Âgé de 41 ans, celui qui est en congé sabbatique de manière permanente mise sur les FNB pour faire fructifier ses placements à très long terme. (Photo: courtoisie)
PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.
(Illustration: Camille Charbonneau)
«À l’été 2009, mon frère a partagé un livre avec moi que j’ai lu d’un trait. Quand je l’ai refermé, je me suis dit que ma vie venait de changer.»L’ingénieur industriel, spécialisé en productivité, a eu une sorte d’épiphanie: il s’est vu à la retraite jeune, très jeune. «J’ai toujours eu un certain mal-être au travail et je cherchais à m’en débarrasser.» Maintenant doté d’une méthode, il met illico son plan à exécution. «J’ai ouvert un compte de courtage la semaine suivante.» En juin 2022, 11 ans plus tard, à 41 ans, il entre dans le bureau de sa patronne pour lui annoncer son départ.
C’est un véritable 180 degrés qu’a dû opérer ce diplômé de Polytechnique Montréal qui a terminé son baccalauréat en 2005 avec des dettes d’études d’environ 20 000 $. Mais après sa lecture de Votre vie ou votre argent, de Joe Dominguez et Vicki Robin, il écrase à fond le pied sur l’épargne. «Les intérêts qui s’accumulaient avaient un effet motivateur, presque comme une drogue.»La pandémie accélère son processus d’enrichissement, car ses dépenses étaient moindres, et le fait d’entrevoir le fil d’arrivée le fouette.
Puis a eu lieu sa deuxième illumination (dixit sa conjointe) en 2018, après la lecture de Millionaire Expat, de l’auteur Andrew Hallam. «J’avais eu la prise de conscience, la méthode pour être libre financièrement, j’avais dorénavant le plan de vie:celui de parcourir le monde.»Il va transférer une partie de ses investissements vers un CELI qu’il aura tardé à ouvrir, à regret. Il y maximise ses cotisations et se tourne entièrement vers les fonds négociés en Bourse (FNB). «De 2009 à 2018, j’étais investi dans des obligations (provinciales et de sociétés). C’est le livre de Hallam qui m’a convaincu du potentiel de ces fonds à bas frais.»C’est la même année que sa conjointe et lui vont finir de payer leur maison «en 10 ans».
Habile avec les chiffriers Excel, il planifie sa future retraite et son projet de voyage:itinéraires, revenus, fonds d’urgence, coûts de la vie à l’étranger, assurances, etc. «Pendant une vingtaine d’années, nous voyagerons dans une quarantaine de pays en restant six mois en moyenne dans chacun d’eux. Et autour de 65 ans, pour vivre nos vieux jours, nous nous établirons dans le meilleur endroit que nous aurons visité.»
Dans l’oeil d’un pro
«C’est plutôt par l’entremise de cette rubrique que je suis mis en contact avec des gens du mouvement Fire (Financial Independence, Retire Early)», avoue candidement Ian Gascon, président de Placements Idema. Il salue le travail, la diversification, l’exécution du plan et la sélection de FNB par l’investisseur, «des choix pertinents de produits financiers à bas frais de gestion».
S’il n’a pas accès à tout son portefeuille, certaines choses lui sautent aux yeux, à commencer par le risque «relativement élevé»du CELI. L’exposition au marché des actions est assez importante selon lui et une correction pourrait potentiellement faire fondre son patrimoine. «Est-il à l’aise avec cela? Quelle est sa tolérance au risque ? Les dix prochaines années seront importantes», souligne-t-il. Le gestionnaire croit qu’il pourrait songer à bonifier sa portion de titres à revenu fixe en ajoutant, par exemple, des obligations à plus courte échéance.
La hausse des taux d’intérêt représente un risque important pour ce portefeuille. «Il a une exposition à l’immobilier (15%), aux obligations à long terme du trésor américain (12,5%) — très sensibles aux hausses d’intérêt — et à l’or (12,5%).»Concernant l’or, Ian Gascon émet des réserves (sans jeu de mots), sachant qu’il existe un éternel débat sur le type d’environnement qui est favorable à ce produit de base. «Ça demeure un actif assez spéculatif qui n’a pas de valeur intrinsèque. Il n’y a pas de rendement espéré attendu à l’or. Cela ne dépend que du prix que d’autres investisseurs sont prêts à payer. Ce n’est pas un actif que je mettrais dans un portefeuille de client, même si d’aucuns le considèrent comme une valeur refuge.»
Il note que dans l’ensemble, ce CELI accorde une faible place au marché canadien. «D’habitude, on donne un certain poids au pays d’origine. Mais cela peut se défendre compte tenu de son projet d’aller vivre à l’étranger.»Comme les dividendes étrangers font l’objet d’une retenue à la source non récupérable dans le CELI, il recommande à l’investisseur d’optimiser le plus possible le portefeuille sur le plan fiscal. Enfin, pour mieux diversifier le risque, il suggère de considérer la place de titres de moyenne capitalisation. Dans sa forme actuelle, les titres de petite capitalisation représentent 40% du portefeuille CELI.