Genna Woolston et Andrew Roberts (Photo: The Notley Creative)
Ne vous laissez pas méprendre: cette bouteille qui trône au centre de la table ne contient pas un vin effervescent traditionnel. Il renferme plutôt un kombucha au goût «raffiné et subtil»qui saura remplacer sans aucune gêne votre mousseux pour arroser vos prochaines célébrations ou dîners d’affaires.
Du moins, c’est ce que tente de faire le duo derrière l’étiquette Silver Swallow, Genna Woolston et Andrew Roberts. C’est grâce au flair de ce dernier, un scientifique agroalimentaire qui s’est spécialisé dans l’agencement du thé, que la PME d’Ottawa a dégoté l’ingrédient central de leur première boisson lancée en 2019, dont la palette de saveur rappelle le sauvignon blanc: le thé Silver Swallow.
«Le kombucha était la base tout indiquée pour créer ce nectar, ayant des notes de fermentation similaires à celle du vin et une effervescence naturelle, sans être alcoolisé, nous raconte au téléphone Genna Woolston. Mais ça devait être plus que de simplement mettre du kombucha ordinaire dans une bouteille de vin.»
La PME fait rayonner ce thé blanc «rare et onéreux» qui provient de la région de Yunnan, en Chine. Ses feuilles argentées et duveteuses ne sont récoltées qu’une seule fois par année et doivent être séchées au soleil.
Comme du bon vin
Tout ce récit entourant les origines de cette boisson contribue à l’expérience de consommation qui se rapproche de celle du vin. «Il existe des sommeliers du thé, on s’intéresse au terroir, à la région, à la manière que c’est produit, tous ces facteurs que l’on retrouve aussi dans la culture du vin», souligne l’entrepreneure.
Ce souci du détail se transpose dans l’emballage du produit. Conservé dans une bouteille arrondie — ambrée pour le blanc, transparente pour le rosé —, le kombucha de Silver Swallow s’ouvre avec le même bruit distinctif que celui d’un mousseux. «On nous a dit que ce son créait un effet placebo: les gens sont excités, c’est une sensation et une expérience similaire», glisse Genna Woolston.
L’endroit où le produit est vendu contribue aussi à l’aura luxueuse qui émane de ce produit. À Montréal, il est notamment offert au Ritz-Carlton. On le retrouve sur la carte du Château Laurier d’Ottawa, ou encore sur celles de quelques-uns des 100 meilleurs restaurants canadiens. Le kombucha se vend également dans des épiceries haut de gamme, comme Whole Foods. De tels partenariats ont permis, selon la cofonda-trice, de légitimer Silver Swallow sur les tables des grandes célébrations.
Une croissance effervescente Silver Swallow se prépare maintenant à lancer dans des bouteilles de 200 ml ses deux premières boissons festives. Utile pour les restaurants et les mocktails, ce volume répond aussi à un besoin de leurs buveurs. «Certains nous ont dit qu’ils auraient souhaité un format pour les soirs de semaine ou pour les consommations uniques.»
Pour l’instant, seule une poignée de boutiques spécialisées tiennent leurs deux kombuchas d’une vingtaine de dollars chacune dans la région métropolitaine. Les Québécois de certaines régions peuvent aussi se procurer des caisses de trois bouteilles depuis leur boutique en ligne. Silver Swallow s’est toutefois entendu avec un distributeur québécois afin d’acheminer ses bouteilles dans l’ensemble de la province à temps pour la fête des Mères. C’est justement elles qui en sont les plus importantes amatrices, souligne Genna Woolston. S’attendant à ce que leurs boissons résonnent auprès des femmes, qui représentent 95 % de leurs acheteurs, c’est l’âge de leur clientèle qui l’a surprise.
«Le kombucha est un produit à la mode, et les jeunes prennent moins d’alcool que les générations précédentes. Pourtant, nos consommatrices sont plus dans la fin de leur cinquantaine et dans la soixantaine. C’est chez elles que l’habitude des grandes réceptions est peut-être plus implantée», présume Genna Woolston. C’est justement sur ces tables que manquait une solution de rechange non alcoolisée.