Bicycles Quilicot: changer son modèle d'affaires pour le climat

Le magasin de vélos Bicycles Quilicot veut intégrer l’économie circulaire dans ses activités. (Photo: Courtoisie / Facebook)

SE TIRER D’AFFAIRES (2/6)

Description de l’entreprise

Nom: Bicycles Quilicot

Nombre d’employés: de 125 à 150 employés, selon la saison

Année de fondation: 1915

Siège social: Mascouche

Six succursales

Résumé du défi

Le magasin de vélos Bicycles Quilicot veut intégrer l’économie circulaire dans ses activités. L’entreprise est ambitieuse, plusieurs pistes d’actions « durables » s’offrent à elle, mais elle se demande comment concrétiser ce projet, tout en bonifiant son expertise environnementale et l’implication de son personnel.

Le défi de l’entrepreneur

À l’automne 2021, Bicycles Quilicot s’est engagée sur la voie de l’économie circulaire en commandant un rapport de responsabilité sociale d’entreprise (RSE) à la firme de consultation Umalia. Plusieurs pistes prometteuses s’offraient alors à elle, telles que le recyclage du carton en interne, la récupération des composants de vélo — y compris les batteries des montures électriques — et la vente de vélos usagers.

Le printemps suivant, le choix de l’entreprise s’est porté sur le programme Second Cycle : elle rachetait tous les vélos répondant à certains critères afin de les vendre seconde main. « En tant que détaillants, nous nous sommes posé la question : “Est-ce que l’on veut seulement vendre du volume ou est-ce qu’on veut vendre des vélos à des utilisateurs ?” explique Marc-André Lebeau, président de l’entreprise. Nous en avons conclu que nous voulions vendre à des utilisateurs. Racheter des vélos inutilisés et les remettre en circulation, ça devient notre façon de faire notre part. »

Face à certains défis, tels que le manque d’espace pour stocker les vélos ou de main-d’œuvre pour les remettre à neuf, l’entreprise a toutefois fini par revoir son ambition à la baisse, en proposant plutôt un crédit pour l’achat d’un vélo neuf. « Le volet Second Cycle fait partie de notre projet, mais notre ambition est plus grande que ça. C’est juste difficile de savoir par où commencer… »

Aujourd’hui, le président de Bicycles Quilicot se demande plus globalement comment prioriser les actions qui l’amèneront à intégrer l’économie circulaire à son modèle d’affaires. « Nous voulons faire des mouvements rapides, qui ne sont pas trop dispendieux, mais qui auront un grand impact », dit-il.

Marc-André Lebeau constate que son entreprise n’a pas toute l’expertise environnementale pour concrétiser ce projet. « Au-delà de la volonté, ça prend une compréhension de ce qu’est la valorisation des ressources. Entre dire “nous allons recycler tous les matériaux de notre chaîne de valeur” et trouver le chemin pour y parvenir, il y a un monde. »

Le troisième défi souligné par le président de Bicycles Quilicot est la mobilisation des employés. Marc-André Lebeau se demande comment instaurer une culture de développement durable dans ses six succursales. « Depuis que nous avons le plan RSE, la direction de Bicycles Quilicot est résolument ancrée dans un mode de pensée durable, dit-il. Comment faire en sorte que le jeune qui travaille trois jours semaine ait la même sensibilité que la direction ? »

Résumé de la solution

La transition vers un modèle d’affaires « durable » implique de mieux comprendre sa chaîne de valeur (incluant son incidence), de trouver les bons partenaires et d’apprendre à mobiliser activement ses troupes.

La solution de l’experte

« Avoir de grandes stratégies, c’est bien, mais moi, ce que je veux, c’est que l’entreprise commence à avancer », annonce Lucie Bourgeois, présidente fondatrice d’Umalia, qui aide les PME à se familiariser avec les principes de l’économie circulaire. Cela implique de changer la manière de penser son modèle d’affaires, selon elle.

Cartographier sa chaîne de valeur

Pour connaître toutes les options qui sont sur la table, la première étape est de faire une cartographie de la chaîne de valeur. « L’exercice consiste à regarder l’impact environnemental de l’entreprise à toutes les étapes de sa chaîne de valeur, allant de l’extraction des matières premières à la vente du produit. » Le magasin de vélo a fait cet exercice lors d’un diagnostic effectué avec le Fonds FTQ, ce qui a semé les premières graines d’un engagement environnemental.

Ensuite, pour établir un ordre de priorité plus « formel » parmi les projets considérés, Lucie Bourgeois suggère de faire une « analyse de matérialité », dont la méthodologie amène l’entreprise à mieux détailler les défis qu’elle rencontrera dans sa démarche. « On consulte toutes les parties prenantes pour comprendre leurs attentes envers l’entreprise. » Bicycles Quilicot n’a pas franchi cette étape, mais elle compte le faire à moyen terme.

Mettre en place des partenariats (ou pas)

Lorsque des projets phares sont déterminés, c’est la question du « comment » qui s’impose. « En économie circulaire, une entreprise peut avoir besoin de mettre sur pied des partenariats pour s’assurer de revaloriser ses rebuts ou de leur donner une seconde vie, reconnaît la consultante. Toutefois, celle-ci doit être très claire sur ses motivations, ses craintes et ses préoccupations. Car, si elle peut faire une action par elle-même, c’est souvent plus simple. »

Bicycles Quilicot a connu les deux scénarios. En juin dernier, l’entreprise a choisi d’acheter seule un compacteur à carton dans son atelier d’assemblage à Mascouche. « On obtient des ballots de carton non souillé qu’il sera possible de revendre directement à une papetière — pour ainsi récupérer un peu d’argent », explique Marc-André Lebeau. Dans le cas des batteries au lithium contenues dans les vélos électriques, l’entreprise a dû cette fois se tourner vers des sous-traitants qui acceptent de les reprendre.

Sensibiliser le personnel

De toute évidence, intégrer l’économie circulaire à son modèle d’affaires est un projet de longue haleine. Comment mobiliser ses troupes, dans un tel contexte ? Pour Lucie Bourgeois, non seulement il faut nourrir cet engagement avec des « victoires rapides », mais il faut aussi prendre le temps de sensibiliser et de consulter ses employés, dit-elle. « Si l’employé se sent écouté, il sera plus engagé. » Enfin, la consultante suggère aux PME de se doter d’indicateurs durables pour que les employés puissent voir la progression de l’entreprise dans ce dossier.

« Le développement durable, on ne peut pas toujours dépendre d’un consultant pour le faire, dit-elle. Plus l’entreprise s’approprie la méthodologie, plus elle en comprend les principes derrière, plus elle est capable de l’intégrer dans sa façon de voir les choses. La clé du succès, c’est d’en faire une philosophie de gestion.»