Depuis une vingtaine d’années, cette entreprise a automatisé et robotisé sa chaîne de production. Elle utilise aussi des machines qui se parlent entre elles et des systèmes d’’intelligence artificielle afin de maximiser l’ordonnancement de la production.

La PME est un fabricant 4.0 qui tend de plus en plus vers le 5.0, où l’humain et la protection de l’environnement sont les priorités.

Cela dit, ces dernières années, Adfast a surtout réussi à faire de nouveaux gains de productivité avec son parc de machines existantes, sans acquérir de nouvelles technologies ni prolonger les quarts de travail — le nombre d’employés a toutefois augmenté.

« Depuis cinq ans, nous avons augmenté nos volumes de production de 60 % avec les mêmes équipements », souligne Cindy Dandurand, coprésidente de la PME familiale fondée en 1978.

Sur la même période, les revenus sont passés de 50 à 80 millions de dollars (M$), soit également une hausse de 60 %.

Pour y arriver, l’entreprise a étudié chacune des étapes de sa chaîne de production afin d’éliminer toutes les formes de gaspillage. Cela va de l’utilisation de l’énergie au temps pour mélanger des intrants liquides afin de faire des scellants.

 

Des étapes trois fois moins longues

Concernant les temps de mélange, Adfast a fait des gains substantiels à cette étape.

Durant des années, la procédure était de mélanger les intrants liquides durant 60 minutes. Or, après de nombreux tests, la PME s’est rendu compte qu’elle pouvait réduire ce temps à 20 minutes sans affecter la qualité et la propriété de cette matière première.

« On a donc divisé les temps de mélange par trois et triplé la productivité en une heure de travail à cette étape », fait remarquer Cindy Dandurand.

Adfast a aussi augmenté sa productivité horaire en valorisant ce qui était auparavant des déchets. Il s’agit des résidus de scellants de toutes sortes de couleur — la PME offre 400 variétés de couleur à ses clients — qui sont générés lors de purge des tuyaux dans l’usine.

Aujourd’hui, elle fabrique des scellants multicolores qui sont installés à des endroits où on ne peut pas les voir. Par conséquent, la couleur ne compte plus, explique la coprésidente de la PME. « Actuellement, 92 % de nos déchets génèrent des revenus », dit-elle.

Selon la femme d’affaires, c’est le fait d’éliminer à gauche et à droite les inefficacités dans la chaîne de production, dont les délais inutiles, qui donnent des résultats à terme. « Ces 5 à 10 minutes économisées çà et là font toute une différence à la fin de l’année », insiste-t-elle.

Au milieu des années 2000, l’entreprise produisait six lots de scellants par jour dans une usine de scellants. Aujourd’hui, c’est 18 lots, soit trois fois plus.

Bien entendu, les machines, les équipements et les technologies acquises au fil des ans ont aidé Adfast à tripler sa production en près de 20 ans. Toutefois, l’obsession de la PME à éliminer constamment les inefficacités, jour après jour, année après année, a aussi pesé dans la balance. L’entreprise montréalaise est loin d’avoir atteint son plein potentiel de productivité, estime Cindy Dandurand.

 

Un centre de distribution intelligent

Par exemple, en décembre, elle inaugurera un nouveau centre de distribution à Montréal où il y aura plusieurs robots. Ce bâtiment lui permettra d’être encore plus efficace dans la manutention des marchandises et la préparation des commandes pour les clients.

« Les robots prépareront les commandes la nuit, et les employés pourront les expédier le matin en arrivant à l’entrepôt », explique-t-elle.

La PME opérera ce nouveau centre de distribution grâce à un système de gestion d’entrepôt (un WMS, en anglais), acquis en janvier 2023.

Ce logiciel rationalise toutes les étapes de la gestion dans un entrepôt. On parle ici de la réception, du stockage, de la préparation des commandes, de l’emballage et de l’expédition, de même que du suivi des stocks à chacune des étapes intermédiaires.

Du reste, les gains de productivité que réalise chaque année Adfast ne sont pas vraiment surprenants, car l’entreprise consacre 10 % de ses revenus à améliorer l’ingénierie de ses processus, mais aussi celle de ses usines et de ses systèmes informatiques.

En fin de compte, cet investissement annuel — qui représentera 8 M$ en 2024 — est payant, fait remarquer Cindy Dandurand.

Les gains de productivité procurent des gains substantiels à la PME : elle est plus compétitive, elle augmente ses parts de marchés, elle accroît ses revenus, elle hausse sa marge bénéficiaire, en plus de pouvoir offrir de meilleures conditions de travail à ses employés.

Par exemple, en cinq ans, les salaires des travailleurs ont augmenté de 97 %.

« En fin de compte, ce sont eux qui participent à accroître notre productivité », insiste l’entrepreneure.