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SIGNAUX FORTS. L’année 2021 tirant à sa fin, il semble approprié de tourner nos pensées vers 2022. De façon générale, il y a tout lieu d’être assez optimiste du point de vue économique pour l’an prochain, car la demande vigoureuse des consommateurs, sur laquelle s’est appuyée la reprise économique depuis la mi-2020, restera un soutien de taille.
L’amélioration de la situation financière des ménages, la forte demande pour les travailleurs et les signes d’accélération des salaires sont tous des facteurs positifs pour la consommation. Bien que la reprise de l’activité soit déjà bien avancée, nous anticipons ainsi une croissance économique relativement vigoureuse en 2022 tant à l’échelle mondiale que nationale ou provinciale. Toutefois, une modération après la croissance spectaculaire enregistrée en 2021 est inévitable, et même souhaitable.
Si les perspectives économiques sont favorables pour l’an prochain, il faudra surveiller certains éléments qui pourraient grandement influer sur la conjoncture à moyen terme. En premier lieu, on ne peut ignorer la pandémie de COVID-19. La remontée récente des cas et l’émergence du variant Omicron sont venues rappeler que la crise sanitaire n’était pas terminée. Le risque d’une nouvelle chute majeure de l’activité découlant du retour d’importantes mesures de confinement semble limité, mais le maintien d’une situation sanitaire trop difficile pourrait bien retarder la reprise des voyages internationaux et la réouverture complète des industries des services. Cela inciterait les ménages à continuer de consommer plus de biens qu’à l’ordinaire, ce qui risquerait d’exercer encore des pressions à la hausse sur les prix, surtout si la situation sanitaire continuait aussi de nuire aux échanges internationaux.
Les entreprises doivent prendre le relais
Nous surveillerons aussi la réponse de l’offre quant à la demande robuste et à l’augmentation des prix. La consommation des ménages et l’investissement résidentiel ont été d’importants moteurs de croissance depuis l’éclatement de la pandémie. Il serait maintenant souhaitable que les entreprises prennent le relais. Les conditions semblent en place pour une accélération des investissements, ce qui augmenterait les capacités de production de l’économie et aiderait celle-ci à poursuivre sa croissance sans augmenter davantage les pressions inflationnistes. Une enquête récente de la Banque du Canada révélait ainsi que plus de la moitié des entreprises sondées prévoyaient que leurs dépenses en investissement des prochaines années seraient plus élevées qu’avant la pandémie. Les pénuries de maind’oeuvre, voire de certains matériaux, pourraient toutefois continuer de retarder des projets d’expansion.
Il faudra également surveiller les effets qu’auront les hausses de taux d’intérêt sur l’écono-mie canadienne. Étant donné le niveau élevé d’endettement des ménages, le resserrement monétaire que la Banque du Canada devrait amorcer en première moitié de 2022 pourrait avoir un effet restrictif plus important que par le passé. Une remontée graduelle des taux directeurs nous semble ainsi une approche à privilégier, même si d’autres facteurs, dont l’épargne accumulée et une accélération de la croissance des salaires, pourraient augmenter la résilience des ménages. Cette question des salaires retiendra aussi beaucoup l’attention puisqu’une accélération trop forte augmenterait grandement les risques d’une poussée plus durable de l’inflation.
Au-delà du rythme de croissance économique de 2022, il faudra donc surtout surveiller si un certain rééquilibrage permettra de calmer durablement les pressions inflationnistes apparues en 2021, ce qui ouvrirait la porte à une longue période d’expansion.