Le Bureau de l’Assemblée nationale a voté, en février dernier, pour la création du comité qui s’est penché sur la rémunération des élus. (Photo: La Presse Canadienne)
Québec — Un comité recommande d’augmenter la rémunération des élus de 30 000$ par année. Si la recommandation est appliquée, le salaire annuel des députés passerait de 101 561$ à 131 766$. En ajoutant l’allocation de dépenses, ce montant se situerait à 169 950$.
Le travail des députés au Québec s’est complexifié lors des dernières années et leurs tâches ont considérablement augmenté, justifie le comité.
Le salaire des ministres, quant à lui, passerait de 177 732$ à 230 591$.
Le premier ministre, François Legault, gagnerait, quant à lui, 270 120$. Sa rémunération est actuellement de 208 200$.
C’est le Bureau de l’Assemblée nationale (BAN) qui a voté, en février dernier, pour la création du comité qui s’est penché sur la rémunération des élus. Il est composé de l’ancienne ministre libérale Lise Thériault, de l’ancien député péquiste Martin Ouellet et d’un spécialiste des ressources humaines, Jérôme Côté.
«Moi je veux que les Québécois et les Québécoises comprennent que pour qu’on ait une saine et vivante démocratie, si on veut être attractif, si on veut avoir des gens issus de tous les milieux il faut que les conditions de travail soient attrayantes», affirme M. Ouellet.
Le rapport indique que les députés consacrent en moyenne 63 heures par semaine à leur travail et 10 heures par semaine pour leurs déplacements professionnels.
«On ne veut pas niveler par le bas»
Le comité a notamment analysé le travail et le salaire des députés dans d’autres législations comme l’Alberta, l’Ontario et la Colombie-Britannique. En ajoutant l’allocation de dépenses, on constate que le salaire des députés québécois est supérieur à celui de leurs homologues des provinces mentionnées précédemment. Le comité croit tout de même qu’un rattrapage est nécessaire.
«Les députés québécois ont des champs de compétences qu’on ne retrouve pas ailleurs», affirme Lise Thériault. On parle notamment de l’habitation et des services de garde.
«On ne veut pas niveler par le bas», ajoute Martin Ouellet.
Même avec l’augmentation, le salaire des députés québécois resterait inférieur à celui de leurs homologues fédéraux qui se chiffre à 194 600$.
Lise Thériault soutient que les députés québécois sont aujourd’hui soumis à beaucoup plus de pression en raison des réseaux sociaux et des chaînes d’information en continu. Les élus reçoivent également beaucoup plus de menaces de la part de citoyens mécontents.
Elle rappelle aussi que bon nombre de gens croient faussement qu’un élu ne travaille pas lorsqu’il ne siège pas. «Quand on s’en va dans sa circonscription, on ne s’en va pas en vacances (…) On s’en va prendre le deuxième “shift”», expose l’ancienne ministre.
Le comité indique qu’un sous-ministre peut avoir un meilleur salaire qu’un ministre.
Entre 2013 et 2022, le salaire des députés a augmenté de 15% alors que le salaire annuel moyen au Québec a, quant à lui, augmenté de 35%.
Le Comité recommande que l’indemnité annuelle des parlementaires soit majorée annuellement. On suggère également qu’un comité indépendant permanent révise périodiquement les conditions de travail des élus.
Québec solidaire s’oppose à cette augmentation salariale. Selon le parti, ce n’est pas aux élus de voter leurs propres conditions de travail.
«Par respect pour la population, il faut reprendre depuis le début de la bonne façon avec un comité indépendant et exécutoire qui aura le mandat de revoir l’ensemble de la rémunération et des conditions de travail des députés», a fait valoir le leader solidaire, Alexandre Leduc.
Le whip en chef du gouvernement, Éric Lefebvre, n’a pas voulu commenter les recommandations du rapport mercredi après-midi. «On va prendre acte du rapport et on va vous revenir», a-t-il simplement dit.