MAUDITE JOB! Vos interrogations. Les solutions d’Olivier Schmouker.
Q. – « Depuis qu’on télétravaille, j’ai l’impression que mes collègues ont changé, qu’ils sont plus tendus, plus agressifs. J’ai reçu des commentaires déplacés, certains m’ont blessée. Ça n’était jamais arrivé auparavant. Comment revenir à des relations plus saines ? » – Louise
R. – Chère Louise, vous n’êtes pas la seule à subir de telles choses ; les microagressions se multiplient au travail depuis que nous sommes frappés de plein fouet par la pandémie du nouveau coronavirus, de nombreux courriers qui me sont adressés en attestent. Tout y passe, des remarques âgistes aux blagues à connotation sexuelle en passant par les piques xénophobes. Et cela fuse d’autant plus facilement que nous évoluons à présent dans un univers virtuel où chacun se sent plus à l’aise de faire de « petits dérapages », à l’image du fléau que sont devenus les médias sociaux.
Pour y remédier, on peut s’inspirer de la méthode « des 4 D » concoctée par trois professeures américaines spécialisées dans la discrimination au travail : Ella Washington, Alison Hall Birch et Laura Morgan Roberts. Dans un article de la Harvard Business Review, elles préconisent en effet de :
- Discerner. Demandez-vous si la microagression mérite une réaction, ou pas. Pour le savoir, évaluez : le problème (l’attaque peut-elle créer de vrais dommages relationnels ?) ; vos sentiments (l’attaque vous blesse-t-elle durement ?) ; le poids de votre éventuel silence (les autres vont-ils vous percevoir comme faible si vous ne réagissez pas ?)
- Désarmer. Si vous décidez de réagir, asseyez-vous – même virtuellement – avec les personnes impliquées (l’agresseur, votre gestionnaire, etc.) et prévenez-les que c’est pour avoir une discussion « inconfortable ». Parlez franchement de votre ressenti par rapport à la microagression et ayez toujours en tête qu’un agresseur ne craint rien de plus que de passer aux yeux de tous pour… un agresseur.
- Défier. Lors de la discussion, exigez que l’agresseur exprime le fond de sa pensée, qu’il clarifie chacun de ses sous-entendus, car les microagressions sont souvent voilées et indirectes. Puis, mettez encore l’accent sur votre ressenti : l’agresseur aura beau répéter « Ce n’est pas ce que je voulais dire, c’est toi qui déformes mes propos », l’important, dans une agression, c’est toujours le ressenti de la victime, jamais l’intention supposée de l’agresseur.
- Décider. Quelle que soit la conclusion de la discussion, il vous appartient de décider de votre propre conclusion : allez-vous continuer de fulminer dans votre coin (et ainsi laisser gagner en partie l’agresseur) ou bien allez-vous surmonter l’épreuve pour renouer avec la joie de vivre (et ainsi couper l’herbe sous les pieds de votre agresseur) ? Ou encore, allez-vous tirer du positif à partir du négatif (par exemple, en tirant une grande fierté d’avoir eu le cran de confronter votre agresseur) ? Bref, le stress démultiplié par la pandémie n’est pas une raison pour tolérer le redoublement des microagressions. Bien au contraire, nous nous devons de veiller au grain comme jamais, et au besoin de réagir au quart de tour.
Le souffle coupé
Q. – « En réunion Zoom, je ne trouve plus mes mots, je bafouille, je perds mon souffle. Je donne une impression lamentable. Pas fort pour un gestionnaire… » – Caleb
R. – Cher Caleb, rassurez-vous, personne n’est franchement à l’aise en visioconférence. Vous pouvez récupérer votre souffle comme vos mots, je pense, à la lumière d’une anecdote que la coach Nicole Simard raconte dans le livre qu’elle a coécrit avec le coach Yvon Chouinard, Votre impact – Agir en leader : en conférence, elle a invité tous les participants à se lever, à prendre une grande respiration et à émettre avec elle une note le plus longtemps possible.
Résultat ? Ils ont tous eu le souffle court au bout de 40 secondes alors qu’elle-même a poussé la note pendant 120 secondes. Son secret : elle n’avait pas stocké son air dans les poumons – qui fait une respiration courte et saccadée -, mais dans son ventre – qui fait une respiration longue et continue.
Donc, la prochaine fois, redressez-vous devant votre écran d’ordinateur, forcez-vous à respirer doucement par le ventre, et le tour sera joué !