SIGNAUX FORTS. La COVID-19 est une crise sanitaire presque sans précédent par sa gravité ainsi que par la vitesse et l’ampleur de sa propagation. Ses effets économiques s’annoncent aussi spectaculaires et une récession mondiale paraît maintenant inévitable. Les premières données disponibles font déjà état, par exemple, de pertes d’emplois massives aux États-Unis, au Canada et au Québec dès le mois de mars et celles du mois d’avril seront certainement aussi très importantes.
À court terme, les contractions de l’emploi et de l’activité économique pourraient bien dépasser tout ce qui a été observé lors des dernières récessions. Il faut toutefois être prudent quand on tente de comparer la crise actuelle aux autres chocs économiques. Ainsi, contrairement à la plupart des récessions, les difficultés économiques actuelles ne résultent pas d’excès financiers ou de déséquilibres économiques profonds. La pandémie de COVID-19 représente un choc externe, presque imprévisible, qui est venu frapper une économie mondiale dont les perspectives paraissaient assez favorables en début d’année.
De plus, il est important de noter que ce ne sont pas les effets directs du virus, quoique dramatiques en ce qui a trait aux vies humaines, qui affectent le plus l’économie actuellement, mais bien les efforts pour lutter contre sa propagation. En effet, c’est principalement l’imposition de mesures d’isolement et la fermeture temporaire de grands pans de l’économie qui entraînent des mises à pied massives et des contractions de l’activité économique. En temps normal, les gouvernements luttent contre les ralentissements économiques. Dans le cas actuel, ils ont plutôt décidé, pour d’excellentes raisons, de sacrifier l’activité économique à court terme pour tenter de contenir le virus, sauver des vies et éviter une plus longue crise.
La bonne nouvelle est que le retrait des mesures de confinement pourrait se traduire par un rebond presque aussi rapide de l’activité et des embauches lorsque la pandémie sera vaincue et que les gens reprendront leurs activités normales. Un obstacle à un tel scénario serait une forte détérioration de la situation financière des ménages et des entreprises. Cela risquerait de créer un cercle vicieux qui prolongerait les difficultés économiques. C’est dans ce contexte que les autorités gouvernementales nord-américaines ont multiplié les mesures au cours des dernières semaines pour soutenir les victimes économiques de la crise. La Réserve fédérale des États-Unis et la Banque du Canada ont aussi agi de façon décisive pour assurer l’accès à la liquidité et au crédit, réduisant ainsi les risques d’une véritable crise financière.
Au-delà des statistiques économiques spectaculaires qui continueront d’être publiées, nous assistons, pour le moment, à une pause de l’économie imposée par les gouvernements, et non à un effondrement incontrôlé comme, par exemple, aux États-Unis en 2008. La grande question est de savoir si cette pause sera de courte durée, permettant rapidement de prendre le dessus sur la COVID-19. Il faudra aussi voir si les autorités réussiront à limiter les effets collatéraux de cette crise et, ainsi, à mettre en place les conditions pour une relance réussie de l’économie après la pause.