Le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia (Photo: La Presse Canadienne)
Construction de nouvelles centrales électriques, rénovations de celles existantes, nouveaux parcs éoliens et mise à niveau de son réseau de distribution. Hydro-Québec s’apprête à investir entre 155 et 185 milliards de dollars d’ici 2035, de 12 à 16 G$ par année, et doubler sa capacité de production.
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Dans son plan d’action 2035 Vers un Québec décarboné et prospère, présenté jeudi matin au cours d’une longue conférence de presse, la société d’État dit qu’elle souhaite ajouter de 8000 à 9000 mégawatts (MW), l’équivalent des centrales LG-2 (Baie James), Manic-5 et du complexe de La Romaine réunis.
Une proportion de 75% de cette nouvelle électricité servira à «décarboner l’environnement» dont 40% iront à l’électrification des transports et 35% pour la décarbonation des industries. Les 25% restants seront consacrés à la croissance économique du Québec.
«Dans les années à venir, l’offre d’énergie propre va déterminer qui sont les leaders mondiaux. […] Le Québec est bien positionné face à un tel enjeu. […] Il faut capitaliser maintenant. Il est impossible de surestimer l’importance d’agir maintenant pour l’avenir du Québec. La décarbonation est fondamentale pour l’environnement, mais c’est aussi fondamental pour bâtir une économie prospère dans l’avenir. À l’échelle mondiale, la disponibilité d’électricité propre devient de plus en plus le déterminant de la compétitivité d’une économie à l’échelle mondiale. […] Le développement de ces ressources, au Québec, c’est la clé. Les besoins sont tellement importants pour sécuriser l’avenir du Québec», a commenté Michael Sabia, PDG d’Hydro-Québec.
De cette nouvelle capacité espérée, 4200 MW viendront de l’hydroélectricité, dont environ 2000 MW du réseau actuel avec le rehaussement de la puissance des centrales existantes.
Les milliers de mégawatts restants proviendront, entre autres, de «nouvelles installations hydroélectriques». Michael Sabia, n’a pas voulu spécifier quand et où ces nouvelles centrales pourraient être construites. Cependant, il est déjà de notoriété publique qu’Hydro a commencé des études préliminaires sur la rivière du Petit Mécatina, sur la Côte-Nord. D’ailleurs, Michael Sabia a confirmé qu’à cet effet, qu’il se rendrait visiter la communauté innue Unamen Shipu au mois de novembre.
Au mois de septembre dernier, les membres de la communauté dénonçaient le manque de collaboration d’Hydro-Québec en lien avec ce projet tout en se positionnant contre celui-ci, rapportait le journaliste Ismaël Houssadine, de Radio-Canada.
Michael Sabia a insisté à plusieurs reprises qu’Hydro entendait collaborer plus étroitement avec les communautés autochtones dans son plan d’action 2035. «Nous allons mettre l’accent sur la réconciliation. L’idée de compenser une communauté n’est plus adéquate. Il faut passer de la compensation à des partenariats», a-t-il commenté.
Par ailleurs, aucune communauté n’était présente pour le point de presse. Ce à quoi Michael Sabia a répondu «qu’il s’agissait du début d’un processus et du lancement de quelques idées de notre part.»
À terme, ces investissements, auxquels s’ajoutera la construction de 5000km de lignes de transport, s’élèveront à 45 G$.
Du vent, du soleil et beaucoup, beaucoup de bras
En plus de l’hydroélectricité, la société d’État a annoncé qu’elle souhaitait tripler la production éolienne afin «de combler des besoins de puissance de 1500 à 1700 mégawatts».
Si Hydro va de l’avant, ces nouvelles éoliennes couvriront un territoire équivalent à 15 fois la superficie de l’île de Montréal.
L’énergie solaire, le stockage et d’autres moyens viendront s’ajouter à ce bouquet de nouvelles sources d’énergie pour combler les besoins énergétiques sans cesse grandissants de la province.
Coût total de la facture pour doubler la production d’électricité : entre 90 et 115 milliards de dollars. Un autre montant d’environ 80 milliards sera investi pour améliorer les infrastructures existantes et les services à la clientèle. (Voir autre texte)
Mais pour réaliser tout ça, Hydro aura besoin de beaucoup, beaucoup de travailleuses et travailleurs de la construction. 15 000 en 2025, 42 000 en 2031 et 55 000 en 2033. Pour une moyenne de 35 000 travailleuses et travailleurs par année. À une période où ces dernières et derniers ne courent pas les rues.
Michael Sabia n’a pas caché son inquiétude sur la question, tout en soulignant l’annonce du gouvernement Legault plus tôt cette semaine de la création de formations rapides qui, espère le premier ministre, attireront de 4000 à 5000 nouveaux élèves. Et qui à terme, s’ajouteront sur les chantiers.
Un tiers de toutes les sommes nécessaires à la réalisation des projets de la société seront puisés à même ses capitaux propres. Le reste, affirme Michael Sabia, proviendra des marchés publics. «Nous avons plusieurs options», a-t-il dit à cet effet.