«Nous avons besoin d’aide pour la réouverture des commerces»
Denis Lalonde|Édition de la mi‑juin 2020François Vincent dirige l’équipe de la FCEI qui défend les intérêts des petites et moyennes entreprises du Québec. Il analyse les projets de loi qui auront un impact sur les entreprises. Il est administrateur de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail du Québec, de l’Institut Robert-Sauvé en santé et sécurité du travail et de la Commission des partenaires du marché du travail du Québec. (Photo: courtoisie)
Q&R. Alors que le Québec est en mode «déconfinement», la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) réclame davantage d’aide pour les PME, malgré les nombreux programmes gouvernementaux déjà offerts. Où les demandes vont-elles s’arrêter ? François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI, répond à nos questions.
Les Affaires – La FCEI a récemment affirmé qu’il faudrait des mesures d’appui additionnelles pour les PME, afin de les aider à se sortir de la crise de la COVID-19. Avec tous les programmes déjà en place, péchez-vous par excès de gourmandise ?
François Vincent – Nous demandons de l’aide pour les PME afin de faciliter la réouverture des commerces. Cette aide servirait à couvrir les frais fixes et récurrents liés à l’installation d’équipements d’hygiène et de protection. Selon un sondage que nous avons effectué récemment, 37 % des PME québécoises sont en retard dans le paiement de leurs factures, ce qui inclut le loyer, les cartes de crédit et les principaux fournisseurs.
L.A. – Ce que vous dites, c’est que les programmes gouvernementaux aident à passer à travers la crise, mais pas à la réouverture des commerces ?
F.V. – On voudrait épauler les PME soit par une subvention, soit par un crédit d’impôt qui aiderait celles qui ne peuvent pas bénéficier d’économie d’échelle comme les grandes entreprises lorsqu’elles redémarrent leurs activités. Pour rouvrir un commerce, il faut des investissements majeurs. Par exemple, pour un salon de coiffure, il faut des plexiglas à l’accueil, entre les lavabos et entre les chaises de coloration, en plus d’une station pour se laver les mains. Tous les membres du personnel doivent quant à eux porter des lunettes de protection, un masque et un sarrau, sans oublier qu’il faudra changer d’équipement entre chaque client. De plus, les salons pourront recevoir moins de clients à la fois, ce qui engendrera une pression sur les revenus.
L.A. – On parle beaucoup des services de soins personnels, mais qu’en est-il des détaillants ?
FV. – Dans le commerce de détail, comme les clients paient beaucoup plus avec leur carte de crédit, les frais que les PME doivent payer à des entreprises comme MasterCard et Visa augmentent considérablement. Certains propriétaires ont embauché un gardien de sécurité pour gérer le nombre de personnes dans leur établissement. D’autres ont offert un service de livraison gratuite ou à faible coût pour desservir une clientèle à mobilité réduite et les personnes âgées. Quand on additionne le tout, ça peut devenir lourd à soutenir. Uniquement pour le loyer, la facture moyenne canadienne des PME est de 10 000 dollars par mois. Quand on passe deux mois sans clients, ça monte vite, malgré les programmes gouvernementaux qui viennent amortir ces frais.
L.A. – Y a-t-il déjà des programmes ailleurs au Canada sur lesquels le Québec pourrait se baser ?
F.V. – À l’Île-du-Prince-Édouard, il y a un fonds d’adaptation des espaces de travail à la COVID-19. C’est quelque chose qui pourrait être établi ici. Il faut trouver une façon intéressante d’aider les commerces de proximité.