Le Bon Panier, une plateforme transactionnelle pour les PME d’ici
Catherine Charron|Publié le 04 avril 2022Quatre développeurs québécois se sont donné la mission, au début de 2021, de créer «Le Bon Panier». (Photo: courtoisie)
Après avoir constaté les ratés du Panier bleu, quatre développeurs québécois se sont donné la mission, au début de 2021, de créer «Le Bon Panier», une plateforme transactionnelle gratuite pour l’ensemble des commerçants de la province.
«On veut que l’achat local, ça devienne une évidence», résume sa cofondatrice et développeuse web Audrey-Ann Jean-Weisz, en entrevue avec Les Affaires.
Avant de lancer en grande pompe cette plateforme qui tente plus ou moins de rivaliser avec Amazon ou Shopify, elle et ses acolytes, Renaud Guyon, Roberto Mas et Raphaël Picard testent depuis bientôt huit mois la version bêta de leur site web, mettant à l’épreuve et peaufinant leur idée sur le terrain.
«On la met à jour aux deux ou trois mois. […] L’avantage c’est qu’on n’a pas de dépendance externe. On est indépendant financièrement, on ne fait pas partie de grosses corporations qui attendent des approbations, on est juste nous. On est à l’écoute de nos vendeurs et quand ils veulent une fonctionnalité, on peut tout de suite la faire».
Sa version bêta compte déjà 400 utilisateurs actifs, qui font une cinquantaine de transactions par mois, et offre un inventaire de pas moins de 20 000 produits différents.
L’équipe du Bon Panier ne se limitera pas qu’au web pour permettre aux détaillants brique et mortier de rejoindre leur clientèle virtuelle: elle est sur le point de lancer sa propre application mobile. Déjà disponible sur Android, elle attend maintenant le sceau d’approbation de l’App Store.
«On pense que ça va changer la “game”, car on observe que le taux de conversion trois fois plus élevé sur les applications comparé à celui du web. […] On ne délaissera pas notre plateforme sur internet, mais on veut donner le choix», explique Audrey-Ann Jean-Weisz.
Le nerf de la guerre est toutefois de convaincre les Québécois de la télécharger. «Cela facilitera l’accès à la plateforme. Ça demande plus d’efforts d’aller sur le navigateur, de taper l’adresse, puis d’ouvrir son compte. L’application facilite l’accès, car tout y est enregistré. Elle réduit le nombre de frictions pour le consommateur», assure-t-elle.
Et Le Bon Panier a encore de nombreux projets dans ses cartons. Au cours des 24 prochains mois, il compte notamment faciliter la logistique, en centralisant l’entreposage afin d’acheminer en une seule livraison l’ensemble du contenu d’un panier d’achats, bien qu’ils proviennent de différents commerçants. «Pour l’instant, chaque vendeur s’occupe de la livraison. […] Mais vous n’avez qu’une seule transaction à faire».
La plateforme, bientôt disponible en anglais, continuera de bonifier l’expérience des vendeurs, en développant notamment un tableau de bord plus précis pour suivre leur performance. À moyen terme, elle souhaite aussi permettre aux produits dématérialisés, comme les services et les formations, d’être vendu sur son site.
L’offre de services étant solide, son défi est maintenant de rendre la plateforme plus visible aux yeux des consommateurs, d’autant qu’elle ne dispose pas encore d’«une grosse machine marketing pour la promouvoir». Certes, Le Bon Panier passera par la publicité sur les réseaux sociaux, mais pas uniquement.
«On veut se pencher sur la recherche organique, via les moteurs de recherche. On veut écrire des billets de blogue, créer de la valeur afin d’attirer le plus possible de gens sur notre site», explique la développeuse web.
Le Bon Panier compte aussi miser sur la création d’une infolettre, mais aussi sur l’implantation d’un programme de fidélisation et de carte-cadeau, pour séduire les internautes.
Audrey-Ann Jean-Weisz reconnaît que de jouer dans les mêmes platebandes que des géants bien établis comme Amazon et Etsy est «un projet de grande envergure», mais ne pense pas que leur modèle d’affaires soit le même.
«Les gens auront toujours l’option d’acheter chez les autres. [En passant par Le Bon Panier], ils participent à un marché virtuel accessible à toutes les PME locales, et font partie d’une communauté qui partage leur vision, d’encourager les services d’ici», résume-t-elle.