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Philanthropie: la pérennité des dons compromise

Camille Robillard|Publié le 05 juillet 2022

Philanthropie: la pérennité des dons compromise

L'âge moyen des donateurs et des donatrices est de 62,2 ans. (Photo: 123RF)

PHILANTHROPIE. De nouvelles générations de moins en moins impliquées et une collecte de données souvent déficiente, voici deux défis auxquels se sont confrontés les organismes philanthropiques québécois au cours des cinq dernières années, selon la plus récente version de l’étude sur l’évolution de la philanthropie au Québec.

Selon cette dernière, menée par BNP Performance philanthropique, Logilys-Prodon, Unicause et Absolu Communication, entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2021, le nombre de donateurs a augmenté de 1,2%. Toutefois, le total des dons a pour sa part diminué de 2,7%. 

Sans grande surprise, les données récoltées auprès de 75 organismes québécois montrent une baisse significative depuis 2020, soit depuis le début de la pandémie de COVID-19. 

 

Les générations Z et Y traînent la patte

L’étude révèle également que l’âge moyen des personnes donatrices est de 62,2 ans. Ainsi, les générations Z et Y sont «encore peu nombreuses» à s’impliquer monétairement auprès des organismes.

«Je tire la sonnette d’alarme en précisant qu’il est vital de s’attarder sur les nouvelles générations pour les sensibiliser et les informer sur le don afin d’anticiper le départ des matures, et par conséquent, la perte de revenus philanthropiques importants qui pourraient mettre en péril la pérennité de certaines causes, soutient Christian Bolduc, PDG de BNP Performance philanthropique et BNP Goldie Canada, par voie de communiqué. Les plus jeunes perçoivent différemment leur implication auprès des organismes, qu’elle soit monétaire et/ou bénévole, les stratégies doivent donc s’adapter pour répondre à leurs attentes et les faire adhérer à une ou des causes.»

 

Une collecte des données insuffisante

Plusieurs organismes ne maîtrisent pas encore la collecte de données auprès de leurs donateurs, compromettant ainsi leur fidélisation. En effet, selon l’étude, seulement 35% des personnes donatrices sont fidèles aux organismes.

Pour éviter que l’érosion des donateurs des cinq dernières années se poursuive, l’étude souligne qu’«il est essentiel d’avoir une communication régulière avec ses donateurs en proposant du contenu pertinent, dans l’objectif de soutenir leur engagement pour augmenter la fréquence et la valeur de leur don». Une sollicitation qui devrait être grandement facilitée par une collecte de données efficace.

 

La santé, la pauvreté et l’environnement au cœur des préoccupations

Tous les secteurs de l’industrie ne sont pas affectés au même niveau par cette baisse de dons. Les fondations d’établissement de santé, les organismes qui luttent contre la pauvreté et contre les changements climatiques ont vu leur montant total de dons croître respectivement de 42,5%, 116,7% et de 53,5%.

À l’inverse, les établissements d’enseignement, des diffuseurs culturels, les organismes qui visent à accroître l’accès à la culture et les institutions muséales, ont enregistré des baisses de 25,8%, 41,0%, 62,8% et 23,1%.