La diversité parmi les aînés pousse certaines agences de voyages à miser sur le sur-mesure. (Photo: 123RF)
MARCHÉ DES AÎNÉS. Même si les voyages en autobus ont toujours la cote auprès des aînés, les baby-boomers ont aussi soif d’aventure et de nouvelles expériences. Et les agences de voyages doivent s’adapter à cette nouvelle réalité.
Alta Voyages a l’habitude de répondre aux besoins des personnes plus âgées. L’agence se spécialise dans les voyages de groupe organisés, où les têtes blanches sont légion.
«Quand vient le temps de planifier une escapade, on travaille avec leurs demandes et on adapte les activités», explique la directrice générale, Geneviève Morin. Les conseillers choisissent notamment des hôtels plus centraux, prévoient de plus longs arrêts et minimisent le nombre de marches à affronter. «Mais ça change selon les groupes», ajoute-t-elle.
Isabelle Falardeau, professeure au Département d’études en loisir, culture et tourisme de l’Université du Québec à Trois-Rivières, croit que ces variations s’expliquent par le flou entourant la définition du terme «aînés». «Ça met en lumière leur hétérogénéité. Entre 55 et 75 ans, les besoins ne sont pas les mêmes», précise-t-elle.
Celle-ci souligne par exemple que l’on retrouve des personnes très actives parmi les nouveaux retraités. «Certains font même des voyages d’affaires. Ils ont plus de revenus et ils recherchent plus de flexibilité, plus d’autonomie. L’expérience de voyage change quand arrivent les problèmes de mobilité.»
À un âge plus vénérable, les voyageurs tendent à privilégier les sorties accompagnées, que ce soit avec un guide ou avec des pairs. «Les voyages en autocar, aux Îles-de-la-Madeleine par exemple, leur permettent de faire des activités tout en réduisant leurs déplacements», illustre Marc-Olivier Gagné, directeur des développements numériques chez Voyages Gendron, une agence qui sert surtout les personnes âgées.
La personnalisation est la clé
La diversité parmi les aînés pousse certaines agences de voyages à miser sur le sur-mesure. C’est ce que fait par exemple Voyageurs du monde, qui parle même d’ultrapersonnalisation. «Construire des voyages à l’image de nos clients est le cœur de notre métier», croit la directrice pour le Canada, Aurélie Cartier.
Si l’agence planifie un voyage pour aînés, elle s’assure que les partenaires avec lesquels elle travaille sont en mesure de s’adapter à cette clientèle. «On passe au crible tous les détails: les exigences d’entrée du pays choisi, les assurances, les restaurants, l’accessibilité de la chambre d’hôtel, le confort de la voiture… jusqu’à la musique pendant le transfert», précise-t-elle.
Pour les voyageurs plus âgés, l’agence offre également un service d’assistant personnel à destination. Ce dernier porte plusieurs chapeaux, qui vont de traducteur à dénicheur de bonnes adresses. «Pour les aînés, c’est extrêmement rassurant d’avoir quelqu’un sur place», estime Aurélie Cartier.
Du temps pour planifier
De l’avis des personnes consultées par Les Affaires, les aînés ne laissent rien au hasard en matière de tourisme. «Ils prévoient leurs voyages à l’avance. Ils aiment planifier ce qu’ils feront durant l’année et peuvent venir à l’agence pour réserver quelques voyages pendant l’été», constate Marc-Olivier Gagné.
Aurélie Cartier apprécie le fait qu’ils savent définir leurs envies. «On risque ainsi moins de se tromper dans l’élaboration de leur voyage.»
Geneviève Morin, de son côté, note que cette clientèle est plus disponible que les autres. «Comme ils sont à la retraite, ils ont du temps. Ils ont moins de contraintes que les travailleurs qui n’ont que deux semaines de vacances par année.» Les 55 ans et plus ont aussi les moyens de voyager. «Avec le coût de la vie qui augmente, c’est sûr que c’est un plus», ajoute-t-elle.
Certains défis
Pour Voyages Gendron, les défis qui viennent avec cette clientèle ont surtout trait à la mobilité. Quelques voyageurs semblent aussi avoir de la difficulté à ranger leurs valises pour de bon, malgré une santé défaillante. «Certains de nos clients se sont vu refuser un voyage par leur compagnie d’assurances en raison de leur état de santé préoccupant», illustre Marc-Olivier Gagné.
La directrice générale d’Alta Voyages estime que ce groupe d’âge demande plus d’accompagnement, est plus exigeant par moments et plus craintif. «C’est pour ça que le voyage de groupe les attire. Ça leur permet de ne pas se casser la tête et ça les rassure», croit Geneviève Morin.
La technologie demeure en outre une barrière pour une partie des aînés, ce qui augmente le travail des agences de voyages. «Certains n’ont même pas d’adresse courriel!» lance Geneviève Morin, qui explique qu’il leur est donc impossible d’envoyer l’itinéraire par courriel comme c’est habituellement le cas. «Ça complique les choses, surtout si on veut qu’ils fassent un paiement en ligne.»
Même s’ils ont leurs petites habitudes, les aînés savourent leur voyage, selon Aurélie Cartier. «Ils prennent le temps de le dire, en plus d’être fidèles à une agence.»