Fabien Fontaine: «Le regroupement simplifie notre structure»
Denis Lalonde|Édition de la mi‑mai 2021Fabien Fontaine est président et fondateur de Préval AG, dont les activités incluent l’élevage et l’abattage de veaux, de bœufs et d’agneaux, le transport et la transformation de viandes, la production de grandes cultures et de cultures maraîchères ainsi que le traitement des grains. La société possède entre autres la marque Famille Fontaine et les entreprises Montpak et Délimax. (Photo: courtoisie)
Q&R. La société agricole Préval AG, de Saint-Hyacinthe, annonce le regroupement de ses 36 entreprises sous une bannière, ce qui permet la création d’un géant du secteur, comptant 1200 employés au Canada et aux États-Unis et un chiffre d’affaires annuel de plus de 600 millions de dollars (M$). Le président et fondateur de l’entreprise, Fabien Fontaine, discute des occasions d’affaires qui résulteront de ce regroupement.
Les Affaires — Quels sont les bénéfices du regroupement ?
Fabien Fontaine — On se disait depuis longtemps qu’il fallait regrouper nos entreprises, mais nous ne l’avions pas encore fait par manque de temps ou d’effectifs. Notre entreprise gère des activités dans l’élevage, l’alimentation, la distribution et la transformation. Nos gens avaient de la difficulté à se reconnaître dans le réseau, sans oublier que nous produisions des états financiers presque toutes les deux semaines. Le regroupement nous permet de simplifier beaucoup notre structure.
L.A. — Un regroupement précède parfois une stratégie de croissance organique ou par acquisitions. Quels sont vos objectifs de ce côté ?
F.F. — La plus grande transaction sur la table, actuellement, est américaine. Nos voisins manquent de relève, comme nous. Ils ont des marchés de créneaux, comme la viande biologique. Nous sommes à l’étape de la vérification diligente en vue d’une acquisition sur la côte est.
L.A. — Pour un deuxième été de suite, vous allez devoir composer avec les mesures sanitaires liées à la COVID-19. Pensez-vous pouvoir avoir un été normal ?
F.F. — Nous avons manqué de personnel l’an dernier et ce sera encore le cas cette année. Nos travailleurs viennent de 51 pays ! Cette année, nous avons des retards provoqués par les tests et la vaccination, sans oublier que les travailleurs saisonniers qui viennent d’Amérique centrale ou d’Amérique latine ont plus de difficulté à s’envoler pour le Canada.
Pour les semis, on est en retard. Je pourrais embaucher 50 personnes demain matin si j’avais des candidats. Préval AG compte 1200 employés réguliers, mais nous pouvons en embaucher de 300 à 400 de plus pendant la période estivale pour nous aider du côté des cultures maraîchères et de céréales. Je dirais que notre production de cet été sera à 80 % normale.
Ce qu’il faut comprendre, c’est que les travailleurs locaux qui veulent nous aider dans les champs viennent une journée et, bien souvent, on ne les revoit plus après. Les gens qui arrivent du Sud sont entraînés et surprenants. Pour eux, une journée de 10 heures en plein champ, c’est bien correct. Ils viennent ici pour gagner de l’argent et en rapporter dans leur pays.
L.A. — Outre la pénurie de main-d’œuvre, quels ont été vos principaux défis depuis le début de la pandémie ?
F.F. — Nous avons rapidement mis en place des mesures de distanciation physique dans nos usines de transformation avec fenêtres d’approche et prise de température. Tout était en place dès avril 2020.
Du côté de la viande, la consommation de veau de lait a été frappée de plein fouet par la fermeture des restaurants. En juillet 2020, nous avions 10 millions de livres de veau de lait au congélateur. Ça a diminué environ de moitié depuis ce temps, mais ça reste de la haute gastronomie, alors c’est encore difficile.
L.A. — On parle beaucoup d’intelligence artificielle depuis quelques années en agriculture, est-ce que Préval AG est rendue là ?
F.F. — Oui, on a une salle de contrôle pour notre centaine de fermes industrielles. Beaucoup d’entre elles sont contrôlées au chapitre de la température, de l’utilisation des énergies, des heures de travail, des buvées des animaux. On surveille à peu près tout avec ça. On a deux personnes à temps plein qui regardent les écrans et qui font des vérifications pour voir si l’eau chaude est à la bonne température ou si le lait est à la bonne température pour le service des animaux.
Ça fonctionne bien partout où on a Internet haute vitesse. Dans les endroits plus reculés, c’est beaucoup plus difficile avec les lignes téléphoniques, mais les fermes sont toutes cartographiées et les échantillonnages sont faits avec de la géolocalisation.
Si on avait Internet haute vitesse sur toutes nos propriétés, ça nous aiderait à gérer les mauvaises surprises, comme les problèmes d’entretien. La haute vitesse amène de la rapidité d’exécution et augmente le confort des animaux.
L.A. — Préval AG possède un budget de 2 M$ par année en recherche et développement. Sur quoi travaillez-vous ?
F.F. — Nos travaux s’intéressent au traitement des grains et à l’amélioration de la digestibilité des aliments pour augmenter le bien-être des animaux. Notre plancher d’abattage a été revu au complet pour diminuer la souffrance des bêtes et nous avons revu notre pratique de découpe de viande pour réduire l’utilisation de produits de plastiques non recyclables au maximum.